Du «Front» au «Rassemblement», Marine Le Pen veut raviver la flamme

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Le rassemblement remplace le front

Les adieux au Front national: Marine Le Pen a proposé dimanche de rebaptiser «Rassemblement national» cette formation d'extrême droite au passé parfois sulfureux, dans l'espoir d'en faire un parti de gouvernement.


«La rénovation pour laquelle vous m'avez élue, je vous demande maintenant de la conduire à son terme, c'est la condition de notre succès», a-t-elle déclaré dans son discours de clôture du 16e congrès de son mouvement à Lille. Ce nouveau nom sera soumis à un vote par courrier des militants, dont le résultat ne sera pas connu avant au moins six semaines.


Mme Le Pen compte ainsi poursuivre l'entreprise de dédiabolisation de ce parti entamée depuis qu'elle en a pris la tête en 2011.


Dimanche, elle a été réélue à l'unanimité - elle était l'unique candidate - pour un troisième mandat, au cours d'un congrès qu'elle voulait de «la refondation».


 


Les militants ont également voté en faveur de la suppression du titre de «président d'honneur», attribué à l'encombrant ex-chef du Front national, Jean-Marie Le Pen, le père de Marine Le Pen. Ce dernier n'a donc désormais plus aucun lien avec le mouvement qu'il avait fondé en 1972.


Jean-Marie Le Pen avait dirigé ce parti pendant 39 ans, de 1972 à 2011, et en avait été exclu en 2015 par sa fille. Cette exclusion avait donné lieu à une longue bataille judiciaire entre lui et Marine Le Pen.


Le patriarche, qui a publié ses mémoires une dizaine de jours avant le congrès, a finalement renoncé à s'y rendre, une première pour lui. Il avait menacé de recourir en cas de besoin à la «force publique» pour être présent, mais la direction du FN avait prévenu qu'il serait interdit d'entrée, car il n'est plus membre de cette formation.


Jean-Marie Le Pen, encore populaire parmi les sympathisants du Front National, a préféré passer la journée de samedi à dédicacer son ouvrage dans une librairie parisienne.


À la fois forte d'un score historique à la présidentielle, l'année dernière, avec près de 11 millions de voix au second tour, mais affaiblie par un débat d'entre-deux tours qu'elle a reconnu elle-même avoir raté, Marine Le Pen entend reprendre la main.


Dans son discours de clôture, cette ex-avocate de 49 ans a tenté de s'imposer en tant qu'opposant numéro un au président Emmanuel Macron, fustigeant son «errance».


«Dans la France de M. Macron, être "marcheur" c'est être un nomade, tout comme le sont les migrants et les expatriés fiscaux», a déclaré la dirigeante devant 1500 militants.


Le nom du mouvement «En Marche» créé par Emmanuel Macron «est en soi une profession de foi pour un nomadisme décomplexé avec pour prolongements implicites un sans-frontiérisme et un immigrationnisme irréductibles», a-t-elle ajouté.


«Rien ne change vraiment»


«Rien ne change vraiment», commentait un cadre du FN dans les couloirs, tandis que dimanche, un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche montrait que seuls 39 % des Français souhaitaient la candidature de Mme Le Pen à la prochaine présidentielle, soit un recul de deux points par rapport à septembre 2017, contre 61 % qui ne la veulent pas.


Malgré son apparent renouveau, ce parti semble aussi toujours aux prises avec le même démon. Le numéro 2 du Front national de la jeunesse (FNJ) a ainsi été suspendu après la diffusion d'une vidéo dans laquelle il semble tenir des propos racistes, une version qu'il conteste et tient pour un montage.


Samedi, Mme Le Pen avait pu compter sur les encouragements de Steve Bannon, ex-directeur de campagne de Donald Trump et trublion de la droite dure américaine régulièrement soupçonné d'accointances avec les suprémacistes blancs.


M. Bannon a voulu convaincre dans un discours que «l'Histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire».


Mais d'ici là, le nouveau parti de Marine Le Pen, bien que ripoliné, rebaptisé et expurgé de Jean-Marie Le Pen, garde l'un de ses fondamentaux: la flamme (...)


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