Jamais dans l'histoire de la Belgique un parti indépendantiste n'avait enregistré un score aussi imposant que celui obtenu par la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) lors des législatives de dimanche. Quand on sait combien le paysage politique du royaume est atomisé, c'est à se demander si la séparation n'est pas inévitable, les formations souverainistes ayant récolté 45 % des suffrages.
Depuis qu'il est le chef de la N-VA, Bart De Wever n'a cessé d'affirmer que son objectif était «la disparition lente mais sûre de la Belgique». Au soir de sa victoire, il a calmé le jeu en stipulant que le divorce n'est pas pour demain sans le gommer pour autant de son agenda. On l'aura compris, l'ambition de la N-VA reste la naissance d'un nouvel État européen. En attendant, elle joue un contre-la-montre, elle finasse. Exemple entre tous, elle envisage des discussions avec le Parti socialiste qui a fini largement en tête chez les francophones.
De Wever accepterait que le chef du PS, Elio Di Rupo, occupe le poste de premier ministre. Il conviendrait de négocier la confection d'une sixième coalition gouvernementale en quatre ans à condition que son interlocuteur se range à l'idée de mener une réforme des institutions. Une réforme logeant à l'enseigne exclusive d'une dévolution de pouvoirs aux régions. De Wever veut récupérer des pouvoirs judiciaires, en santé et en sécurité sociale.
Il veut une addition de pouvoirs alors que son éventuel partenaire a fait campagne pour exactement le contraire. En effet, Di Rupo estime que la solution à l'instabilité politique qui a cours depuis plusieurs années passe par un renforcement du fédéralisme. Par une soustraction des sphères d'activité actuellement sous la coupe des régions. Cela rappelé, en Belgique tout le monde parie qu'il faudra des mois avant qu'une coalition voie le jour, les deux formations ayant une vision diamétralement opposée sur le sujet qui fâche entre tous: le statut de Bruxelles. Le statut «compliqué-complexe» d'une ville deux fois capitale: de la Belgique et de l'Europe.
Jusqu'à présent, la région Bruxelles-Hal-Vilvoorde (ou BHV) a été le seul district bilingue du pays. Il faut savoir qu'il se compose d'une capitale très majoritairement francophone à laquelle on a greffé 35 municipalités majoritairement flamandes. Il faut savoir également que BHV est le seul territoire où il n'y a pas de limitation aux votes. En clair, le francophone qui habite un bourg flamand peut voter pour un candidat francophone à Bruxelles. Inversement, en Wallonie les «francos» votent seulement pour les formations des environs, en Flandre pour les partis flamands. Bref, le système belge est byzantin.
Toujours est-il que De Wever jugeant cette bizarrerie comme un paravent à la francisation rampante, il veut l'abolir. Au contraire de Di Rupo, qui non seulement tient à préserver ce mécanisme, mais veut également l'élargir. En militant du fédéralisme, le leader socialiste voudrait agrandir la région BHV en lui greffant, plus précisément, des municipalités wallonnes. On s'en doute, cette perspective effraie au plus haut point les militants de la N-VA, mais aussi ceux des autres clans de la famille, dont ceux du parti d'extrême droite Vlaams Belang qui a obtenu 13 % des suffrages.
Cela étant, le 1er juillet prochain, ce sera au tour de la Belgique de présider... l'Union européenne! On répète, un pays traversé par la fièvre nationaliste sera metteur en scène des politiques de l'UE pendant six mois. Pauvre Europe!
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