Il s’est fondé au cours des années Québec Solidaire, le Parti Indépendantiste, et chacun est libre de parler d’indépendance. Avez-vous remarqué que dans cette fronde continuelle qui atteste de la latitude que tout un chacun s’accorde, la thèse motrice se ramène toujours au Parti Québécois, tumeur maligne qui neutralise la cause?
Être vigilant, monter la garde comme on dit, est-ce que cela consiste à expliquer son impuissance par le Parti Québécois? Maintenant, on se promet d’autres manifestes, probablement pour s’émanciper du cercle de l’impuissance.
Un jour, on est contre les «conditions gagnantes». Par contre, on est en faveur de vastes mesures de rééducation des mémoires et de l’imagination qui ne nous rendraient pas dépendants des conditions gagnantes. Joli programme! Et on blâme le Parti Québécois d’avoir négligé la « vraie affaire ».
Les indépendantistes sont tellement braqués. Ils redoutent tellement une contrefaçon de la cause que l’idée même d’avoir un gouvernement qui fait quelque chose avant l’indépendance leur donne de l’urticaire. Plus nécessaire de doter le gouvernement national des Québécois de mécanismes de défenses. Trop de risques qu’il y ait du déviationnisme caché là-dedans.
Le Fédéral dit : N’est vrai que ce qu’on a naturalisé par le droit canadien. Or, tout ce qui existe au regard du droit canadien c’est le citoyen canadien et nous ne nous reconnaîtrons de devoirs qu’envers lui. Le Parti Québécois arrive et se dit : promulguons la citoyenneté québécoise et naturalisons un état de droit du citoyen québécois.
Aussitôt, les indépendantistes, toujours aussi futés, se disent : Quelle trahison de la cause! Quel détournement! Les péquistes vont nous engager dans des mesures à l’intérieur du système que nous prétendons combattre. Et comment ils s’expliquent leur indignation? C’est l’intelligence indépendantiste qui transcende le système! C’est l’intelligence indépendantiste qui transforme la matière. Plus besoin d'un type de défense de nature institutionnelle puisque cela ramènerait aux limites d'une législature provinciale.
C’est sur l’intelligence et sur le développement de ses attributs, le courage et la confiance, que nous devons travailler directement, sans égard au système, se répètent-ils. Chaque semaine, avec les duristes, on est dans la droite ligne du manuel de politique transcendantale.
Pour que la cause jouisse de son énergie intégrale, on va la harnacher sur l’énergie populaire elle-même, se disent-ils. Et comment? Par la Constituante! Nous explique-t-on. Le mot « constituante » voit sa signification s’élargir jusqu’à la dimension du fantasme.
Désormais les gouvernants seront gouvernés au nom du peuple car celui-ci est vrai et par des mouvements populaires en prise directe sur le réel contrairement aux partis politiques.
La « constituante » devient le catalyseur capable d’absorber toute force nouvelle. Les partis politiques, vu comme l’opposé systématique, ne pouvant absorber cette force, lutteraient énergiquement pour protéger les derniers jours de leur existence.
Une vraie belle addition! D’un côté l’intelligence dûment formée par la rééducation et de l’autre, le dégoût du politique issu du peuple et porteur d’une direction renouvelée qui sera l’agent direct des métamorphoses.
C’est le fantasme actuel. Wow! Surveillez ce qu’on a mis dans votre eau!
André Savard