Finalement, il y a un cas. Une jeune femme portant un hijab étudie en techniques policières et annonce sa ferme intention de porter encore ce signe religieux lorsqu’elle exercera son métier.
Cela met fin à cette première phase de débat durant laquelle certains répétaient qu’il n’existait aucun cas, amenant même le premier ministre Couillard à parler d’un enjeu « imaginaire ».
Il faut qu’une partie de notre société vive dans un profond aveuglement pour s’enfermer dans l’idée qu’il n’y aurait aucun cas. Le hijab est très présent parmi les femmes musulmanes, près de la moitié le portent selon un sondage de 2016. Comment imaginer que sur des centaines de jeunes inscrits dans les cégeps et universités, portant un hijab ou un turban, aucun ne s’inscrirait dans des programmes comme techniques policières. Illusoire !
Utiliser l’absence de cas comme prétexte pour éluder la question ne tient d’ailleurs pas la route. En fait, il vaut mieux fixer des balises au moment où il n’y a pas de situation personnelle impliquée. Il est préférable de clarifier une situation du point de vue des principes, plutôt que de se retrouver à discuter du cas de monsieur ou madame Untel, plaçant un individu dans l’œil de la tornade.
Future policière voilée
Il aura néanmoins fallu que Le Journal présente le cas de cette étudiante en techniques policières déterminée à porter son hijab au travail pour forcer le gouvernement à clarifier sa politique. Hier, deux ministres du gouvernement ont établi clairement que cette jeune femme devrait être accommodée. Pas question de « briser son rêve », les corps policiers doivent être plus représentatifs de la société et de sa diversité. Oui aux signes religieux.
Je ne suis pas d’accord sur le fond avec la position du gouvernement. Je crois, comme le suggérait la commission Bouchard-Taylor, que les personnes en autorité devraient s’abstenir d’afficher des signes religieux. Ceci dit, je trouve cette position claire du gouvernement libéral nettement préférable à la lâcheté de laisser la patate chaude aux chefs de police.
À écouter les libéraux ces jours-ci, on aurait l’impression que la commission Bouchard-Taylor fut la branche militante d’une organisation inquiétante. Des gens dont les doctrines flirtent avec l’exclusion et l’intolérance. Faut-il rappeler 10 ans plus tard que cette grande consultation fut lancée par un gouvernement libéral ? Son mandat, son budget et le choix des commissaires furent des décisions d’un premier ministre libéral, Jean Charest.
Sujet à éviter ?
Certains affirment aujourd’hui que cette question ne devrait surtout pas faire partie de la prochaine campagne électorale. Ce n’est ni possible ni souhaitable. Vous pouvez souhaiter que les dérapages soient évités, vous pouvez espérer que la discussion soit intelligente et respectueuse, mais vous ne pouvez pas occulter qu’il y a là un débat électoral inévitable.
Depuis le jour où le gouvernement a fait adopter sa loi 62 sans l’appui d’aucun parti d’opposition, nous savions que ça reviendrait. Il s’agit d’un vrai débat de société et un peuple démocratique règle cela comment ? Par le vote des citoyens.