Une charte des valeurs doit être adoptée.
La Proposition du gouvernement est une bataille politique que les indépendantistes n’ont pas le droit d’échapper, pour quelque raison que ce soit.
La bataille qui fait rage porte loin dans le futur. Elle devra être soutenue pendant des années. Les gouvernements indépendantistes ne sont pas habitués à soutenir pareil Combat sur le long. Et Jacques Parizeau ne l’est pas davantage, lui dont toute la méthode politique a consisté à proposer un référendum, une voie politique rapide, certes, mais hélas totalement offerte à toutes les manœuvres de l’ennemi. Ce sont les indépendantistes qui sont les plus fidèles et les plus résilients parmi Nous, mais depuis le temps de l’autre Charte, celle de la langue, (et dont à l’époque Jacques Parizeau n’avait pas été le ministre le plus exposé), les indépendantistes sont davantage habitués à soutenir, à tenir à bout de bras le Combat d’une Cause, sans qu’ils ne remarquent assez maintenant que l’actuelle proposition de la charte des valeurs, toute complexe et vulnérable qu’elle puisse paraître, est un aller simple vers quelque chose qui pourrait bien mener à la mère de toutes les batailles.…Hélas, encore une fois, les interventions de Jacques Parizeau servent davantage ceux qui font barrage à une Charte, les mêmes d’ailleurs qui ont fait et qui feraient encore barrage à un éventuel référendum, qu’à cet immense électorat dont les indépendantistes font partie, et qui rêve et qui espère inlassablement que le Québec sorte de son immobilisme. La Proposition du gouvernement est une habile stratégie pour un passage politique obligé, une stratégie pragmatique, de fait à la fois si stratégique et si pragmatique, qu’elle a fait commettre au West Island une erreur historique.
Après une charte de la Langue, voici une charte des Valeurs : Nous continuons à prendre notre place. Et Nous continuons à remettre le West Island à sa place.
Tout le West Island ¹ a bien perçu le « danger », mais ne l’a pas totalement circonscrit. C’est la raison pour laquelle il a été le premier à souhaiter que le gouvernement « scinde » la Proposition, afin d’en atténuer la charge explosive, et retourner rapidement la « période transitoire» prévue en un « droit de retrait ». Sur ce point, le West Island s’abuse et biaise sa lecture de la Proposition : il assimile un « droit de retrait » qui n’existe pas dans la Proposition à la clause « nonobstant » de la constitution canadienne qui, elle, de toute façon, n’a jamais été autre chose qu’une voie sans issue, alors d’autre part qu’ il s’imagine, on ne sait pas trop ni comment ni pourquoi, que ce faux « droit de retrait » serait assimilable à la pratique de l’« opting out » dans le fédéralisme canadian, alors, alors pourtant… alors que la Proposition du gouvernement est muette à cet égard et ne peut pas être autrement que muette… Le West Island parie et se déchaîne donc à court terme sur une autre défaite des indépendantistes, parce qu’il pressent avec raison il ne pourrait plus rien gagner à long terme advenant qu’une Charte des valeurs soit adoptée.
Si la Charte « passe »… si le P.Q. « passe »… et peu importe la première des deux éventualités, le West Island sera définitivement isolé avec ses libéraux. Et d’autant mieux qu’Ottawa ne viendra pas au secours du West Island, l’enclave la plus rouge du Canada. Le débat pourrait donc se faire entre un gouvernement légitime à Québec et un très légaliste « gouvernement des juges » à Ottawa. Il y a là pour notre Cause une opportunité historique. Cela ne s’est pas produit si souvent.
Ceux qui font barrage à une Charte espèrent que le gouvernement péquiste reculera encore, ce qui pourrait le discréditer définitivement. Au-delà, c’est Nous qu’ils espèrent faire hésiter, puis reculer.
À Nous de nous faire entendre.
¹ Ainsi que nos traditionnels braillards et nervous Nellies, de gauche et de droite.