En fin de semaine dernière, au congrès du Parti Québécois, plusieurs commentateurs auront noté l’accent nouveau mis sur l’indépendance, du moins dans les discours. Le Journal a même écrit: «La stratégie de Martine Ouellet réhabilitée». Ainsi, contrairement aux 23 dernières années et aux 7 élections depuis 1995, l’indépendance ne serait plus perçue comme un boulet que l’on doit exclure des campagnes électorales péquistes.
Le chef du Bloc québécois a même affirmé samedi: «Je ne pense pas que Mme Ouellet ait eu tort sur le fond». Alors, on peut se demander pourquoi le même Yves-François Blanchet a refusé de défendre l’indépendance au cours de la récente campagne fédérale. Le programme de son parti, voté au Congrès de mars 2019, l’engageait pourtant à le faire dans les termes suivants: «Sur chaque enjeu canadien soulevé à la Chambre des communes, notre parti explique sans équivoque ce qu’un Québec souverain aura le pouvoir de faire de plus et de mieux dans l’intérêt de la nation québécoise. Ce faisant, notre parti porte et illustre ce qu’est le Québec et en défend les intérêts d’ici l’indépendance». Or ce programme, voté à l’unanimité par les délégués, a été amputé, à la veille de l’élection, de toute la partie proposant un plan de promotion de l’indépendance.
Au cours de cette campagne, les mots souveraineté ou indépendance n’ont été prononcés par le chef du Bloc qu’après 1h47 du dernier débat et 1h38 du premier, et ce uniquement pour répondre à une question des adversaires. Accusé par ses adversaires fédéralistes de vouloir faire la promotion de la souveraineté après l’élection, crime grave entre tous, le chef du Bloc s’en est défendu vigoureusement en affirmant que «ce n’est pas le mandat que beaucoup de Québécois nous confient». Bien sûr, puisqu’il a tout fait pour ne pas solliciter ce mandat.
Le Parti québécois va-t-il suivre l’exemple du Bloc? Le chef par intérim du Parti québécois, lui aussi, a reconnu que son ancienne collègue, Martine Ouellet, «a raison à bien des égards». «Mais il y a la façon de faire», a-t-il ajouté. Alors quelle est la bonne façon de faire? Encore faut-il le faire et quand on le fait sérieusement et avec détermination, on se met des collègues à dos qui pensent à tort que cela ne va pas aider à gagner des élections. La question qui se pose, au-delà des paroles et de l’image du moment, le Parti québécois le fera-t-il?
Pour le moment, je trouve significatif que le Congrès de «refondation» du PQ ait refusé d’intégrer à la déclaration une résolution d’un militant voulant que le PQ doive présenter «à chaque scrutin une voie d’accès à l’indépendance dans une premier mandat». Il s’est fait répondre qu’il n’est pas question d’insérer des notions de stratégie. C’était aussi la réponse qui était donnée au temps de Pauline Marois et de Jean-François Lisée.
Le fait de proposer un plan d’accession à l’indépendance est-il une simple question de stratégie ? Depuis longtemps, nous sommes nombreux à dire qu’il faut expliquer aux Québécois ce que le pays changerait pour eux. On dit qu’il faut le faire, mais on ne le fait pas parce qu’il faut un plan crédible d’accession et une échéance qui ne peut être que l’élection de 2022.
Gilbert Paquette est un ex-député et ministre du Parti québécois
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