Faut-il débrancher les Québécois du respirateur artificiel ?

Tribune libre


À un ami qui m’écrivait ceci : « Les indépendantistes doivent faire confiance à l'intelligence des Québécoises et des Québécois et la mettre à l'épreuve une fois pour toutes et qu'on en finisse ! Régner en notre terre ou se soumettre au British définitivement. », (…) Les indépendantistes doivent proposer l'ultime choix aux Québécoises et québécois. Le choix doit être clair et les indépendantistes ont la majorité pour le faire. On se meurt à petit feu. Que la guerre soit déclenchée, à l'abordage ! […]
Je lui ai répondu cela :
Vous soulevez là une question absolument fondamentale pour l’avenir du peuple québécois. Je suis, tout comme vous un jeune-vieux, un indépendantiste qui a vécu des années de guerre perpétuelle caractérisée par beaucoup de reculs et quelques légers gains.
Même la reconnaissance de notre culture unique en Amérique et la fierté de parler notre langue ont été des gains aujourd’hui laissés à la dérive par une grande partie de la jeunesse à cause de notre lâcheté collective à tout faire pour les maintenir intactes.
J’aimerais bien souscrire à votre point de vue et poser la question une fois pour toutes aux Québécois. Celle-ci serait quelque peu biaisée et irait en ce sens : Voulez-vous que le Québec soit un pays souverain ou souhaitez-vous comme peuple, continuer à vous disperser, à vous fractionner, bref à vous étioler jusqu’à en mourir d’ici à peine quelques décennies ?

Aujourd’hui, je me sens absolument incapable de prononcer la mort de mon peuple alors que je sais très bien qu’il est sous respirateur artificiel.
J’admire les jeunes d’Option nationale et j’aime écouter leur chef, Jean-Martin Aussant. Son discours est on ne peut plus rafraîchissant et j’ai d’ailleurs voté pour ce parti dans mon comté. Non par bravade ou par véritable conviction. Je l’ai tout simplement fait par choix stratégique, étant donné que je vote dans un château-fort du PQ.
Hélas, depuis les années 60, les guerres quasi fratricides ont laissé de nombreuses blessures et quand je regarde les jeunes d’Option nationale, je me revois dans le temps du R.I.N. de Pierre Bourgault (le meilleur orateur de ma génération).
J’avais 16 ans.
Je me dis parfois que les jeunes idéalistes de ON vont aussi avoir à gérer la durée réalité d’un peuple apathique pour qui le confort et l’indifférence sont les deux mamelles d’une vie relativement heureuse ou à tout le moins stable.
On veut du pain et des jeux !!!
C’est tout ce que le bon peuple demande à ses dirigeants qui se font un plaisir à leur en offrir à coup de centaines de millions pour conserver la paix sociale.
Pendant que le bon peuple n’a d’yeux que pour ces jeux qui comblent le vide d’un vrai projet de société, les bandits s’en mettent plein les poches !
Par contre, je suis encore prêt à tout faire pour permettre aux jeunes - et au vieux qui y croient encore - de réaliser leurs rêves et de façonner un monde à l’image du présent siècle.
Les étudiants sont sortis dans la rue. Avec l’aide d’une partie de la population, ils ont gagné de peine et de misère contre un gouvernement pourri à l’os. Pour eux, le combat ne fait que commencer…
Maintenant, au tour des jeunes travailleurs à me faire partager leurs rêves !
Et si ce sont les jeunes qui feront en sorte de concrétiser ce pays qui tarde tant à naître, je leur en serai éternellement reconnaissant.
Serge Longval, Longueuil


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2012

    Le referendum n'est pas un moyen de faire l'indépendance. Le referendum est une façon de faire entériner par la population une situation qui existe déjà dans les faits.
    C'est pour cette raison que la gouvernance souverainiste proposée par Mme Marois est une bonne idée.
    Le gouvernement Harper éloigne le reste du Canada du Québec à vitesse grand V. On peut voir le résultat de la dernière élection fédérale comme le chant du cygne du parti fédéraliste au Québec. Il y a eu une sorte de coalition de toutes les forces de la nation toutes différences linguistiques confondues pour bloquer les conservateurs.
    La prochaine étape sera une coalition des mêmes pour s'affranchir du reste du Canada.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    9 octobre 2012

    @ S. Longval:
    «... les jeunes idéalistes de ON vont aussi avoir à gérer la durée réalité d’un peuple apathique pour qui le confort et l’indifférence sont les deux mamelles d’une vie relativement heureuse ou à tout le moins stable...».
    Justement, ce confort et cette stabilité tirent probablement à leur fin.
    Le confort? Avec une immigration massive de gens dont beaucoup utiliseront la constitution de PET-Trudeau pour reproduire leur toute vie étrangère (à nos valeurs) ici, nous nous sentirons de moins en moins chez nous.
    Toujours en rapport avec le confort, mais aussi la stabilité, le déclin de l'économie américaine, et le vieillissement de notre population, vont finir par avoir de sérieuses répercussions économiques ici. Même à Québec, ville prospère, avec son économie où les différents palliers gouvernementaux sont le plus gros employeur.
    D'être un peuple insouciant, reportant à plus tard la prise en main de ses propres affaires et de son destin, tout cela sera bientôt un luxe que nous ne pourrons plus nous offrir...
    Est-ce que c'est ça que ça prend, pour vraiment (enfin!) réveiller les Québécois...? Nous verrons.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2012

    Il ne faut pas, il ne faut jamais se résigner car, nos adversaires visent à nous avoir à l'usure. Donc, il ne doit pas y avoir de "une fois pour toute", "qu'on en finisse", etc. Jamais ce besoin naturel d'une nation ne mourra.
    Vive le QUÉBEC, PAYS.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    8 octobre 2012

    Sage réponse! Nous qui avons échoué la Révolution tranquille, de quel droit irions-nous ajouter au fardeau des jeunes qui arrivent presque à se sortir des décombres de notre culture molle? Les jeunes pansent les plaies que leur a infligées notre police d'État... Les plus militants se font renier par ceux qui triomphent déjà avec Pauline... pendant que son sommet sur l'Éducation glisse vers... rien! Bien sûr, elle a tout de suite donné un nananne aux étudiants, mais elle arrive mal à obtenir leur "juste part" des bien nantis... nous qui vivons bien individuellement et faisons mine d'émigrer chez les Orangistes, pour sauver 2 mille dollars, ignorant que l'interlope nous y attend de pied ferme... Les crapuleux qui voient travailler la Commission vont se liguer pour reprendre leurs tripots avant d'être nommés dans les journaux... Et le West Island va se rendormir doucement, sachant que le métro demeurera bilingue.