Discussion: intégration, assimilation, multiculturalisme...

Tribune libre

Mon dernier texte(1) a généré de bons et de mauvais commentaires. Il y a un commentaire qui m'a fait sourciller, et j'ai décidé de prendre le blâme: mon texte était trop long, trop de comparaisons, trop de sarcasme, donc peut-être trop difficile à comprendre pour certains. Par conséquent je vais le vulgariser.
Je crois, comme plusieurs, que les arguments pour la souveraineté du Québec ne se rendent pas chez une majorité d'électeurs. Si le message passait, Jean Charest n'aurait pas gardé le pouvoir en décembre 2008.
Il me semble que le sujet de l'immigration ait été discuté dans un passé récent au Québec. Peu importe que l'on soit souverainiste ou fédéraliste au Québec, on comprend que l'immigration n'est pas facultative, à moins que les jeunes décident de faire revivre un «néo-babyboom.» La question de l'assimilation, de l'intégration et du multiculturalisme a été discuté abondamment lors du débat sur les accommodements raisonnables.
D'un côté, je crois qu'il est entièrement compréhensible d'avoir peur de l'immigration, parce que plus le temps passe, plus chances qu'un prochain référendum puisse mener le Québec à la souveraineté s'amenuisent. Je crois que, dans l'état actuel des choses, le Québec n'est pas en mesure d'intégrer de façon optimale ses immigrants. Nous l'avons vu avec la Commission sur les accommodements raisonnables. La société est déchirée entre assimilation, intégration et multiculturalisme. Dans Wikipédia, on dit que
« L'assimilation culturelle est une forme extrême d'acculturation, au cours de laquelle un individu ou un groupe abandonne totalement sa culture d'origine pour adopter les valeurs d'un nouveau groupe. »(2)
Concernant l'intégration culturelle, toujours dans Wikipédia, on lit que
« les individus participent à la vie commune comme, parlent la langue nationale... s'ils ne conservent pas des traditions propres et si la société nationale n'intègre pas elle-même des éléments culturels des immigrés, cette intégration culturelle s'approche de la notion d'assimilation. » (3)
Toujours dans mon article précédent(1), j'ai tenté, en comparant la situation de l'immigration en Suède, état-nation, avec l'immigration au Québec, province-nation dans un état (le Canada) qui fait la promotion du multiculturalisme, de démontrer que le Québec n'est pas en mesure d'intégrer ses immigrants, pour la simple et unique raison qu'il est impossible de les obliger à apprendre le français, loi 101 ou non.
(Prenez note que j'ai pris comme exemple la Suède, car c'est là que j'ai moi-même l'expérience de l'immigrant. Dans les faits, la Suède est très similaire au Québec, mais le Québec n'est pas un pays. En ce sens, je suis en mesure de constater à quel point le Québec passe à côté de sa destinée, et c'est ce qui me déchire le cœur.)
Ainsi, nous avons constaté lors de la Commission sur les accommodements raisonnable que la population semblait d'accord avec l'idée d'intégrer les immigrants plutôt que d'adopter le modèle basé sur le reste du Canada. L'intégration pour moi, c'est justement avoir la qualité d'être «recevant» et «accueillant», deux belles qualités dont je sais que nous, Québécois, avons à revendre. Dû la situation particulière du Québec dans le Canada, il y a une peur absolument compréhensible face à l'immigration.
J'ai l'impression que nous sommes victimes de cette situation particulière, car chaque fois qu'un souverainiste parle de l'immigration et qu'il s'aventure un peu trop loin, le lendemain Gesca et The Gazette traitent les souverainistes de racistes de de xénophobes. En fait, les fédéralistes utilisent notre peur, justifiée, comme arme contre nous. C'est aussi cette peur qui a fait ressorti un désir d'assimiler les immigrants. Malheureusement, l'assimilation radicale n'est pas une bonne chose, ni pour l'immigrant ni pour la société d'accueil. De plus, le Québec, s'il tente d'assimiler, je crois que les immigrants vont opter pour s'intégrer à la communauté anglophone ou encore finir par quitter le Québec.
Ceci dit, puisque le Québec a besoin de l'immigration et aussi, puisque qu'une majorité de Québécoises et de Québécoises veulent perpétuer leur culture et leur langue, je crois qu'il serait important que nos politiciens et penseurs s'organisent pour bien expliquer cela à la population. Bien sûr, beaucoup de fédéralistes qui liront mon analyse vont préférer garder le silence. Il ne faut pas se leurrer, ils ont bien conscience de cela et ils se sont seulement armés de patience jusqu'au moment où le Québec aura passé le point de non-retour, c'est-à-dire le point où statistiquement parlant, dû à l'immigration, les possibilités qu'un prochain référendum soit en faveur de la séparation du Québec soient nulles.

