Un coquetel explosif

Identité, immigration, sécurité

Le fascisme n’est pas dans le diagnostic, il est dans le remède

Chronique de Richard Le Hir

Il y a de la confusion dans l’air, une confusion qui, si l’on n’y prend garde, a le potentiel de nous précipiter dans les pires dérives.

De retour de France où ils ont été témoins d’incidents troublants, certains d’entre nous sont prêts à justifier par la nécessité impérieuse et le bon sens même les mesures récemment annoncées par le président Sarkozy pour renvoyer dans leur pays d’origine les éléments qui perturbent l’ordre public et menacent la sécurité, tant celle de la population que celle du pays, tout en nous prévenant que nous pourrions éventuellement nous retrouver dans la même situation.

Que l’immigration puisse, dans certaines circonstances, devenir une menace pour l’identité et la sécurité de sa société d’accueil ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est d’ailleurs ce que je soulignais de la façon suivante dans un texte précédent intitulé [« Le vrai visage de Sarkozy »->29546] en affirmant que :

« Que l’immigration pose problème est une évidence que seuls les aveugles et les profiteurs du système se hasarderaient à nier. Le fait est que l’immigration, c’est d’abord une main d’oeuvre à bon marché, et ensuite de nouveaux consommateurs qui font tourner l’économie d’un pays, sauf lorsqu’ils sont si mal préparés, si peu intégrables, qu’ils deviennent un fardeau, voire même une menace pour leur société d’accueil. »

Or l’immigration est de plus en plus un problème, non seulement en France, mais dans tous les pays d’accueils, notamment aux États-Unis, et même au Québec.

Au cours de la dernière année, il n’y a pas une semaine où les médias n’aient rapporté un incident quelconque soulevant la problématique de l’intégration des immigrants. En Suisse, l’érection de minarets s’est heurtée à une opposition farouche qui s’est exprimée par voie de référendum. Aux États-Unis, on a trop tendance à l’oublier, l’immigration mexicaine est rendue responsable du trafic de drogue, de la faiblesse du salaire minimum, du recul de l’anglais comme langue officielle, et de la prise de pouvoir de Barack Obama (!). Un chroniqueur de CNN, Lou Dobbs, a même réussi à mobiliser l’attention du pays tout entier en dénonçant chaque jour la problématique de l’immigration illégale pendant plusieurs années avant que les pressions des profiteurs du système ne fassent reculer son réseau qui a fini par le priver d’antenne.

[->29715]En France et au Québec, c’est le port du voile qui a suscité des malaises, avant que, cet été, pour créer une diversion à l’affaire Woerth-Bettencourt, ce « voyou » de Sarkozy (voir la page couverture de Marianne du 6 août) ne déclenche une chasse aux immigrants qui perturbent l’ordre républicain en brandissant la menace de leur retirer leur nationalité française pour ceux qui l’ont acquise, et de les déporter dans leur pays d’origine, histoire d’aller repêcher dans les eaux de l’extrême-droite lepéniste les votes qui lui échappent au centre.

Mais le fait de partager un diagnostique et de reconnaître l’existence d’un problème ne signifie pas pour autant qu’on doive partager les remèdes ou les solutions envisagées. Je me suis, pour ma part, inscrit en faux non pas contre le diagnostique, mais contre le remède. Ce n’est pas en recourant à des mesures odieuses en plus d’être inconstitutionnelles, et qui évoquent davantage le nazisme que la tradition du respect des droits de l’homme, qu’on va régler le problème. En fait, on ne le règlera pas du tout de cette façon, mais on attisera à des fins purement électoralistes et personnelles les pires instincts de la masse. En bon français, ça s’appelle de la démagogie de bas étage.

