L’ennemi de l’intérieur aux États-Unis

Hitler est mort en 1945 et Trump est né en 1946

Plus dangereux que les ennemis extérieurs (Chine, Russie et autres)

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Tribune libre

     « Je pense que l’ennemi de l’intérieur est, dans de nombreux cas, bien plus dangereux pour notre pays [États-Unis] que les ennemis extérieurs de la Chine, de la Russie et d’autres », a affirmé l’ex-président Donald Trump récemment. [1]


     Vous imaginez les ex-présidents républicains Bush fils et père, Reagan, Nixon et Eisenhower proférer de semblables inepties ? Impensable ! Qui sont ces fameux ennemis de l’intérieur ? Les démocrates et ceux qui les supportent, bien entendu, parce que ce sont eux qui l’empêchent de prendre le pouvoir.


     Trois semaines après l’armistice signé entre Hitler et Pétain le 22 juin 1940 [2], le réfugié juif Arthur Koestler, journaliste en Allemagne jusqu’au triomphe des nazis, tentant d’échapper à ceux-ci en France, écrivait : « Le génie d’Hitler n’est peut-être ni dans la démagogie ni dans le mensonge, mais dans le contact fondamentalement irrationnel avec les masses, l’appel à la mentalité totémique, prélogique. » [3]


     Trump a peut-être hérité ce génie maléfique. Nous avons affaire à un ignorant (il ne savait pas que s’injecter dans les veines un produit nettoyant pouvait être dangereux, voire mortel), à un criminel prêt à tout pour arriver à ses fins, et pourtant il est le candidat que les républicains ont choisi. Comment fait-il pour « trumper » autant de monde ?


     Pour renforcer les institutions démocratiques et prévenir les dérives, un quatrième pouvoir en bonne santé est essentiel. Dans les années 1920-1930, les médias allemands, réputés excellents, se sont abâtardis peu à peu, jusqu’à se faire les porte-voix des nazis. Aux États-Unis, des médias ont d’ores et déjà basculé du côté obscur, mais ce sont surtout les réseaux sociaux qui jouent là-bas un rôle dévastateur, avec pour conséquence que de plus en plus d’États-Uniens sont attirés irrationnellement par le chaos. Trump aurait fait patate avant 2010, mais aujourd’hui, il séduit autant que son adversaire principal, Joe Biden.


     « Un dictateur est, en général, un homme qui, parti de bas, vient se jeter dans un trou plus profond encore. Un phénomène curieux se produit alors : tout le monde le regarde… et saute dans le vide à sa suite. » (Charlie Chaplin s’apprêtant à tourner Le Dictateur, en 1939. [4])


Sylvio Le Blanc






[3] Passage écrit le 15 juillet 1940 et tiré du livre : Arthur Koestler, œuvres autobiographiques, Éditions Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1994, p. 1140. https://www.amazon.fr/Oeuvres-autobiographiques-Arthur-Koestler/dp/2221071840





Et aussi : La Revue du cinéma. Image et Son, no 313, janvier 1977, Paris, p. 57.




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