L'humain, un servile rouage

Tribune libre

L’humain, un servile rouage

 

La grande œuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins commencée le 6 décembre 1900 fut celle de rendre les femmes et les hommes libres! Bien avant la Révolution tranquille du Québec des années 1960, ces deux citoyens de Lévis enseignèrent à chacune et chacun à croire d’abord en eux avant de se laisser endoctriner par n’importe quel prêche.

 

Durant les années 1990 arrivèrent les héritiers des Desjardins qui transformèrent le discours de liberté des fondateurs en une obligation de servilité : la coopération devint petit à petit une «solidarité imposée». Les femmes et les hommes devinrent tous un rouage d’une prospérité factice et grandiloquente. Ainsi naquit le totalitarisme du Mouvement Desjardins : plus communiste que coopératif!

 

C’est dans les discours de leaders charismatiques que se forgent les dictatures, où les êtres humains s’évaporent en de simples composantes d’un système maintenu en place par la «suprématie» des autorités : la démocratie devient oligarchie. 

 

Mais aucune dictature ne dure; leurs mensonges finissent par les trahir.

 

Seule la foi en soi crée des sociétés altruistes et fécondes qui, de leurs enfants bien aimés, savent redonner lorsque leur tour vient. Ce ne sont ni les autres ni les «grands» qui font un monde meilleur : c’est l’apport de chacune et chacun, la contribution individuelle aussi modeste soit-elle, qui érige les sociétés qui durent et perdurent.

Une contribution forcée par une autorité totalitaire tourne nécessairement à vide, sans respect des principes de l’idéologie, sans réel don de soi, sans liberté ni empathie. On n’impose pas la coopération; on la propose sinon, c’est pur dictature et absolutisme. Le coopératisme ne peut pas être la terreur communiste du Mouvement Desjardins actuel.

 

La fragilité de cette pensée idéologique tient à la bonne connaissance de l’art d’aimer; on ne peut aimer l’autre si d’abord on n’apprend pas à bien s’aimer soi-même. C’est la base d’une vraie coopération, celle qui se bâtit d’abord par des personnes libres, autonomes et qui savent vivre heureuses, vivre d’une simplicité vertueuse et non d’une richesse somptueuse jamais suffisante.

 

«...la dictature travaille contre la construction personnelle de l’individu. 

Elle tente de s’y opposer, de la saboter.»

 

Irme Kertész, Psychologie magazine, hors-série, 

novembre — décembre 2020, p. 86

 

Sommes-nous le rouage d’un système où une minorité s’accapare des richesses de tout un chacun au nom d’une société plus juste à bâtir? Sommes-nous au contraire des femmes et des hommes libres sachant faire le don de soi, parce que riche de cette connaissance millénaire : charité bien ordonnée commence par soi-même, c’est-à-dire, aime ton prochain comme toi-même?

 

Si on n’arrive pas à saisir cette nuance, cet art d’aimer à faire naître, on abandonne la construction de son être, de son individualité. C’est alors l’autre qui nous façonne à sa volonté, à son désir, à ses vues qui ne sont pas nôtres. Ainsi meurt le coopératisme et naissent le communisme, sa «solidarité imposée», son empoisonnement de la Liberté et l’emprisonnement des âmes dans le dirigisme d’un régime fermé et pétrifié; l’immaturité de l’être est alors signée et la servilité étouffe la Liberté.

 

Ainsi croissent les odieuses dictatures qui font des humains de serviles rouages de la finance : la fin (l’être humain) devient alors un moyen.

 

«J’aimerais que l’être humain refuse de devenir une pièce d’une grande machine sans âme. 

… C’est une obligation d’être juste et vrai vis-à-vis de soi face à l’hypocrisie collective. 

C’est difficile, voire impossible…»

 

Irme Kertész, Psychologie magazine, hors-série, 

novembre — décembre 2020, p. 87


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