Mon analyse s'adresse avant tout aux souverainistes « mous », aux adéquistes, qui ne se rendent pas compte que ce point de non-retour n'est pas si loin. À ces adéquistes qui n'ont pas encore compris que l'autonomisme, c'est l'assimilation des immigrants. Je pense aux Québécoises et Québécois qui s'imaginent que la loi 101 va toujours exister. Je pense à celles et ceux qui croient qu'il sera possible d'assimiler les futurs immigrants, et qu'ainsi la culture québécoise va rester à flot. À vous tous, je crois que ce n'est pas possible sans faire du Québec un pays.
Pour cette raison, je voudrais que nos représentants séparatistes mettent tous les efforts, s'ils croient en mon analyse, pour expliquer à la population que l'intégration est la solution pour un Québec stable et accueillant, mais pour cela, il faut que le Québec soit un pays. Ce faisant, je suis persuadé que beaucoup de fédéralistes «mous» (ils doivent aussi exister) comprendraient l'urgence. Il y a aussi selon moi des fédéralistes lucides, et eux ils veulent d'un Québec multiculturel provincial dans un Canada uni. Cela c'est signer l'arrêt de mort de la culture québécoise et la majorité de francophones au Québec.
(1)http://vigile.net/Integration-assimilation
(2)http://fr.wikipedia.org/wiki/Assimilation_culturelle
(3)http://fr.wikipedia.org/wiki/Int%C3%A9gration_(sociologie)#Int.C3.A9gration_culturelle_et_.C3.A9conomique
Vivre le Québec heureux... et libre
Sylvain Racine
Goteborg, Suède
http://toutsurlasuede.blogspot.com/


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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    24 mars 2009

    M.Racine
    N'essayez pas de cataloguer les gens.Votre façon de traiter les gens d'adéquistes parce qu'ils remettent en cause les idées reçues libérales ne riment à rien.Comme votre texte qui veut distinguer entre assimilation et intégration.
    Mon point est à l'effet que vous argumentez comme les libéraux.
    L'immigration serait incontournable parce qu'il y aurait au Québec un déficit de main d'oeuvre par suite du veillissement de la population.Cela est vrai.Mais il n'est pas nécessaire d'en faire une idéologie.
    Il y a beaucoup de pays souverains qui traitent les cas d'immigration.Cela passe par une politique de la citoyenneté.Ce n'est pas tous les pays,M.Racine,qui font de la représentation comme le Canada le fait sur la scène internationale, pour avoir des entrées massives de nouveaux arrivants.Mais tous,tous assurent les entrées au moyen de politique de citoyenneté.
    Ce n'est pas un hasard que les chambres de commerce et le gouvernement libéral tiennent un discours---que vous semblez tenir vous même---relativement à la nécessité de faire venir des immigrants pour combler le supposé manque de main d'oeuvre québécoise.Toujours en retard,n'est-ce pas M.Racine ?
    La crise économique actuelle---tellement imprévue par les rouges---va faire monter les taux de chômage.La réponse serait évidemment, selon vous, qu'il faille augmenter les entrées de nouveaux arrivants.
    Je vous ai fait valoir que ce sont certains partis politiques qui sont les premiers bénéficiaires de pareilles opérations.Vous pouvez bien croire les libéraux et répéter leurs arguments à la lettre,la vérité est qu'il y a au Québec pas mal de nouveaux arrivants de première génération qui ne trouvent pas leurs places sur le marché du travail.
    Argumenter comme cela,ce n'est pas être adéquiste,c'est être Montréalais et ne pas accepter toutes les argumentations des immigrants,encore moins celles des émigrants.
    Pouvez-vous concevoir qu'on puisse lutter contre la pauvreté sans lutter contre les pauvres.C'est très exactement de quoi il s'agit ici.Cela commence par ne pas accepter toutes les supposées vérités que les gouvernements(et les partis politiques cachés derrière) nous susurrent comme vous le faites.
    Bon, allez,bon voyage

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2009

    Je crois que j'ai touché une corde sensible, celle adéquiste, n'est-ce pas M. Haché?
    Sachez que je ne présuppose pas que le Québec ait besoin d'immigration, c'est écrit, c'est un fait. Faites votre propre recherche. Le Québec a l'un des taux de vieillissement de la population les plus élevés dans le monde. Croyez-vous sincèrement que le Québec peut se passer d'immigration?

