«Fais-moi mal, Johnny...

Le visage haineux des « Anglais »



(Québec) C'est peut-être en Beauce et non à Québec qu'on aurait dû utiliser Clotaire Rapaille. Parce que comme exercice sadomaso, celui du député de Beauce Maxime Bernier est éloquent.
«Quarante ans de débats futiles sur l'indépendance; 40 ans de politiques irresponsables de la part de gouvernements du Québec qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui nous endettent; 40 ans de revendications pour aller chercher toujours plus d'argent dans les poches de nos concitoyens du reste du Canada», déplore l'ancien ministre du gouvernement Harper.
«Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny», pourrait-on répondre à cet exercice d'automutilation... si on est d'accord!
Or, il s'avère que le ministère des Finances du Québec ne partage pas l'opinion du député de Beauce. Mardi, le ministre Raymond Bachand l'a accusé de faire du «Québec bashing».
En toute justice pour M. Bernier, c'est au Québec qu'il a tenu ses propos. Son discours du 21 janvier à Calgary, qui lui a valu l'attention des médias du Canada anglais, proposait de geler les dépenses de l'État fédéral au niveau actuel de 250 milliards $. C'était, a-t-il dit, la seule façon de libérer les politiciens des «groupes de pression qui veulent des subventions, des mesures protectionnistes, des programmes sociaux plus généreux, des privilèges fiscaux ou légaux, une réglementation qui les favorise ou qui les protège de leurs compétiteurs».
Il n'empêche que son discours sur les «quêteux» québécois, traduit et publié mardi à Toronto, vient renforcer les vieux préjugés à l'endroit des revendications du Québec. Il suffit de vivre à Ottawa, ou n'importe où ailleurs au Canada anglais, pour prendre conscience de notre réputation d'enfants gâtés. Le préjugé remonte à l'époque Trudeau. Récemment, il est redevenu d'actualité lorsque les autres provinces, dont l'Alberta, ont reproché au Québec de réclamer davantage de péréquation après s'être donné des services sociaux de luxe qui n'existent pas ailleurs.
Ce préjugé est tellement présent que le ministère des Finances a cru nécessaire d'y consacrer un chapitre dans les derniers documents budgétaires. Concernant la péréquation, on y rappelle notamment :
- que le Québec reçoit moins, par habitant, que l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse;
- que dans les sept provinces où le fédéral donne plus qu'il ne reçoit, c'est au Québec que le déficit fédéral (434 $ par habitant) est le plus faible. Il varie de 2038 $ à 5630 $ par habitant ailleurs.
Les fonctionnaires des Finances ont profité de l'occasion pour dénoncer quatre dossiers dans lesquels Ottawa se traîne les pieds vis-à-vis du Québec :
- le refus de verser une compensation pour l'harmonisation de la TVQ à la TPS;
- le refus de considérer les revenus d'Hydro-Québec sur le même pied que ceux de Hydro One, en Ontario, ce qui a pour effet de diminuer les paiements de péréquation ici;
- le refus d'appliquer une réduction égale par habitant des droits de péréquation des provinces;
- le refus de régler un litige vieux de 15 ans et de 137 millions $ dans un programme de stabilisation des revenus, malgré deux jugements successifs de la Cour fédérale (2007) et de la Cour d'appel fédérale (2008) qui ont donné raison au Québec.
Voilà des faits sur lesquels les élus québécois de Stephen Harper observent un silence gênant dans leurs discours publics.
Maxime Bernier rêve de redevenir ministre. Il trouverait une meilleure écoute au Québec s'il défendait ces dossiers au gouvernement avant de faire la morale à ses concitoyens qui l'ont réélu à Ottawa, malgré ses erreurs de jugement.


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