Il faut aider l'Alberta

André Pratte prêche la dépendance interprovinciale au nom des intérêts de l'Empire Desmarais dans le pétrole albertain

La victoire surprise des libéraux de Christy Clark aux élections en Colombie-Britannique mardi a été accueillie avec un soupir de soulagement en Alberta. En effet, le parti qui était favori jusque là, le NPD d'Adrian Dix, s'était fermement opposé aux deux projets d'oléoduc devant permettre l'exportation du pétrole des sables bitumineux vers l'Asie. Sans la concrétisation d'un ou l'autre de ces projets, l'industrie pétrolière canadienne connaîtra de graves difficultés.
Le soulagement passé, les Albertains devront faire face à une dure réalité: la première ministre Clark n'a pas fermé la porte à ces nouveaux oléoducs mais elle pose des conditions qui seront difficiles à satisfaire. En particulier, affirme le programme électoral de son parti, «la Colombie-Britannique doit recevoir une part équitable des retombées économiques et fiscales» desdits projets.
Déjà, la plupart des emplois créés par la construction du Northern Gateway d'Enbridge ou du Trans Mountain de Kinder Morgan le seraient en Colombie-Britannique. Outre cela, quelle part des retombées serait «équitable» ? On arrive là en terre inconnue. Mme Clark exige-t-elle que l'Alberta lui verse une partie de ses redevances sur le pétrole? Cela créerait un précédent aux conséquences à long terme imprévisibles.
Il est tout à fait normal que le gouvernement de la province exige le respect des normes environnementales les plus élevées. Toutefois, les habitants de la Colombie-Britannique ont, envers leurs voisins albertains, un devoir de solidarité. Comme tous les Canadiens, ils profiteront pendant des décennies de la richesse découlant de l'exploitation des sables bitumineux. Si, par égoïsme, ils nuisent à cette industrie ou tentent de l'extorquer, ils feront du tort à tout le pays. Et ils se tireront dans le pied. Qui dit qu'un jour, la Colombie-Britannique ne souhaitera pas le passage en Alberta d'un gazoduc permettant de transporter vers l'est une partie de ses immenses réserves de gaz naturel?
D'ailleurs, on voit que les préoccupations environnementales des Britanno-Colombiens sont à géométrie variable. Mme Clark appuie sans réserve l'exploitation des gaz de schiste, leur transport par gazoduc jusqu'à la côte et la construction d'usines de liquéfaction aux fins d'exportation. Feu vert au gaz local, feu rouge au pétrole du voisin.
Les Québécois ont aussi un devoir de solidarité à l'endroit de leur concitoyens de l'Alberta. Il faut bien sûr exiger que le renversement de l'oléoduc 9B (un projet d'Enbridge) entre l'Ontario et Montréal respecte les normes environnementales les plus élevées.
Toutefois, la province serait mal venue de bloquer le projet tout en continuant à empocher les milliards en péréquation qui lui viennent des contribuables albertains. De toute façon, si les prix du pétrole de l'Alberta s'effondrent faute de marchés, ces milliards fondront comme neige au soleil.


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