Tant Pauline Marois que François Legault ont concentré leurs tirs, lundi, sur Philippe Couillard et l’héritage de Jean Charest, que l’actuel chef libéral a dit assumer entièrement.
C’est un « triste héritage » qu’a reçu Philippe Couillard de son prédécesseur, a affirmé la chef du Parti québécois, qui a livré ses attaques sur l’enjeu de l’intégrité. Tentant par tous les moyens de se démarquer, le chef de la Coalition avenir Québec a employé, de son côté, des mots crus : il a invité Philippe Couillard à répudier « l’héritage de merde » de Jean Charest, répétant sur tous les tons le mot de Cambronne.
À Drummondville, Pauline Marois a reproché à Philippe Couillard de faire de l’intégrité un enjeu du passé. « Le chef libéral voudrait mettre ça derrière lui », a affirmé Pauline Marois. « Il parle d’une bataille du passé comme si la lutte à la corruption est terminée. C’est comme s’il voulait mettre le couvercle sur la marmite. »
Pour la chef péquiste, Jean Charest a laissé à Philippe Couillard « un bilan du déni et du refus d’agir ». Elle est revenue sur le quota de financement de 100 000 $ que devaient remplir les ministres libéraux, y compris Philippe Couillard, sur le salaire versé secrètement à Jean Charest pendant dix ans et sur Tony Tomassi, qui a lié l’octroi de permis de garderie au financement du parti.
Dénonçant le gouvernement Charest tant pour sa gestion de l’économie que pour son manque d’intégrité, François Legault a invité l’électorat « à y penser deux fois » avant d’élire un gouvernement libéral. « Donnez-vous un coup de pied dans le derrière », a lancé le chef caquiste. « Si vous voulez reconnaître que les neuf années libérales ont donné la merde qu’on a actuellement, bien changez ! Essayez une autre recette ! »
Au même moment, Jean Charest a fait une apparition, lundi à Montréal, prononçant une allocution, devant la Chambre de commerce française au Canada, dans laquelle il a vanté les réalisations économiques de l’ancien ministre des Finances, Raymond Bachand. L’ex-premier ministre a ensuite évité les journalistes en s’enfuyant par les cuisines de l’hôtel.
La montée du PLQ dans les sondages suscite un mélange d’incompréhension et de colère dans le camp caquiste. « Ça me choque. […] Les Québécois oublient vite », a déploré M. Legault, qui poursuivait sa campagne à Trois-Rivières et Bécancour.
« Dépassé » par la perspective de l’élection d’un gouvernement libéral le 7 avril prochain, le chef caquiste a appelé à la raison les électeurs paniqués de voir la campagne électorale se transformer en campagne référendaire. « Philippe Couillard fait peur au monde avec le référendum. Moi, j’aurais le goût que les Québécois recommencent à gagner. J’aurais le goût qu’ils votent positivement », a-t-il affirmé.
François Legault a demandé une nouvelle fois lundi au chef du PLQ de préciser ses liens avec l’ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Arthur Porter. « Je ne sais pas quelle sorte de poisson ils allaient prendre ensemble ? », s’est-il interrogé. « Les Québécois ont le droit de savoir. »
Pour sa part, Pauline Marois n’a pas voulu mettre en doute l’intégrité du chef libéral. « Tant qu’il n’y a pas eu d’allégation et de démonstration qu’il était en cause, je respecte M. Couillard et ce qu’il est », a-t-elle dit. Elle a aussi refusé d’aller jusqu’à affirmer que le PLQ était corrompu.
En matière d’intégrité, le comportement du PQ est irréprochable, a soutenu Pauline Marois quand on lui a rappelé les irrégularités relevées dans le rapport Moisan sur l’utilisation de prête-noms pour le financement du PQ et celles qui ont marqué le financement de sa course à la chefferie. « Jamais je n’accepterai qu’on compare le Parti québécois à l’éthique élastique du Parti libéral du Québec. Le PQ a toujours respecté la Loi sur le financement des partis politiques », s’est-elle défendue.
Couillard réplique
À Sherbrooke, Philippe Couillard a déploré l’attitude des péquistes « de s’autodéclarer les champions de la pureté. Je m’excuse, mais le rapport Moisan n’était pas sur le PLQ. »
Le chef libéral a accusé Pauline Marois de vouloir refaire l’élection de 2012. « Sauf qu’elle est finie, cette campagne. Ces questions ont été posées. Ce qui est sur la table, c’est le bilan du PQ depuis 18 mois », a-t-il dit.
Philippe Couillard estime néanmoins que « les questions [sur l’intégrité] sont toujours justifiées ». Mais il refuse de dévoiler quelles questions il souhaite adresser à Pauline Marois sur son intégrité. « J’ai dit que si elle choisissait ce terrain au débat [des chefs], j’aurais des questions. Mais je n’entends pas les poser aujourd’hui. » Il a soutenu que ces questions « ne sont pas prioritaires pour [lui]. Je parle d’emploi et d’économie ».
Au sujet de la commission Charbonneau, Philippe Couillard a répété lundi qu’il aurait souhaité qu’elle soit créée plus tôt. « Je pense qu’il aurait été bénéfique de le faire plus tôt », a-t-il dit… avant de suggérer le contraire. « Ceci dit, elle est en place, et son effet bénéfique sera le même. Ce n’est pas le délai de mise en place qui va faire que ce sera moins utile. […] En définitive, il n’y aura pas d’impact sur la qualité. »
Lundi, Pauline Marois a promis de présenter, dès sa prise du pouvoir, un projet de loi pour assurer la protection des dénonciateurs d’actes répréhensibles dans les organismes publics. Philippe Couillard s’est montré ouvert à l’idée, mais il a exprimé des réserves. Une protection trop grande pourrait « instaurer un climat de dénonciation permanent », craint-il.
L’ombre de Charest suit Couillard
Marois et Legault dénoncent le «triste héritage» légué au chef du PLQ
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