L'enquête sur la corruption dans la construction

La Commission Charbonneau a coûté $40 millions

Son rapport est disparu sans même avoir été lu

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La tentative d'enterrement des scandales Libéraux

L'une des émissions de télé les plus populaires au Québec ces dernières années, la Commission d'enquête Charbonneau sur la corruption dans la construction, à coûté 40 $ millions de dollars aux contribuables québécois, mais très peu d'entre eux ont finalement lu son rapport et ses recommandations. En pratique, le texte a disparu, évaporé, caché au loin comme un pestiféré.

De fait, il n'existe que très peu d'exemplaires imprimés de ce précieux document. C'est que le conseiller stratégique placé auprès de la présidente France Charbonneau par le gouvernement Charest, M. Alain Lauzier, ne voyait pas la nécessité de publier ces volumineux dossiers. «Pour faire des économies», il a finalement convaincu la commission qu'il était bien suffisant de les rendre disponibles sur internet.

C'est un des rares rapports embarrassants, préparés à la demande d'un gouvernement coincé, qui ne finira pas sur une tablette. Le document avec ses centaines de pages de témoignages compromettants sur la corruption dans l'industrie de la construction est condamné, lui, à l'oubli dans le cyberespace. Les contribuables ont entendu des hommes d'affaires véreux, des fonctionnaires pourris, des ingénieurs cupides et des politiciens amnésiques témoigner pendant des jours et des jours, mais c'est déjà loin dans leurs souvenirs. Pourquoi donc voudraient-ils publier un catalogue de leurs méfaits avec les noms de chacun de ces larrons?

Directement mis en cause par la participation de presque toutes les grandes firmes de génie dans ces entreprises de fraudes systématiques, l'Ordre des ingénieurs est sorti de sa torpeur et annoncé des enquêtes internes sur les mauvais sujets qui ont terni l'honneur de cette noble profession. Quelques roitelets de petites municipalités de banlieue ont été épinglés par la justice, mais aucun ancien député ou ministre n'a été traîné devant les tribunaux jusqu'à ce jour.

Bien au contraire, l'ancienne ministre Julie Boulet a même retrouvé une place dans le cabinet de Philippe Couillard. Le chef libéral a passé l'éponge sur les trous de mémoire de Mme Boulet. C'est que Mme Boulet a prétendu lors de son témoignage qu'on ne lui a jamais demandé de recueillir $100 000. pour la caisse électorale du PLQ. Plusieurs de ses collègues ont pourtant affirmé que c'était la consigne pour tous les ministres de Jean Charest…et bien évidemment, ces «dons» provenaient d'entreprises qui recevaient des contrats du gouvernement en retour.

Voici un autre exemple de ministre dont la conduite est très bien décrite dans le rapport de la Commission Charbonneau. Comme plusieurs autres, Mme Nathalie Normandeau a trouvé une grande satisfaction dans la dissidence du commissaire Renaud Lachance lors de la publication du rapport. Selon lui, il n'a jamais été clairement établi qu'il y avait un lien direct entre les dons des entreprises et les contrats qu'elles recevaient ensuite. C'est pourtant limpide lorsqu'on lit les passages du rapport faisant état de la comparution de Mme Normandeau ou de celle de Mme Boulet.

Nathalie NORMANDEAU

 - 18 juin 2014 -

L'ex-ministre témoigne devant la Commission Charbonneau et transforme des dons de compagnies privées pour le financement du Parti Libéral du Québec en subventions aux villes dévitalisées. Du grand burlesque;
16 avril 2014 -Une requête de perquisition rendue publique démontre un stratagème de collusion et corruption pour financement politique autour du cabinet de l'ex-ministre;
4 octobre 2012, un témoin à la commission Charbonneau l'implique dans le financement illégal des partis politiques. Ex-députée provinciale de la circonscription de Bonaventure, Vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles lors de sa démission le 6 septembre 2011.

Les trois grands partis, qui ont fait mine de respecter la loi sur le financement des formations politiques, ne semblent pas disposés à vider la question. Ils ont tous accepté des dons provenant de prête-noms en sachant fort bien qu'il s'agissaient des contributions d'entreprises faisant affaire avec l'État. Au pouvoir pendant une décennie, les libéraux de Jean Charest avaient monté une véritable « pompe à fric » faisant du premier ministre et de tous ses ministres d'effrontés percepteurs de fonds placés sous la houlette des bonzes du parti comme Marc Bibeau. Ce dernier était connu comme le responsable des contributions « sectorielles », euphémisme pour dire la taxe sur les entreprises.

Ce rapport qu'on ne trouve dans aucune bibliothèque publique, dans de rarissimes bureaux de politiciens, et dans encore moins de foyers familiaux, est en ligne, et vous le trouverez [en cliquant ici->www.ceic.gouv.qc.ca]. Dépêchez-vous d'en prendre connaissance avant que les autorités ne décident de le retirer.

Vigile entend en faire la révision au complet et revenir à la charge aussi souvent qu'il le faudra pour éviter que l'opération de sabotage menée par le commissaire Renaud Lachance n'atteigne son objectif. Vous êtes invités à lire le rapport, particulièrement le Tome 2 - le chapitre sur le financement des partis politiques - et à écrire ce que vous en pensez à partir des renseignements qu'on y trouve. Les enquêteurs n'écrivent pas que monsieur ou madame une telle a abusé ou volé l'État, mais ils vous expliquent en long et en large comment cela s'est passé. Il vous reste à nommer les responsables.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 mars 2016

    Oeuvre utile, M. Paquin?
    Indispensable!
    Sur Vigile, oui... mais encore?...
    Quelqu'un propose, ici, de se payer des panneaux publicitaires commerciaux, comme tentacules à Vigile: être vus! En camisole s'il le faut!
    "...pour éviter que l’opération de sabotage menée par le commissaire Renaud Lachance atteigne son objectif."
    " Les contribuables ont entendu des hommes d’affaires véreux, des fonctionnaires pourris, des ingénieurs cupides et des politiciens amnésiques témoigner pendant des jours et des jours, mais c’est déjà loin dans leurs souvenirs."
    Votre projet dit tout!
    Il faut que le peuple l'entende! Le voie!
    Les Liberals commencent tjrs leur réponse par: "{ Le PQ a omis de chiffrer. .." Ce nuage de fumée sert à masquer leur visage hideux (comme après les Commandites, l'hydre Trudeau est re-né)