Voici l'allocution prononcée hier par Pauline Marois à l'occasion de l'annonce officielle de sa candidature à la direction du Parti québécois.
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Quel plaisir de vous retrouver ! D'abord, quelques mots à l'intention de Gilles Duceppe. Lorsqu'il m'a fait part de sa décision hier, j'ai été profondément émue tant par le geste courageux, parce qu'il faut bien le dire, cela prend beaucoup de courage pour faire ce qu'il a fait, que par le sens des responsabilités dont il fait preuve. Je le remercie pour son appui et je peux l'assurer que, si je suis élue chef du Parti québécois, c'est dans une étroite collaboration que nous travaillerons ensemble, pour le Québec.
Vous savez, toutes les années que j'ai passées au service du Québec et des Québécoises et des Québécois, c'est avec le Parti québécois que je l'ai fait. Parce que c'est le parti de la justice sociale, du développement économique et durable et de la saine gestion des finances publiques. Notre Parti vit aujourd'hui des heures difficiles, et cela m'attriste. Parce que ce Parti, en fait les militants de ce Parti, ont fait beaucoup pour le Québec et qu'ils peuvent encore faire plus.
Depuis 18 mois, j'ai été absente de la scène politique. Mais depuis 18 mois, j'ai beaucoup écouté. Le 26 mars dernier, les électeurs du Québec ont infligé au Parti québécois une sévère défaite. Si la conjoncture explique en partie ce résultat, des facteurs plus profonds l'expliquent aussi. Un parti politique qui ne répond pas à une nécessité évidente se condamne à la marginalité, même à la disparition.
Non à la marginalisation
Depuis sa fondation, le Parti québécois s'est construit sur deux piliers : la social-démocratie et la souveraineté. Vouloir les renier lui ferait perdre sa raison d'être et son âme. Tout comme le fait de se radicaliser en refusant d'avance à gouverner un Québec encore province, serait une recette assurée pour la marginalisation, voire le suicide.
Il faut renouveler notre approche, mais il faut surtout écouter et respecter les volontés exprimées par les Québécois. Ce que les Québécois nous ont dit le 26 mars dernier, ce n'est pas qu'ils sont contre la souveraineté. Ce qu'ils ont clairement dit, c'est qu'ils n'étaient pas prêts à faire un référendum sur la souveraineté, maintenant.
Aucun peuple ne peut renoncer à sa souveraineté. Aucun parti politique n'a moralement le droit d'écarter d'une manière définitive le droit d'un peuple à s'autodéterminer. Mais tout le temps et toute l'énergie passés à débattre la mécanique sont du temps et de l'énergie qui ne sont pas consacrés à convaincre de la nécessité de cette souveraineté.
Le piège d'échéancier
Le Parti québécois doit rompre avec le piège d'échéancier ou d'obligation référendaire. Il faut cesser la fuite en avant. C'est la première chose dont je veux parler avec les militants. Dans toutes les régions du Québec.
Je veux aussi leur parler de social-démocratie. Parce que le Parti québécois doit moderniser sa conception de la social-démocratie. Partout en Occident, des partis de centre gauche, sans rien renier de leurs valeurs profondes de justice sociale et d'équité, adaptent leurs politiques.
Le Parti québécois doit mettre résolument le cap sur la prospérité économique, dans une perspective de développement durable. Il faut créer la richesse. Pas parce que la croissance économique est une fin en soi, mais parce qu'elle est la condition essentielle pour faire avancer l'égalité des chances, financer les services publics et bâtir la vraie solidarité.
Au coeur de ma proposition politique : la famille comme pilier de notre société ; l'égalité des femmes et des hommes, l'école comme lieu d'apprentissage et de formation ; la culture comme marque distinctive de ce que nous sommes ; l'environnement parce que notre planète est fragile, parce qu'elle a besoin de nous pour le futur, mais tout autant pour le présent.
Francophones, solidaires, tolérants...
Les valeurs que nous partageons, toutes origines confondues, nous les connaissons : nous sommes francophones avant tout, solidaires et démocrates, tolérants mais désireux du respect de notre identité.
Comme vous le constatez, j'ai toujours le goût du Québec, la passion de m'engager de nouveau pour servir ce Québec que j'aime profondément. C'est avec détermination, mais aussi avec beaucoup de sérénité, que je m'engage dans cette campagne. Ce que j'ai rapidement abordé, j'y crois profondément Et c'est de cela dont je discuterai durant les semaines qui viennent.
Ce sont les changements auxquels le PQ doit adhérer, s'il veut redevenir le parti des Québécoises et des Québécois. C'est de ce Parti renouvelé avec vous dont je veux être la chef. C'est ce parti qui peut nous porter au bout de nos rêves.
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