Et la démocratie dans tout cela?

Chronique d'André Savard

Dernièrement, on a appris qu'une thèse de maîtrise a été amplement consulté par la fonction publique fédérale de sommet en sommet, des hauts conseils jusqu'au bureau du premier ministre. La thèse écrite par un étudiant québécois collige les résultats des sondages mesurant l'appui à la souveraineté.
La thèse démontre que l'appui à la souveraineté fluctue selon l'énoncé des conditions dans lesquelles elle se fera. Si la souveraineté rime strictement avec "séparation" sans aucun lien structuré de rapporchement avec ses voisins, les Québécois tendent à la désavouer en majorité. Il est facile de comprendre l'intérêt de ce mémoire dans les officines fédérales.
Depuis plus de trente ans, les fédéralistes ont tout fait pour que le mot souveraineté ne se conjugue pas avec le mot "options" au pluriel. Le Fédéral a tout fait pour même démontrer aux Québécois que cette souveraineté ne se ferait jamais dans des conditions décidables par eux.
Pour cela, autant le repatriement de 1982 que la loi abusivement nommée de la clarté a tenu lieu de démonstration. D'abord la Constitution de 1982 voulait démontré que le principe de la liberté de contrat ne s'appliquait pas pour le Québec. On pouvait très bien sceller son appartenance au Canada sans sa signature. Ensuite la loi de la clarté statuait le droit de contrôle territorial de gouvernement d'Ottawa sur le Québec à titre de représentant premier et légitime des citoyens canadiens.
Ils ont voulu que les souverainistes deviennent des "séparatistes" au sens où ils l'entendaient eux. Désormais quiconque parlerait du Québec comme pays librement associé devrait passer pour une faussaire, un adepte des clivages brouillés et des solutions impossibles. En aucun cas, la souveraineté du Québec ne devait rimer avec la liberté des options.
Ainsi, le souverainiste n'était plus maître de proposer une option au Québec. Il devait prendre l'option définie par le Fédéral, un Québec disloqué en fiefs séparés et banni des accords d'échanges internationaux. À côté de cela, les fédéralistes ont eu beau jeu de cacher leurs politiques sous une prédication, celle sur l'ouverture des frontières, le lurisme du mondial opposé au local, la fulmination contre le repli sur soi.
Mais si le Québec ne peut plus décider comment appliquer sa souveraineté, sous quel mode, selon quelle structure négociable, où est la démocratie? S'il n'est pas maître de proposer et d'élaborer des options qui risqueraient d'être inspirées par des nostalgies identitaires ou nationales, où est la démocratie? Il ne reste plus qu'à appliquer le système établi quitte à arrondir les angles en négociant des accommodements à la pièce.
Dans de telles conditions, de moins en moins de francophones voteront. N'importe, dira le fédéraliste, puisque nous sommes désormais gouvernés par un généreux projet universaliste qui se passe de légitimité démocratique.
André Savard


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