INTERVIEW - Le président du Conseil européen, Donald Tusk, dans une interview au Figaro et à cinq autres quotidiens internationaux, recommande à la chancelière allemande de revenir sur sa promesse d'accueillir d'autres réfugiés syriens.
Pour Donald Tusk, la vague de migrants «est trop forte pour ne pas être stoppée». Le président du Conseil européen, dans une interview au Figaro et à cinq autres quotidiens internationaux, assure que les autres pays de l'UE ne sont plus prêts à suivre l'Allemagne. Aussi recommande-t-il à Angela Merkel de cesser de vouloir accueillir de nouveaux réfugiés syriens.
LE FIGARO - L'UE ne peut pas se reposer sur un pays tiers pour contrôler sa frontière externe. Angela Merkel doit-elle revenir sur sa promesse, à savoir l'accueil en Allemagne de tous les demandeurs d'asile?
Donald TUSK - La Turquie n'est que le premier maillon d'une longue chaîne. Côté européen, cela signifie que chaque pays doit respecter et appliquer le code de Schengen, y compris la règle qui impose que les demandes d'asile sont déposées dans le pays d'arrivée, par exemple la Grèce, et non pas ailleurs. Nous devons aussi changer d'état d'esprit: cette vague de migration est trop forte pour ne pas être stoppée.
La chancelière devrait donc ravaler sa promesse et refouler les Syriens?
Chacun doit respecter les règles, qu'il s'agisse du code de Schengen ou du plafonnement des déficits budgétaires. Personne ne peut s'en détourner et cela vaut aussi pour l'Allemagne. Parallèlement, nous devons aider les pays en première ligne face à l'exode. C'est ça la vraie solidarité européenne. C'est aussi une question de sécurité.
Berlin propose de «réinstaller» en Europe des dizaines, voire des centaines de milliers de réfugiés qui seraient directement acheminés de Turquie. Qu'en dites-vous?
Je suis convaincu qu'il n'existe pas de majorité dans l'UE pour un tel système. Cette fois, l'Europe centrale n'est pas le seul problème. Même la Suède, pourtant généreuse, juge la situation intenable. Évitons l'hypocrisie: ce n'est plus une question de solidarité internationale, mais un problème de capacités européennes. Les Européens seraient moins réticents si la frontière externe de l'UE était effectivement contrôlée. Il est trop facile aujourd'hui d'entrer en Europe. Pour finir, le débat a changé: il gagné le grand public et échappe aux politiques. Écoutez ce qui se dit dans la rue!
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