L’orgueil de Lisée

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Lisée saura-t-il rebondir ?

Il y a un trait de caractère de Jean-François Lisée qui a échappé jusqu’ici à la plupart des observateurs. Il s’agit pourtant d’un aspect de sa personnalité qui est important pour bien saisir sa stratégie.


En fait, le chef de l’opposition n’a pas d’orgueil. Ici, le lecteur se surprendra peut-être, habitué de voir en lui un homme qui ne doute pas de ses capacités, un premier de classe qui fait parfois « Ti-Joe Connaissant ».


Il y a du vrai dans tout ça, mais s’arrêter là serait ignorer un des principaux atouts de Lisée dans son parcours politique.


Sous-estimé


Là où beaucoup de politiciens auront peur d’avoir l’air fous, Jean-François Lisée répondra présent. Il sait user d’autodérision sur les réseaux sociaux, rigolera avec un chroniqueur du mot acerbe que ce dernier a eu à son endroit plutôt que de lui en tenir rigueur, et n’hésitera pas à se déguiser en camelot pour distribuer L’Itinéraire à l’Assemblée nationale.


Lorsqu’on l’imagine abattu par les annonces de départ ou disqualifié par les sondages, Lisée continue de rire dans sa barbe, un peu comme le jour où il a été élu chef du PQ. Ayant récupéré de ce que d’aucuns auraient vécu comme une humiliation incurable après son retrait de la course de 2015, sa connaissance de l’histoire politique du Québec l’amène à considérer qu’être sous-estimé est une posture politique avantageuse.


Encaisser les coups


On évoque souvent son gros ego, et on a raison de le faire. En effet, sa confiance en lui est à ce point inébranlable qu’il arrivera à récupérer de blessures qui seraient fatales à d’autres. On pourrait également parler d’un front de bœuf, ce qui a l’heur d’en agacer certains, mais qui est diablement utile quand ça chauffe.


Sa décision de partager la scène avec la populaire Véronique Hivon n’est qu’un nouvel exemple du peu d’orgueil dont ce politicien atypique fait montre lorsqu’il s’agit de se remettre en selle. On dit des péquistes qu’ils préfèrent avoir raison plutôt que de gagner. Pour Lisée, c’est le contraire.


C’est pour ça qu’il ne faut pas donner le PQ pour mort avant l’automne. Certes, celui-ci est loin d’être tiré d’affaire, mais dans la situation où il se trouve, la capacité de son chef à encaisser les coups reste encore sa meilleure arme.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.