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    Bonjour!
    En lisant sur vigile.net,j'ai été surpris par ceci....
    Il y a au Canada un seul problème : l’autonomie des Québécois. La réalité de l’autonomie empoigne toute la vie politique. L’état d’esprit des Canadiens français est celui d’une minorité qui veut cesser de l’être. La colère est si grande qu’ils ont maintenant la volonté d’être autre chose que des hommes en colère. - André Malraux - 1963
    1963.....début de la Révolution Tranquille
    Et en 2009........dormante comme un volcan

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2009

    M Racine.
    De part votre situation vous êtes en mesure de comparer deux réalités (géopolitique) : Celle d'un pays d'Europe du Nord qui est une etat optimal et celle d'une province. Vos observations son donc d'un grand intérêt. Je vous invite a continuer vos réflexions sur ce thème en touchant aussi d'autres sujets concernant les stratégies d'État de la Suède (en autre la vaste reforme qu'il ont accompli pour se sortir de la crise de 1990; et aussi sur comment il font face a cette crise actuelle,comment cela les affecte.).
    J'ai moi même réfléchie sur quelques sujets de comparaisons entre le Québec demie État et ces pays d'Europe du Nord qui ont atteint le statut d'État optimal:
    http://www.quebec101.org/
    Cliquer sur: Géopolitique 101 et voir : Les vertus de l'État optimal.
    Ou sur ma page d'auteur Vigile.net Jean Claude Pomerleau
    1 Le sort des Premières Nations est historiquement lié à celui des capacités de l’État du Québec
    http://www.vigile.net/Quebec-un-etat-optimal-pour-un
    ....................
    2 La Suède, un modèle pour le Québec ?
    http://www.vigile.net/Oui-mais-a-deux-conditions-l
    ...................
    3 Foresterie : la Finlande, un modèle pour le Québec
    http://www.vigile.net/Foresterie-la-Finlande-un-modele
    4 La Norvège, un modèle pour le Québec.
    http://www.vigile.net/Mme-Marois-en-vacance-j-espere-que
    http://www.vigile.net/Les-Liberaux-font-mains-basses-sur
    Merci de prendre la peine de nous écrire et de nous communiquer vos impressions d'un observateur privilégié qui constate de visu les vertus de l'État optimal. Vous êtes un des rares a voir ce que signifie pour nous vivre dans le bocal provinciale concrètement de l'extérieur en dehors du bocal.
    JCPomerleau

  • Marcel Haché Répondre

    23 mars 2009

    Vous nous écrivez de Suède. Vous avez ou allez recevoir la citoyenneté suédoise.
    Vous auriez quitté le Québec pour toutes sortes de raisons dont une qui me chicotte, et serait liée à notre gouvernement provincial. Faudrait expliciter ce point. Vous n’êtes quand même pas un réfugié.
    Vous nous affirmez que la citoyenneté suédoise pourrait vous donner droit de travailler ailleurs en Europe.
    Quelle serait l’avantage, pour la Suède, de vous accueillir si, après vous avoir favorisé, vous travailliez ailleurs qu’en Suède, loin du « modèle suédois », qui vous aurait intégré sans vous assimiler, à l’évidence, mais qui, finalement, n’aurait été qu’un dispensateur de citoyenneté, un dispensateur de droit.
    Concernant la citoyenneté, votre point, c’est très exactement la forme de pensée des Canadians, qui n’avaient eu rien de plus pressé que de proposer la citoyenneté canadienne à certaines victimes du tsunami indonésien de 2004.La citoyenneté, le droit, pour venir en aide aux mal-pris du tsunami. Impressionnant…
    C’est très exactement aussi la forme de pensée des 50,000 canadiens pris dans le dernier conflit israel-liban. Tous canadiens, tous citoyens, encore, mais mal- pris au Liban…Et c’est bien en vertu du droit et de la compassion qu’il avait fallut les rapatrier. C’étaient des citoyens canadiens après tout !
    Vous affirmez la nécessité de la souveraineté du Québec sur le même ton que les canadians faisaient valoir les bienfaits de la citoyenneté canadienne aux rescapés du tsunami.
    C’est bien votre droit de devenir suédois. Mais cela ne saurait vous autoriser à faire la leçon aux québécois, sous le prétexte que vous seriez maintenant à même de comprendre le nouvel arrivant. Je récuse votre façon de présenter les choses,qui pré-suppose la nécessité de l'immigration,la grande prétention et la grande espérance canadienne.