Si l’on s’arrête d’abord au cas de la France, on est obligé de déplorer une aggravation de la situation depuis quelques années. Curieusement, personne n’a encore souligné que la suppression du service militaire obligatoire y avait contribué. En effet, le service militaire permettait de rattraper in extremis tous ceux que le système d’enseignement avait échappé en cours de route en leur inculquant de gré ou de force les valeurs « républicaines » qui pourraient leur permettre d’évoluer correctement dans leur société d’accueil. Et la perspective du service militaire obligatoire pour leurs fils avait un certain effet dissuasif sur les candidats à l’immigration qui auraient été de toute façon les plus réfractaires à toute intégration.

Les États-Unis, pour leur part, sont tellement confiants dans la capacité de leur enseignement de mouler les valeurs de leurs immigrants à leur modèle qu’ils ont, face à la problématique de la délinquance et de la criminalité chez les immigrants légaux et illégaux, choisi de ne pas déporter les étudiants, comme le rapporte justement un article du New York Times paru hier.

Il n’est pas encore question de recourir à des méthodes aussi radicales et odieuses que celles de Sarkozy, mais la détérioration rapide de la situation économique et la perspective de gains de l’extrême-droite aux élections de mi-mandat cet automne laissent présager le pire, d’autant plus que les années Bush ont habitué les Américains aux dérogations aux droits de la personne pour des raisons de « sécurité », et que certains États ont adopté, ou menacent d’adopter, des lois répressives en matière d’immigration, comme cela a été dernièrement le cas pour l’Arizona et dont un juge a dû suspendre in extremis les dispositions les plus contestables, le temps que des tribunaux supérieurs puissent se prononcer sur leur validité.

Chez nous, les chartes de droits, tant fédérale que provinciale, limitent énormément la marge de manoeuvre des gouvernements, comme nous avons eu l’occasion de le constater, et de le déplorer, à plusieurs reprises. Il faudra pourtant trouver des solutions à ces problèmes-là, et il faudra le faire sans y laisser notre âme, de façon intelligente et respectueuse pour les uns et les autres. C’est le genre de défi que devrait relever un projet de Constitution québécoise.


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3 commentaires

  • Christian Sébenne Répondre

    14 août 2010

    Monsieur LE HIR,
    Certains pays dont la France que vous connaissez sûrement mieux que moi, ont toujours connu des vagues d'immigrations, au cours des siècles ces populations se sont toujours intégrées pour se fondre dans le moule et épouser les valeurs de ce pays.
    Or, depuis déjà quelques décennies, ce ne sont plus des vagues d'immigrations, mais de l'invasion non contrôlée qui, attirée comme des mouches par toutes les bontés offertes par la république qui s'est joyeusement mise à la bottes des immigrants.
    Le distinguo s'impose pour saisir que nous n'avons pas à faire à une situation normale. Déjà, avant l'ouverture des frontières la situation était dramatiquement cachée, avec la mise en place de l'union européenne, de partout c'est la ruée immigrante de desperados "sans papiers" en mal d'aventure qui inondent littéralement ce pays pour profiter d'un système qui a fait la part belle à tous les étrangers. Et, comme vous en faites état ici, le port du voile n'est que l'arbre qui cache la forêt. La France en est au stade où cette immigration décomplexée impose ses valeurs en standard de mode vie, c'est le monde à l'envers et ça ne peut pas marcher, on en est à l'overdose, la coupe est pleine.
    La France est un tout petit pays déjà surpeuplé, seul, depuis plus de cinquante ans Jean-Marie LE PEN n'a fait que tirer la sonnette d'alarme jusqu'à l'usure sur les dangers que représentait et représente une immigration non encadrée, mais plutôt que d'entendre le sens profond de ce qu'il disait, ridiculisé par les pouvoirs en place, mais surtout les médias ont fait diversion en diabolisant son discours le traitant de nazifiant, de raciste et j'en passe, jusqu'à vouloir le faire assassiner à plusieurs reprises, il avait le tort d'avoir raison.
    Autrefois, comme vous le soulignez M. LE HIR, l'armée était un élément essentiel d'intégration, qui permettait à chaque jeune d'avoir sa chance d'être repêché dans cette société, c'était l'école de la discipline, de l'ordre, de la camaraderie, pour certains jeunes une chance de sortir de chez eux et de se mélanger à toutes les couches de la société, et enfin, nombreux sortaient de l'armée avec un métier ou des qualifications qui leur ont permis d'évoluer positivement dans la vie, même les plus fortes têtes en sortaient avec des valeurs inculquées, et pour les pires des pires et j'en ai connu, ils savaient au moins dire; bonjour, merci et au revoir, ceci va peut-être vous faire sourire, mais aujourd'hui ces simples mots qui sont la base du civisme ont disparu. Israël ne s'y est pas trompé et tient d'une main ferme son ethnocratie par un service obligatoire de trois années pour filles et garçons.
    L'immigration sauvage qu'elle soit au Québec ou en France est le fruit d'une logistique programmée de longue date afin de déstructurer volontairement ces pays et d'en prendre le contrôle, il suffit de se souvenir du vote de 1995, les exemples sont quotidiens, la seule réponse à la voyoucratie en place; "l'indépendance" immédiate pour ces deux pays.
    Christian SÉBENNE

