Devant la gravité de la situation, nous ne serons JAMAIS Indépendant.

Tribune libre

L'Indépendance ne se fera jamais avec un seul parti. Jamais.
Personne ici ne veut un Pays totalitaire à parti unique.
Nous voulons un Pays démocratique, un Pays où plusieurs partis politiques existent.
Un Pays se fait en rassemblant les citoyens pour qu'une majorité d'entre eux proclament leur Pays.
Jadis, il y a plusieurs années, le PQ était l'unique parti faisant la promotion de l'Indépendance. Aujourd'hui ce n'est plus le cas.
Il y a eu la scission Allaire au parti libéral (il y avait déjà eu la scission Lévesque !) À ce moment quelques libéraux avaient enfin découvert les bienfaits et surtout la nécessité de devenir «Maîtres chez nous».
Aujourd'hui plusieurs partis se disent «Indépendantistes». Il y a même un parti qui a réquisitionné le mot «Indépendantiste» pour illustrer son objectif premier. (Un peu comme l'avait fait le parti «Québécois» en réquisitionnant le mot «Québécois».
Cependant, les mots illustrant les partis ne sont une garantie de rien. Nous ne sommes pas moins Québécois si nous avons des allégeances autres que pour le Parti Québécois et nous ne sommes pas moins Indépendantistes si nous ne sommes pas membres du parti portant le nom.
Actuellement, le paysage politique Québécois est occupé par plusieurs partis, plusieurs mouvements, et surtout, surtout (oui deux fois surtout) plusieurs «CITOYENS» qui luttent pour le Pays.
Il est, selon moi, totalement illusoire de s'imaginer qu'un parti politique peut faire l'Indépendance. JAMAIS un seul parti ne fera l'Indépendance. Et de toute façon, il est clair que ce sont les «CITOYENS» qui feront l'Indépendance.
Ces luttes puériles et partisanes pour savoir qui doit avoir la couverture indépendantiste sur son bord deviennent d'une ridicule improductivité plus que notable.
Où donc allons-nous avec ces tirages de couvertes ? Nulle part, absolument nulle part.
Plusieurs pleurent encore pour retourner à Ottawa, comme si notre salut était à Ottawa ! (Quel paradoxe pour un "Indépendantiste" ces luttes pour siéger chez le voisin! Celui qui nous mène! Celui qui fait la loi chez nous ! Quel paradoxe de dire que nous voulons devenir Indépendant et que nous voulons siéger à Ottawa ! )
Il serait temps que les partis politiques cessent de s'accaparer «l'Indépendance» qu'ils ne feront jamais seuls et commencent à parler uniquement de leur programme et de leur choix sociaux. Le Pays appartient aux citoyens et non à un parti.
Il serait temps que les partis politiques laissent le débat du Pays aux citoyens, aux regroupements de citoyens et que ceux-ci, les partis, s'ils sont «vraiment» Indépendantistes, mettent toute leur «coopération» à épauler le plus énergiquement possible TOUS les mouvements qui luttent pour qu'on devienne enfin «Maîtres chez nous».
Les partis et les partisans doivent cesser de se dire chacun de leur côté, qu'ils sont «LA» solution et que «eux seuls» peuvent faire l'Indépendance. JAMAIS ces gens ne la feront et JAMAIS nous ne serons un Pays.
Seule la mise de côté des partisaneries, des allégeances politiques (gauche, gogauche, droite et "lucides" (sic)) peuvent faire en sorte que notre volonté collective portera fruit.
Il faut plutôt faire ressortir ce qui nous irrite et ce que nous voulons collectivement, peu importe notre parti, peu importe notre tendance.
Par exemple:
- La langue !
Qui donc au Québec est intéressé à perdre sa langue ?
Tous sauf les Péquistes ?
Voyons, une majorité de citoyens veut conserver et promouvoir sa langue, la culture qu'elle véhicule, la fierté qu'elle illustre, la différence qui nous caractérise.
- Le refus de l'ingérence religieuse dans les affaires de l'État.
Qui donc au Québec désire que l'église, les curés, les imans, les rabbins s'occupent des affaires de l'État ?
Tous sauf les Péquistes ?
