QUÉBEC – L’ex-entrepreneur Lino Zambito, qui s’est mis à table pour lancer les travaux de la commission Charbonneau, se demande pourquoi les chefs de partis et leurs collecteurs de fonds n’ont pas été appelés à témoigner durant les audiences.
«Le financement des partis politiques provinciaux, on y a touché un peu, mais on n’est pas vraiment allé au fond de la question. On n’a pas touché les acteurs à la tête de ce financement illicite», déplore l’ex-propriétaire d’Infrabec qui est venu témoigner de sa participation à un système de collusion sur la Rive-Nord de Montréal. La commission Charbonneau déposera son rapport mardi.
Lino Zambito s’étonne qu’on ait interrogé la responsable du financement au PLQ, Violette Trépanier, mais pas Marc Bibeau, collecteur de fonds du parti. Idem pour le chef du PLQ, Jean Charest. «Quand on a voulu savoir ce qui se passait à Infrabec, on a fait venir le gars qui était au sommet de la compagnie, c’est-à-dire moi», dit-il. Marc Bibeau a toutefois témoigné à huis clos, selon La Presse.
«J’aurais voulu voir les présidents de campagnes de financement et même les chefs de partis, qui eux étaient au courant de ce qui se passait dans leur parti», ajoute Lino Zambito.
Outre Bibeau et Charest, il aurait voulu «voir dans la boîte» Pauline Marois, François Legault et Mario Dumont.
Enquêtes indépendantes?
Par ailleurs, ce témoin-clé de la commission s’étonne de voir les enquêtes piétiner après les perquisitions de l’UPAC aux bureaux du PLQ. «Il faudrait que les dirigeants de l’UPAC et le directeur des poursuites criminelles arrêtent de faire de la politique et fassent leur job comme il faut, lance Lino Zambito. Ils ont de la preuve, qu’ils fassent leur job et qu’ils amènent leur mandat à terme.»
Il estime que les autorités judiciaires manquent d’indépendance face au gouvernement. «C’est dur d’accuser le gouvernement en place, souligne Lino Zambito. […] Les procureurs qui sont là, si un jour ils espèrent devenir juges, ben c’est le gouvernement en place qui les nomme.»
Par ailleurs, Lino Zambito s’étonne que la commission ait peu abordé le dossier d’Hydro-Québec. «Il se donne pour des millions et des milliards de dollars dans le Grand Nord. Il aurait fallu gratter un peu plus là. Le problème est flagrant», estime-t-il.
«Je pense qu’on a juste effleuré ce qui se passe à Hydro-Québec. Ça prendrait une commission d’enquête juste sur ce qui se passe dans le Grand Nord», ajoute l’ex-entrepreneur.
Peine clémente
Lino Zambito a plaidé coupable à six chefs d’accusation de fraude, complot et corruption en lien avec des contrats en construction à la Ville de Boisbriand. L’homme d’affaires repenti a exposé à la commission Charbonneau le système de collusion et de corruption auquel il avait participé.
Confronté à une preuve solide des enquêteurs, il a choisi de collaborer pour «changer le système». «Si les entrepreneurs voulaient avoir des contrats, ils devaient collaborer avec des bureaux d’ingénieurs, qui donnaient certaines ristournes aux partis politiques pour leur financement, dit-il. C’était un système global.»
L’ex-propriétaire d’Infrabec a été condamné en novembre dernier à deux ans moins un jour à purger dans la collectivité et à 240 heures de travaux communautaires. Il juge malgré tout que le juge a été clément.
«Si ça n’avait pas été de mon témoignage à la commission, on parlait de pénitencier», souligne-t-il.
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