Éducation

L’exigence à l’école, un gage de réussite dans la vie

Tribune libre

Dans sa chronique parue le 13 mai dans le Journal sous le titre Au Québec, l'école ne prépare pas les jeunes à la vraie vie, Richard Martineau amorce sa réflexion à partir d’un syllogisme fort révélateur de Philippe Lorange, un jeune intellectuel qui étudie en maîtrise à l’UQAM, qu’il a reçu à QUB radio : « La vie est difficile. L’école te prépare à la vie. L’école devrait donc être difficile ».

C’est un constat qui est peut-être « dur à avaler » mais il est déterminant pour le genre d’éducation dont on souhaite que nos jeunes profitent durant leur formation scolaire, notamment au secondaire où ils passent de l’enfance à l’adolescence ou, si vous préférez, à la vie de jeunes adultes.

Exigence

L’école est un lieu d’apprentissage et qui dit apprentissage dit nécessairement « exigence », laquelle conduit inévitablement au sens de l’effort. Comme l’exprime Richard Martineau avec pertinence, « L’école (surtout l’école secondaire, dont l’un des rôles est de prendre des enfants et de les transformer en jeunes adultes) devrait être le hall d’entrée de la vie. Or, actuellement, surtout au Québec où le mot « exigence » est perçu comme élitiste, l’école est considérée comme une extension du CPE »

À preuve, les élèves qui ont échoué leur année scolaire ne la reprennent plus,mais ils sont promus au degré supérieur, une situation qui conduit souvent à des classes hétérogènes qui rendent la vie de l’enseignant extrêmement ardue, d’autant plus qu’il y a une pénurie chez le personnel spécialisé. 

Du côté de la famille, la conciliation avec l’école est parfois inexistante, les parents se ralliant souvent à leur enfant contre le prof « incompréhensif » qui a puni leur progéniture qui s’est échappée en lançant une blague grivoise en pleine classe ou qui n’a pas fait son devoir à la maison.

Miroir aux alouettes

L’école doit rapidement se défaire de cette conception biaisée qui présuppose que tous les élèves peuvent réussir sans effort. C’est faire peu de cas que le « vraie » vie est jonchée d’obstacles que les jeunes devront apprendre à surmonter sur les bancs d’école à défaut de quoi ils frapperont un mur sur le marché du travail, dépourvus de moyens pour l’affronter. À cet égard, Richard Martineau en remet : « Et on élève nos enfants dans du papier bulle ? On leur fait croire que le monde est un épisode des Télétubbies ? Que les gens vont tenir compte de leurs émotions? Et mettre des gants blancs lorsqu’ils s’adresseront à eux ? » 

Dans cette foulée, les enseignants, comme les parents, doivent éviter de créer des « miroirs aux alouettes » qui ne font que présenter une image falsifiée de la réalité aux jeunes. À titre d’exemple, l’équipe d’enseignants doit éviter d’adopter une démarche de camaraderie envers leurs élèves. Les enseignants demeurent des intervenants en ligne d’autorité envers leurs élèves, et cela implique que les jeunes agissent en conformité avec leurs exigences.

Redressement

« À quand une école qui enseignera aux jeunes l’effort ? L’endurance ? La capacité de supporter la critique et l’adversité ? » demande Richard Martineau en conclusion de sa chronique. Pour y arriver, l’école doit se redresser et redevenir le lieu de formation nécessaire à toute forme d’apprentissage.

À cet effet, il faut privilégier les cours d’éducation physique, notamment en les faisant passer de 2 à 4 périodes par cycle. C’est souvent à travers la pratique d’un sport que le jeune apprend le sens des mots « effort’ et « persévérance », et les joies de la satisfaction personnelle et de l’estime de soi.

Sur un plan plus général, l’équipe-école doit établir comme règle d’or de féliciter les élèves qui ont progressé grâce à leurs efforts et les encourager à persévérer dans ce sens. Les jeunes sont très sensibles à ces petites « tapes dans le dos » même s’ils ne le démontrent pas toujours. Ils se souviendront longtemps de ce professeur qui l’a encouragé à ne pas abandonner, et ainsi à parvenir dans un milieu de travail exigeant mais valorisant.



Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2021 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    17 mai 2023

    Merci beaucoup, M. Champux, pour ce témoignage empli de grandes vérités.


  • François Champoux Répondre

    17 mai 2023

    Bonjour M. Marineau,


    Félicitations pour votre beau programme; je le partage, comme il se doit.


    Nul ne peut être contre la vertu, encore faut-il qu'elle soit enseignée. Les parents qui ont fait fi des efforts à l'école savent plus que quiconque combien il est important de faire les efforts nécessaires à l'acquisition des connaissances de base pour devenir autonome dans ce monde du travail.


    Oui, la vie est difficile nous enseigna le Bouddha et dès l'enfance nous y faisons face, qui que nous soyons; pas besoin d'un maître pour ça. Le maître doit nous enseigner la vertu, celle qui nous donnera les forces pour rendre cette vie moins pénible. Il n'est pas donné à tous d'être un premier de classe et la découverte de notre rang parmi la multitude nous conscientise à la difficiculté que ce monde nous prépare: être le meilleur malgré notre incapacité à l'être. Les maîtres doivent encourager, mais jamais décourager: favoriser l'importance de faire sa place parmi la masse sans déprécier aucune place. Nous ne pouvons pas tous devenir des docteurs, malgré tous les efforts du monde à tenter d'en devenir un.


    Il y a une place pour toutes et tous; à chacune et à chacun de la choisir en connaissance de cause, guidés par les maîtres en la matière.


    François Champoux, Trois-Rivières