En ce temps chagrin

Tribune libre

En ce temps chagrin
En ce temps chagrin

où grain par grain

nous abandonnons notre chair

aux enchères,
en cette époque déprimante

où l’on nous fomente

une bien vide nation

sur fond d’assimilation,
en ces jours où le pouvoir

voudrait bien nous voir

passagers clandestins

dans notre propre destin,
en cette période où des historiens

vendus ou vauriens

encabanent notre mémoire

sous clé dans l’armoire,
en cette ère où les emprises de presse

impunément s’empressent

de dénaturer nos intentions

et de ridiculiser nos aspirations,
pendant que les chloroformés

dorment à poings fermés

ronflant d’insouciance

sans police d’assurance,
par ces temps où tant de nos voix s’éteignent

laissant le champ à toutes ces teignes

qui nous susurrent la soumission

sur un air de démission,
urgent de brûler nos éteignoirs

de briser tous nos miroirs,

de liquider les paraboles

et de laisser exploser notre parole,
nécessaire d’embraser notre de langue de bois

de multiplier les abois

et de cautériser par nos parlures

la profondeur de nos blessures.

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Gilles Ouimet66 articles

  • 37 967

Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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1 commentaire

  • Gaston Boivin Répondre

    14 avril 2010

    Vos propos sont fort pertinents et très lucides: Les mots, lorsqu'ils sont bien dits, ont plus de pouvoir que toutes les magouilles, en autant, bien-sûr, qu'ils soient lus et propagés et, benheureux sommes-nous, malgré le baillon et la propagande d'une certaine pesse qui veut le museler, le peuple, de plus en plus, commence à se parler et à se faire entendre.
    Bravo pour votre texte!