- Qui donc au Québec veut un retour des tavernes, la séparation des sexes, l'abandon de la mixité des piscines, des lieux publics, des traitements ?
Qui donc au Québec désire l'abandon de l'égalité des sexes ?
- Qui donc au Québec désire un retour de la criminalisation de l'avortement ?
- Qui donc au Québec désire que nos jeunes aillent faire la guerre dans des Pays qui ne nous menacent d'aucune façon ?
- Qui donc au Québec désire que nous contribuions aux gaz à effet de serre en ayant des politiques ridicules qui fait passer les profits de quelques-uns avant la qualité de vie de l'ensemble des Humains ?
- Qui donc au Québec ne désire pas que nous soyons représentés à l'ONU comme le Sud-Soudan qui fait son entrée avec éclat et réjouissance ?
- Qui donc au Québec ne serait pas fier de voir son drapeau flotter parmi les drapeaux du monde en tant que drapeau d'un Pays reconnu par le monde entier ?
Ici, ce ne sont que quelques points listés très rapidement.
Ces points sont des enjeux qui sont remis en cause parce que nous ne sommes pas les «Maîtres chez nous».
À tout moment, le gouvernement canadien qui s'est toujours foutu et se fout de plus en plus de nos valeurs et de nos intérêts peut nous imposer des lois allant contre ces valeurs collectives auxquelles nous tenons fermement.
Par cette liste rapidement élaborée en prenant des points à la volée qui me sont venus en tête en l'espace de quelques secondes, je crois que l'on constate que bien des choses peuvent nous unir. Il s'agit de poursuivre cette liste.
Si chacun, au lieu de tirer la couverte de son côté, mettait son énergie à continuer et à promouvoir cette liste de choses qui nous unit et qui peuvent se corriger ou se consolider ou se réaliser en étant les «Maîtres de notre Pays», nous parviendrions à faire voir à la majorité de nos citoyens non seulement les bienfaits, mais la nécessité et même l'urgence dans certains cas, de devenir les «Maîtres de notre destin».
Faire la promotion de l'Indépendance, ce n'est vraiment pas faire la promotion d'un parti politique. Vraiment, vraiment pas.
Pour faire la promotion du Pays, il s'agit de démontrer ce que nous voulons tous.
En démontrant les points que nous voulons tous, nous faisons la démonstration que nous désirons le Pays.
Il s'agit de démontrer que nous voulons tous un Pays.
Nous ne voulons pas un parti, nous voulons un PAYS « reconnu ».
Nous avons déjà un Pays, mais celui-ci n'est pas encore «reconnu» officiellement.
Nous avons un gouvernement, un parlement. Nous avons un Pays. Nous y vivons depuis notre naissance et nos parents et nos ancêtres y ont vécu et ont lutté pour lui. Le Pays existe, il est sous nos pieds comme dirait «notre» grand Gilles.
Nous avons des richesses, nous avons des forêts immenses, des réserves minières immenses, des ressources hydrauliques immenses, des paysages à couper le souffle, une culture incroyable. Nous avons des grands «Gilles» allant des poètes jusqu'aux plus brillants politiciens. Nous avons des Hommes et des Femmes de cœur. Nous avons une tête sur nos épaules (quoique parfois, c'est comme si nous ne nous en servions pas suffisamment…)
Nous avons tout pour être nous.
Nous manquons peut-être un peu de fierté.
Nous manquons peut-être un peu de courage.
Nous manquons peut-être beaucoup de cohésion et surtout, surtout (oui deux fois surtout) d'union.
Il faut trouver le moyen de nous unir et cesser ces divisions, cesser ces tirages de couvertes.
Le temps du «mon parti est meilleur que le tien pour faire l'Indépendance» est révolu. Il est grand temps de passer à autre chose si nous voulons vraiment devenir «Maîtres chez nous» !
Mais… le voulons-nous vraiment ?
Parfois, lorsque je vois ces ridicules tirages de couverte, je me le demande; le voulons-nous ? Oui, vraiment, je me le demande.
Salutations Indépendantistes.
Serge Charbonneau
Québec


