L'été des ouaouarons

Tribune libre

**Hier, la famille Molson n'a pas voulu confimer ses pourparlers avec Investissement Québec. «Nous ne dévoilerons pas des bribes d'informations au fur et à mesure. Nous serons heureux de partager ces informations une fois la transaction bouclée», a indiqué Luc Beauregard, porte-parole de la famille Molson, à La Presse Affaires. 04Août 2009
Que viendrait faire encore de l’argent publique dans ce qui ressemble à une partie très privée, confidentielle**, à la fois familiale et corporative, totalement dénuée d’esprit sportif, dans une affaire qui a l’apparence, mais seulement l’apparence, sans plus, du délit d’initié.
En effet, il y a toujours eu un Molson au c.a. du Canadien de Montréal (CH) depuis au moins 1978, ainsi qu’au c.a. de la compagnie Molson, maintenant Molson-Coors. Geoffrey Molson peut bien s’être abstenu de participer au c.a. du CH depuis fin Mai 2009, lorsque ses frères et lui ont signifié leur intérêt pour acheter le CH, c’est en réalité depuis novembre 2008 qu’il avait été révélé par M. Balsillie, que le CH était à vendre. Malgré les dénégations constantes de M. Gillett à ce sujet, le CH a bel et bien été vendu. M.Balsillie avait raison.
Dans le récent derby pour l’acquisition du club Les Canadiens, dans cette supposée mise en scène, présumée avoir été orchestrée par M. Gillett et son groupe, afin de favoriser l’enchère, paraît-il, il avait été soumis que les « jeunes » Molson allaient procéder par leurs propres moyens financiers.
Si les moyens financiers en question ne sont pas là*, à l’été 2009, tout le reste n’est qu’apparence, manœuvres et suppositions. Nous serions témoins de la danse des ouaouarons, et de bien gros.
Que viendrait faire le gouvernement Charest dans pareille swamp ?
Quelle sorte d’administrateurs sont-ils donc, les « jeunes Molson », pour venir demander maintenant des aides à Investissement-Québec, plus généralement au gouvernement du Québec ? Surtout après avoir tant affirmé. Si tout cela est vrai par ailleurs. Toute leur stratégie d’achat du CH consistait-elle, les mains vides, mais longues, mais plus longues que vides, à simplement éliminer le groupe Quebecor de l’encan d’achat du CH ?
En ce cas, l’intervention à venir du gouvernement Charest, fatalement rétroactive à l’achat « conclu » par les frères Molson, s’expliquerait, mais ne se justifierait pas. Et même si elle était légale, en effet, cette intervention, elle n’en serait pas moins immorale. Évidemment, pareille affirmation, le légendaire sens de l’humour de l’humoriste qui nous tient lieu de P.M. le ferait rire à en mourir. Il s’était déjà trouvé drôle lui-même, en France, d’avoir affirmé que le Québec les voulait, lui, les « plombiers polonais ». Immoral, maintenant, avec le CH, un fleuron de l’économie du Québec ? Quelle idée! Surtout si les intérêts supérieurs du Québec coïncident avec le clientélisme du P.L.Q.

Mais dusse-t-il avoir pour lui tous les rieurs, les ricaneurs et les buveurs de bière du Québec, à se rouler par terre jusqu’à ramper, il n’en serait pas plus moral pour autant. Depuis l’affaire des papiers commerciaux, en effet, et les dernières(?) récentes pertes de la Caisse de Dépôt, le p.m. Charest fait moins rire.
Certes, certes, et re-certes, tant qu’on voudra, les Molson sont québécois. Il s’agit d’une vieille famille du Québec profond. Assurément des souches ! L’entreprise qui porte le nom Molson, sur la rue Notre-Dame, est bel et bien en territoire montréalais. Et c’est bien le moins que le gouvernement du Québec, surtout s’il est libéral, puisse redonner en 2009, à la suite de ce que le gouvernement péquiste avait donné, lui, en 2001, un coup de pouce, un de plus, dans les affaires de cette vieille famille méritante, dont l’ancêtre est arrivé ici d’aussi loin que 1782***.
Et voyez donc cet autre, Bernie Ecclestone, à l’été 2009, qui n’arrive pas d’aussi loin que les Molson, qui n’est pas québécois, mais qui rapplique sans gêne lui aussi, et en grande vitesse…après avoir humilié Montréal et tout le Québec. Faut-il faire comme Radio tralala, et avaler toujours les crachats de pareils pas-bons ?
À ce jeu de mainmise, sur l’argent et les sentiments du peuple québécois, de ces québécois et de ces québécoises… avec cette façon polie et précautionneuse de nous humilier, sous couvert que nous serions devenus d’ « affaires », « ouverts », « culturels », « festifs » et « alouettes », est-il nécessaire que notre gouvernement y collabore ? J’ai préféré mille fois la façon de procéder de Lucien Bouchard à l’égard des Expos : politesse, fermeté, dignité. Et j’ai espéré dernièrement que le CH puisse enfin être acheté, pour être un peu québécisé, oui qué-bé-ci-sé , par Que-be-cor et P.K. Péladeau. Il m’avait suffi de voir avec quel aplomb, quelle justesse et dignité, et quel sens politique aussi, Julie Snyder, sa conjointe, avait une fois réglé son compte au prétentieux et hilare Philippe Couillard, grand ouaouaron d’un soir du P.L.Q.
Le CH est mystificateur. Les Molson en profitent depuis longtemps. Le P.L.Q.continue de s’enfoncer…On se pince le nez. En cet été 2009, plus qu’en tout autre, la tradition du CH, la fameuse tradition, rime avec trahison****, celle de ses fans québécois, si fidèles. De tout le peuple québécois, si fidèle lui aussi.