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    13 août 2010

    Citations
    --------------------------------------
    «En France et au Québec, c’est le port du voile qui a suscité des malaises»
    [...]
    «Chez nous, les chartes de droits, tant fédérale que provinciale, limitent énormément la marge de manœuvre des gouvernements, comme nous avons eu l’occasion de le constater, et de le déplorer, à plusieurs reprises. Il faudra pourtant trouver des solutions à ces problèmes-là...»
    Richard Le Hir
    --------------------------------------
    Mon commentaire ;
    Excusez-moi si j'ai de la difficulté à comprendre comment vous arrivez à la conclusion de votre texte portant sur l'immigration, mais j'aimerais savoir ce que sont ces problèmes-là auxquels vous faites allusion pour le Québec à part le port du voile ?
    Jacques A Nadeau
    Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    11 août 2010

    Les USA, LE pays de l'immigration, en est rendu à questionner le droit du sol, un dogme fondamental du pays (rappelons que pour être président faut être né aux USA. Si le Canada appliquait la même loi, exit à la p'tite Michaelle de Jacmel, exit Mme Poy de Hongkong).
    Mais faut amender la constitution, ce qui n'est pas de la tarteC'est un très gros morceau mais on en est rendu là face à l'invasion. On parle de 4 millions d'enfants illégaux qui ont la citoyenneté.

    http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/201008/11/01-4305750-79-des-enfants-dimmigres-illegaux-ont-la-nationalite-americaine.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_etats-unis_286_section_POS3

    Ramené à l'échelle démographique québécoise, ca ferait 100,000 enfants illégaux qui auraient eu la nationalité canadienne au Québec.
    Combien en réalité? Difficile à dire. On sait qu'on reçoit entre 8 et 10,000 revendicateurs du statut de réfugiés. L'immense majorité sont des illégaux qui sautent la ligne (Vancouver attend un bateau plein de Tamouls cette semaine, on raconte même que le chef des Tigres est dedans. C'est Paul Martin qui va être content...)
    Au cours de la dernière décennie, le Québec a accueilli entre 80 et 100,000 "réfugiés". Alors si on fait une moyenne d'un enfant né ici par "réfugié" (estimé conservateur....), ben ca fait 100,000 enfants!
    Le dossier de l'immigration au Québec, c'est un immense dossier. Notre avenir se joue là.
    Ben y'a pas un seul journaliste spécialisé dans le domaine au Québec. Y'a je ne sais pas combien de spécialistes de l'environnement (encore aujourd'hui ils nous ont fait peur avec un glacier qui font) mais personne en immigration. Pis, vous avez vu qui ils viennent de nommer à L'Immigration? L'avocate d'Alliance Québec. Est-ce qu'Israel nommerait une Palestinienne à la tête de l'Immigration???