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    16 juillet 2011

    M. L’ Éteignoir...
    Je suis souvent en désaccord avec vous. En même temps, je reconnais que mon désaccord avec vous n’est jamais si grand que cela m’inciterait à moins vous lire. J’aime vous lire, au contraire.
    Comme plusieurs sur Vigile, j’en suis, vous souhaitez que les indépendantistes convergent et se réunissent dans une grande force qui ferait le pays. Et la liste de ce qui pourrait donner vie à un programme de pays est longue et généreuse. Vous souhaitez que chaque parti, chaque organisation, chaque citoyen soit capable en même temps de s’oublier, pour mieux converger et apporter à la liste. Tabler sur ce qui unit, plutôt que d’insister sur ce qui divise.
    D’où votre insistance sur le rôle et la responsabilité des citoyens, des organisations, des partis.
    Mais, selon la célèbre formule, « que faire? », si les citoyens, dans leurs organisations et dans leurs partis, sont atomisés au point de ne plus vouloir tabler sur ce qui les rassemble, si la solidarité elle-même s’affadit, et se mue en simple obéissance ? Car c’est bien de cela dont il s’agit, n’est-ce-pas, de solidarité contrée depuis longtemps ?
    Si ce que je viens de vous répondre sur Vigile, merveilleux Vigile, si cela a quelque sens ,mon désaccord avec vous proviendrait de ce que vous sous-estimez, ou que je surestime, la responsabilité et la puissance du gouvernement à l’égard de la solidarité nationale. Une telle solidarité existe, ou devrait exister, puisque ce n’est pas le territoire québécois qui est annexé au Canada, ce territoire est tout ce qu’il y a de plus canadien, mais c’est tout un peuple à la solidarité brisée qui est annexé, dans son gouvernement même, à une institution fédérale supra nationale. Ce n’est pas vous ni moi qui sommes « minorisés ». Mais c’est bien Nous qui le sommes !
    Peu importe le parti qui le fera, il est de toute urgence que Nous Nous débarrassions D’ABORD de l’actuel gouvernement qui sert de relais à l’institution fédérale, de ce gouvernement Charest totalement indifférent, sinon hostile, à ajouter quoi que ce soit à votre liste ou à la mienne, et qui, au contraire, s’active chaque jour à saper toute solidarité nationale.
    C’est parce qu’il y a « urgence » que le P.Q. me semble le véhicule le plus approprié, mais vrai aussi que l’histoire de ce parti n’indique pas qu’au gouvernement, toute solidarité sociale étant contenue, ce parti n’ait fouetté bien fort sur la solidarité nationale. C’est lui, pourtant, qui pourrait initier de grandes choses s’il était au Pouvoir, ce n’est pas son programme qui l’interdirait quoi qu’en pense Pierre Cloutier, attendu que les partis au gouvernement ne se préoccupent pas beaucoup du saint programme, mais gèrent à la petite semaine.
    Pourquoi pas à la Grande Semaine alors ? Nous serions bien plus d’accord qu’il n’y paraîtrait ?



  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 juillet 2011

    Sans parapluie de parti, sans parapluie de famille politique, sans passeport pour parler, je peux témoigner dans votre sens. Diffuser les raisons qui nous unissent concerne surtout les plus jeunes, qu’on a forcés à l’individualisme.
    Quelques-uns ici, l’hiver dernier, ont commenté un colloque des jeunes Intellectuels Pour la Souveraineté (IPSO) porteur du réseau Cap sur l’Indépendance, qui ont pris la parole dans cette cohue de l'indépendance:
    http://www.vigile.net/Les-jeunes-Quebecois-et-l,34894
    La connaissance de l’Histoire leur manque. Ils vivent l’absence parmi les Québécois, du concept de liberté. Ils déplorent un déficit d’identité. Ils souhaitent s’impliquer dans un projet d’assemblée constituante. Ils rejoignent surtout, parmi les préoccupations des aînés, l’avenir du milieu ambiant. Le sentiment de perte rejoint ici le plus grand nombre : la qualité de vie par l’utilisation modernisée des richesses naturelles, les énergies renouvelables.
    Au sommet de cet aréopage se dessine l’idée de « Québec première république verte mondiale ». Puisque le Québec est pénalisé dans le Canada pour sa lutte contre les Gaz à Effet de Serre, notre autonomie complète s’impose (l’Ouest nous dit BS du pétrole mais nous payons pour extraire le toxique sable bitumineux). Pourquoi serait-il si difficile de convaincre les Québécois pour un projet aussi emballant?

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2011

    Monsieur Charbonneau,
    un très fort texte qui donne à réfléchir.
    Comme vous je crois que toutes ces volontés qui nous unissent et dont vous nous citez quelques-unes sont le matériau nécessaire à la réalisation du pays que nous sommes.
    Cependant les deux bémols que vous notez en fin de texte quant à notre manque de fierté et de courage, m'amène à croire en l'obligation qu'un porte-voix, un héraut quoi, nous soit obligé pour que notre cohésion et l'union devant en découler apparaissent enfin.
    Et justement, ce catalysateur s'il n'est un parti, devra bien se "matérialiser" afin de devenir.
    Qui, tribun franc, sensible, près des gens sans être démagogique, avec un brin de charisme, honnête et sans attache ni agenda cachés, tout entier dédié à ce qu'ensemble nous arrivions là où il faut que nous soyons, si nous le voulons, fera qu'ensemble nous y parviendrons?
    Bravo au Sud-Soudan qui après 50 ans de révolte et 2 millions de morts a réussi démocratiquement son entrée au sein des nations. Mais force nous est faite d'admettre qu'ici, la situation est davantage grise que nettement marquée.
    Ce qui me ramène à ma question.
    Comme les paramètres politiques de notre société font en sorte que chaque parti doit se définir en fonction d'un échiquier dejà en place s'il veut recevoir des votes, et que des intervenants majeurs oeuvrent à plein temps afin de canaliser sinon manipuler nos vélléités de nous assumer complètement, la tâche, même essentielle, n'en sera que plus ardue et aura besoin d'un Titan, seul ou non, prêt à se donner tout entier à cette oeuvre magistrale et vitale pour nous.