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La Chambre des communes reconnaît formellement le « génocide » des Ouïgours en Chine

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Le PLC trop proche de la Chine pour la critiquer...


La Chambre des communes a adopté à l'unanimité, lundi, une motion conservatrice dans laquelle elle reconnaît qu'un « génocide » est actuellement perpétré par la République populaire de Chine contre les Ouïgours et « d'autres musulmans turciques ».




La Chambre demande aussi au Comité international olympique de déplacer les Jeux olympiques de 2022 si la République populaire de Chine continue ce génocide et demande au gouvernement d'adopter officiellement cette position, un amendement proposé par le Bloc québécois (BQ).


Le premier ministre Justin Trudeau et tous les ministres libéraux se sont abstenus lors de ce vote politiquement délicat dans le contexte de relations diplomatiques au stade glacial entre Pékin et Ottawa.


Le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, a enregistré l'abstention formelle au nom du gouvernement, s'attirant des railleries audibles pendant la visioconférence.



M. Garneau a déclaré avant et après le vote que le Canada prend au sérieux les allégations de génocide contre la Chine et souhaite qu'elles fassent l'objet d'une enquête approfondie par un organisme international crédible et indépendant.


Nous restons profondément troublés par les informations faisant état d'horribles violations des droits de la personne au Xinjiang, notamment le recours à la détention arbitraire, à la rééducation politique, au travail forcé, à la torture et à la stérilisation forcée, a-t-il soutenu dans un communiqué.


Le vote libre au Parlement du Canada garantit que chaque député peut prendre une décision fondée sur les données probantes disponibles. Pris ensemble, ces points de vue formeront le point de vue du Parlement. Nous souhaitons que les parlementaires travaillent ensemble et débattent de cette question cruciale.


M. Trudeau ne s'est pas rangé derrière les responsables américains, les défenseurs des droits de la personne et les juristes qui soutiennent que les violations constituent un génocide. Il a toutefois affirmé qu'il s'agit un mot chargé qui doit être utilisé avec prudence et a reconnu que de graves violations des droits de la personne étaient en cours dans la province du nord-ouest de la Chine.


Le premier ministre Trudeau et le président américain Joe Biden discuteront de la Chine lors de leur réunion virtuelle, mardi.



Mais des dizaines de députés libéraux ont appuyé la motion conservatrice, qui a été adoptée par 266 voix sur les 338 sièges aux Communes. Le député libéral montréalais Anthony Housefather avait indiqué sur Twitter lundi midi qu'il voterait en faveur de la motion et qu'il appuierait aussi l'amendement du BQ. Ce vote ne signifie pas un appui pour un boycott si les Jeux ne sont pas déplacés, précisait-il.


Les députés du Bloc québécois ont voté pour la motion. Le courage de tenir tête à un régime génocidaire a triomphé de la peur de le mettre dans l'embarras, a indiqué Alexis Brunelle-Duceppe, porte-parole du BQ en matière de droits de la personne.


Il ne s'agit que d'une étape sur la route menant à la fin du génocide, mais avec un tel signal de la Chambre, nous sommes confiants que d'autres parlements emboîteront le pas à notre démarche. La Chambre a envoyé un message clair, c'est maintenant au gouvernement de reconnaître le génocide et passer à l'action. Le silence ne peut perdurer, a conclu le député de Lac-Saint-Jean.


Les deux autres partis de l'opposition avaient indiqué avant le vote qu'ils étaient prêts eux aussi à appuyer la motion conservatrice.


Les néo-démocrates reconnaissent que les mesures chinoises de détention massive, de travail forcé, de surveillance et de contrôle de la population, comme la stérilisation forcée, contre les Ouïgours et les musulmans turcs du Xinjiang répondent à la définition du génocide, déclarait le chef du NPD Jagmeet Singh dans un communiqué.


Un porte-parole du Parti vert a déclaré que les trois députés appuieraient aussi la motion conservatrice et l'amendement du BQ.


Informations infondées, selon Pékin


Une tour d'observation derrière une clôture avec des barbelés.

Des défenseurs des droits de la personne pensent que des membres de la minorité musulmane ouïgoure sont détenus dans des camps de rééducation en Chine comme celui-ci. La photo a été prise en mai 2019.


Photo : Getty Images / AFP / GREG BAKER




Les députés conservateurs Michael Chong et Garnett Genuis ont été joints lundi par des membres de la communauté ouïgoure lors d'une visioconférence pour demander le soutien du gouvernement libéral à la motion, et ont affirmé que l'unanimité en Chambre enverrait un signal fort à Pékin.


Nous ne pouvons plus ignorer cela, a déclaré M. Chong, porte-parole du parti pour les affaires étrangères. Nous devons appeler les choses par leur nom : il s'agit d'un génocide.


M. Chong rejetait lundi les affirmations du gouvernement chinois selon lesquelles il n'y a pas de génocide. Dans une entrevue à La Presse canadienne, samedi, l'ambassadeur chinois au Canada, Cong Peiwu, a qualifié de non fondées les informations faisant état de millions de personnes dans des camps de détention soumises au travail forcé, à la stérilisation et à d'autres sévices. Il a aussi demandé aux parlementaires canadiens de ne pas se mêler des affaires intérieures de son pays.


Le député Chong rappelle qu'une multitude d'images satellites, de vidéos et de documents passés en contrebande, mais aussi des récits de Ouïgours évadés et des reportages par les principaux journaux américains documentent de façon crédible les atrocités commises par le régime chinois contre cette minorité.


Des images satellites haute définition et haute résolution, suivies au fil du temps, documentent clairement la construction de centaines de centres de détention, a déclaré M. Chong.


Dans un rapport publié en octobre, un sous-comité du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international des Communes avait déjà conclu que le traitement des Ouïgours par la Chine constituait effectivement un génocide – une conclusion que Pékin a rejetée comme étant sans fondement. Le Sous-comité des droits internationaux de la personne avait entendu des témoins ouïgours qui ont fait le récit de première main des atrocités subies.


Ce que nous avons sous nos yeux n'est pas compliqué : nous voyons l'existence de camps de concentration modernes, a déclaré M. Genuis.


Quand on pense aux esclaves forcés de cueillir du coton, il nous vient d'emblée des images du sud des États-Unis avant la guerre de Sécession. Mais cette description décrit également ce qui se passe présentement au Xinjiang.


Le premier ministre Justin Trudeau n'a pas voulu jusqu'ici aller aussi loin que les responsables américains, les défenseurs des droits de la personne et des juristes qui soutiennent que ces violations constituent un génocide. Il a affirmé la semaine dernière que le terme génocide est très chargé et qu'il doit être utilisé avec prudence, même s'il a reconnu qu'il ne fait aucun doute qu'il y a eu d'énormes violations des droits de la personne dans le Xinjiang.


Bob Rae, l'ambassadeur du Canada aux Nations unies, a appelé l'ONU en novembre à enquêter pour déterminer si la persécution des Ouïgours par la Chine constituait un génocide au sens de la convention internationale.




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