L’été des ouaouarons va bien finir par s’achever. Assurément.
*MALGRÉ ! Malgré les déboires de CIT group.inc, le supposé banquier prévu au financement des Molson. Faudrait aller voir de ce côté…on verrait poindre récemment la politesse, la fermeté, la dignité de l’équipe Obama.
*** John Molson ne fut pas un contemporain de Wolf et Montcalm. Il fut un contemporain de Lord Durham.
**** Tout est fait pour rendre plus difficile la venue d’une grande vedette franco avec l’équipe. Et même si cela advenait—tout reste possible-- ce serait après avoir préalablement vidé le club des déjà rares franco. À Montréal, c’est la minorité qui ignore la majorité. À quelques très rares exceptions, nos journalisss de sports sont complices. Par là, ils sont aussi nos plus grands colonisés : l’avant-garde d’une certaine radio-poubelle.


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 août 2009

    Merci à messieurs Bousquet et Boivin.
    De toutes les réponses à mes quelques textes fournis sur Vigile, ce sont ceux-là qui m’ont fait le plus plaisir.
    M. Bousquet sait que je suis un de ses fans (même si je suis un séparatiste, oui-oui, un sé-pa-ra-tis-te).
    La réponse précise et exacte de M. Boivin me sera pour toujours une référence. Merci.
    Je crois que nous sommes d’accords : avant d’être une affaire de définitions, de positions et de positionnements, la fidélité est une affaire de cœur.
    Quant aux Molson : il n’est pas nécessaire de prononcer un serment pour toujours le tenir…

  • Gaston Boivin Répondre

    16 août 2009

    John Molson, le contemporain de Durham était l'aîné des 3 fils de Jonn Molson, dit l'ancien, qui, à l'âge de 18 ans, en 1782, 19 ans après le Traîté de Paris, quitta l'Angleterre avec sa famille pour venir s'installer à Montréal.
    John Molson fils, né à Montréal en 1787, n'était pas seulement un contemporain de Durham mais il pris une part active dans les évènements de 1837 en prenant parti, à titre de loyaliste, à l'encontre du peuple canayen, en faveur de la couronne brtannique coloniale. Il fût d'ailleurs membre actif de la milice loyaliste anglaise où il y avait le grade de colonel et, à ce titre, alors qu'il faisait parti de l'escorte qui transportait 2 patriotes faits prisonniers, il faillit de peu être tué lors d'une escarmouche à Longueil, sur le chemin Chambly, au cours de laquelle d'autres patriotes réussirent à libérer ces prisonniers, sa casquette ayant alors été troué de plombs. Son grand ami était Peter Mcgill (à ne pas confondre avec James Mcgill) qui, comme lui et John Samuel Mcord, faisait aussi partie de cette milice. Ces marchands anglais prospères et leurs confrères étaient résolument contre le soulèvement populaire et pour le maintien de leurs privilèges auxquels d'ailleurs s'attaquaient certaines des 92 résolutions des patriotes. Plusieurs parmis eux d'ailleurs siègeaient depuis plusieurs années au Conseil Législatif, dont les membres non élus mais choisis par le représentant de l'autorité coloniale, étaient en quelque sorte les chiens de garde de la Couronne britannique ou pour mieux dire les censeurs ou rectificateurs des décisions de l'Assemblée législative (dont les membres avaient été, eux, dûment élus) qui avaient l'heur de déplaire à l'autorité coloniale et à son élite constituée principalement de marchands anglais qui servaient l'autorité coloniale tout en s'en servant au détriment du peuple conquis qu'ils exploitaient.
    John Molson fils ainsi que Peter Mcgill étaient membres du Conseil Législatif lors des années qui ont précédé et suivi la Rébellion des Patriotes, et, avec d'autres marchands anglais de Montréal ils y défendaient âprement leurs intérêts à l'encontre des soubresauts de la majorité Canayenne qui de plus en plus s'était mise à maugréer et à rouspéter. Ils étaient également membres du Conseil Spécial qui a suivi la rébellion de 1838 à 1840 (il y en eu 3), et, plus particulièrement, ils faisaient partie des membres de ce 3ième Conseil Spécial qui votèrent pour la réunion du Bas et du Haut canada. On sait de façon certaine que Peter Mcgill fut l'un de ces marchands anglais consultés par Durham avant que la décision ne soit prise de réunir les deux Canada. Qu'en est-il à ce propos de John Molson?!
    Comme on peut le constater, John Molson fils a fait son choix à l'époque et il semble que ses descendants n'y aient dérogé depuis si l'on se fie à leurs produits. Ainsi, il existe une bière nommée " Molson Canadian"! Je vous mets au défi de trouver son équivalent québécois " Molson Québécois" ou " Molson Québécoise". Sur Facebook, Molson, sur la même bière ainsi dénommée, a son site " Molson CANADIAN NATION". Inutile de chercher un site équivalent de "Molson NATION QUÉBÉCOISE!"( http://www.facebook.com/MolsonCanadian?ref=ts)(sans les guillemets).
    Ne cherchez plus trop les joueurs francophones au sein du Canadien de Montréal: Plus les anglophones tendront vers la majorité et une majorité croissante à Montréal, de moins en moins vous y aurez de joueurs francophones et de plus en plus tout se passera toujours plus en anglais concernant tout ce qui est relatif à ce club de Hockey!
    Répression des patriotes, union des Haut et Bas-Canada, assimilation des Canayens,... un seul et même combat!

