Guide pour les immigrants: du beau travail

L'idée fédérale


Quiconque se risque à résumer en quelques pages les fondements et l'histoire du Canada s'expose à de virulentes critiques. Les uns diront que tel événement a été oublié, les autres que tel personnage a été trop généreusement décrit, d'autres encore que telle région a été négligée. Il n'est donc pas étonnant que le nouveau guide d'étude destiné aux immigrants, publié la semaine dernière par le gouvernement fédéral, ait suscité plusieurs commentaires négatifs.


Ottawa nous ayant habitué aux gaffes dans ce domaine ? hommage sans réserves à lord Durham, traductions bâclées, patriotisme débridé ? nous nous attendions au pire en entreprenant la lecture du guide. Or, le document de 61 pages est somme toute fort bien fait. Certes, tout le monde trouvera quelque chose à redire, selon ses sensibilités propres. Mais l'ensemble donne une image plutôt juste de ce que fut et de ce qu'est devenu le Canada. Les auteurs de la brochure ont même fait preuve de franchise en ne taisant pas les épisodes sombres de notre histoire, notamment le traitement réservé aux autochtones et à certains groupes d'immigrants.
Le pays qui est décrit dans ces pages est marqué au fer bleu plus qu'au rouge. La reine Élisabeth II y est très présente; le passage sur la Charte des droits est illustré par une photo de Sa Majesté signant la nouvelle constitution, en 1982 à Ottawa. On a pris soin de couper la photo pour qu'on n'y voit pas, aux côtés de la reine, le premier ministre libéral du temps, Pierre Trudeau...
Le guide consacre trois pages à la participation du Canada aux deux guerres mondiales, plus qu'à tout autre événement. Certains ont trouvé que c'était excessif, d'autant qu'on trouve à peine trois lignes au sujet des missions de paix. En cela, le document déroge au mythe canadien, mais il est plus fidèle à la réalité historique: ces deux conflits ont bien davantage marqué la vie des Canadiens (100 000 des nôtres ont péri) que les bonnes oeuvres des Casques bleus.
Cela dit, le député bloquiste Thierry St-Cyr a raison de déplorer la «publicité» faite aux Forces armées canadiennes. Dans un encadré très en évidence, le document affirme que «travailler à temps plein dans les Forces canadiennes est une noble façon d'apporter sa contribution au Canada et un excellent choix de carrière», prenant la peine de fournir l'adresse du site web des Forces.
M. St-Cyr est toutefois injuste lorsqu'il soutient que le guide «présente le Québec comme une province comme les autres, pas comme une nation». Ce n'est pas du tout le cas. Le document souligne au contraire que «les Québécois conservent une identité, une culture et une langue qui leur sont uniques» et que «la Chambre des communes a reconnu que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni».
Il est vrai que Découvrir le Canada ne consacre que quelques lignes au mouvement souverainiste. La question méritait certainement un développement aussi important que les révoltes des Métis au XIXe siècle et l'abolition de l'esclavage au pays. Il reste que sur cette question comme sur plusieurs autres, le guide est d'une honnêteté rare pour ce genre de documents. Au sujet du rapport Durham, par exemple, on peut y lire que la recommandation d'assimiler les francophones «illustre une incompréhension totale des Canadiens français, qui cherchent à protéger l'identité distincte du Canada francophone».
Le guide comporte enfin une mise à jour du concept de multiculturalisme. Si celui-ci a pu être perçu comme un encouragement au maintien intégral des cultures immigrantes, Découvrir le Canada rappelle en termes clairs que les valeurs fondamentales de la majorité doivent avoir le dessus: «L'ouverture et la générosité du Canada excluent les pratiques culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les meurtres d'honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d'autres actes de violence fondée sur le sexe. Les personnes coupables de tels crimes sont sévèrement punies par les lois canadiennes.»
Comme l'a expliqué le ministre du Patrimoine canadien, Jason Kenney, «le multiculturalisme signifie que nous célébrons ce qu'il y a de mieux dans nos origines respectives, mais que nous le faisons sur la base des valeurs communes canadiennes et dans le respect de nos lois».
Bref, dans l'exercice délicat que fut la rédaction de ce nouveau guide pour les immigrants, le gouvernement et les historiens consultés ont fait du beau travail.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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