Martin Croteau La Presse (Ottawa, Ontario) L'«agitation politique» qui a provoqué la vague orange aux dernières élections découle plutôt d'un ras-le-bol des Québécois à l'égard des politiciens que d'un naufrage de l'option souverainiste. Voilà la conclusion d'une étude commandée par le premier ministre Stephen Harper, qui a coûté près de 16 000 $ en fonds publics.
Fin août, le Bureau du Conseil privé, le ministère du premier ministre, a octroyé un contrat de 15 735 $ à l'Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) pour qu'il lui fasse rapport sur «l'environnement public» au Québec.
L'organisme non-partisan a organisé une table ronde à Montréal, le 9 septembre dernier. La rencontre a rassemblé d'anciens politiciens de différents partis, des sondeurs et des commentateurs. Elle a eu lieu quatre mois après que les Québécois eurent bouleversé l'échiquier politique fédéral en élisant 59 députés du Nouveau Parti démocratique, la plupart aux dépens du Bloc québécois.
Les panélistes ont conclu que le contexte politique québécois a fortement influencé l'issue du dernier scrutin.
«En effet, pour la majorité des intervenants, il est essentiel de bien comprendre la toile de fond sur laquelle se sont déroulées les élections fédérales du printemps 2011, peut-on lire dans le rapport. Ainsi le contexte de corruption, de cynisme et de décalage entre le discours des élites politiques et les véritables préoccupations de l'électorat en général semblent avoir eu un effet non négligeable sur les résultats électoraux.»
Le mouvement souverainiste est certes sorti écorché des dernières élections, mais cette option n'est pas morte pour autant, constatent les panélistes. Ils notent que les appuis à l'indépendance restent stables dans les sondages.
«Le cynisme observé chez une grande majorité des électeurs doit être pris au sérieux, conclut le rapport, il appelle à un renouvellement de la façon de faire de la politique au sens large».
Dépense partisane ?
Le NPD, qui se retrouve au coeur de l'étude de l'IRPP, estime que l'étude sert des fins partisanes. Le président de son caucus québécois, Guy Caron, estime que le rapport n'aide en rien le premier ministre à veiller à la bonne gouvernance du pays.
«Pour moi, c'est clair que c'est le genre d'étude qui doit être payée par le Parti conservateur, et non par le bureau du premier ministre», dénonce M. Caron, député de Rimouski-Neigette--Témiscouata--Les Basques.
Selon lui, le Parti conservateur devrait rembourser les contribuables.
«Si on peut permettre l'usage de fonds publics pour payer une étude aussi ciblée que celle-là, une étude qui n'a pas été rendue publique, la prochaine étape n'est-elle pas des sondages menés par des fonds publics?» demande Guy Caron.
Le porte-parole du Bureau du Conseil privé, Raymond Rivet, estime qu'il n'y a rien d'anormal dans l'étude.
«Le gouvernement du Canada doit se tenir au courant des faits nouveaux dans le paysage politique, social et économique des provinces, entre autres par l'entremise de partenaires du milieu universitaire, du monde des affaires et de la société civile», a répondu par courriel le porte-parole du Bureau du Conseil privé, Raymond Rivet.
À l'IRPP, on souligne que beaucoup de confusion subsiste face à l'environnement public québécois depuis les élections du 2 mai.
«Bien sûr, nous avons parlé dans une certaine mesure des positions de différents partis politiques et pourquoi elles sont plus ou moins populaires, souligne le chercheur Leslie Seidle, lui-même un ancien fonctionnaire au Bureau du Conseil privé. Mais ce n'était pas l'objectif principal de la journée. Nous nous penchions sur l'environnement public au Québec, pas sur l'environnement politique.»
Tous les participants à la table ronde avaient été avisés que les fruits de leurs discussions seraient consignés dans un rapport expédié au Bureau du Conseilprivé, précise M. Seidle. Le rapport sera rendu public par l'IRPP ultérieurement.
Harper a commandé une étude sur l'«agitation politique» au Québec
L'«agitation politique» qui a provoqué la vague orange aux dernières élections découle plutôt d'un ras-le-bol des Québécois à l'égard des politiciens que d'un naufrage de l'option souverainiste.
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