  • Marcel Haché Répondre

    14 août 2009

    @ M.Bousquet...et aux amateurs si fidèles.
    Quebecor n’est pas une petite organisation. Mais il y a dans la ligue nationale de hockey pas mal de stéréotypes véhiculés contre les franco. Ce ne sont pas les plus vieilles générations de québécois qui sont abusés, ce sont les plus jeunes. Un kid de 20 ans, au Québec, ne remarque pas la « gestion » de cette organisation. Il lui suffit d’être partisan. C’est si facile et si plaisant. Je n’ai plus 20 ans, mais je suis un vieux tatoué CH, n’en doutez pas.
    Il suffit d’aller sur le site du CH, à l’item repêchage, et de remarquer, disons, les 20 dernières années. Cela commence à être représentatif. Vingt ans, l’âge de notre kid de tantôt. Vous verriez que non seulement les franco du Québec ne sont pas repêchés (du Québec ! Ce qui est en soi une trahison), mais une analyse juste un tipeu, juste un tipeu plus fine permet de remarquer que ceux repêchés parmi les franco, par le CH, le sont « loin » dans le repêchage. Autrement dit, les repêchés « loin » sont justement ceux dont la venue avec le grand club est le plus problématique au départ. Ils sont pourtant ceux le plus attendus. Espoirs déçus. Les nôtres, et les leurs surtout.
    Comme par hasard, les meilleurs franco seraient repêchés plus « tôt » par d’autres équipes de la ligue, quelques uns parmi eux deviennent effectivement de véritables stars. Depuis 20 ans! Depuis 20 ans, ceux-là ne sont JAMAIS accessibles au CH en repêchage. C’est comme çà, le hasard des repêchages.
    Et pour boucler la boucle, toute une presse à genoux, des jounaleux à genoux susurrent à notre kid de 20 ans que les grandes stars (même franco) hésitent beaucoup « à venir jouer à Montréal ».
    « Montréal », sous-entendez le Québec, c’est « spécial », sous-entendez c’est merdique : c’t’une ville bien trop francophone…
    Après, on se surprend que les jeunes québécois délaissent la pratique du hockey et, non plus, ne s’intéressent pas à la politique.
    La « québécisation » du CH, ce n’est pas de changer les couleurs du costume, de se mettre à utiliser « le gouret ».C’est repêcher les kids dans sa cour…Et rapatrier ceux qui ont encore le cœur à la bonne place…ce qui manque biens moins que ce que laissent entendre nos colonisés.
    À cet égard, je resterai poli : les Molson ont failli.

  • Gilles Bousquet Répondre

    13 août 2009

    Le gouvernement du PQ, avec les politiques de M. Parizeau, a sorti plusieurs Québécois francophones de la cave financière où ils végétaient en campagne et en ville aussi comme serviteurs des conquérants anglais mais il reste que ce sont encore les anglophones qui occupent le haut du pavé financier au Québec, moins qu'avant mais, encore presque autant.
    Fait que, pas surprenant qu'ils achètent tout ce qui coûte cher avec leur argent et celui des pensions des Québécois regroupées au gouvernement ou à notre caisse de dépôts ou à Investissement Québec itou. Nous devons nous me mettre en gang pour nous acheter des grosses affaires comme le CH.
    Les Québécois continuent d'avancer mais ne sont pas encore arrivés jusqu'au niveau des conquérants...normal.