La périlleuse autoroute du pétrole

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Après une semaine d'audiences du BAPE, un supporteur influent du Pipeline Énergie-Est vire capot !






L’oléoduc Énergie Est de TransCanada ne sera en quelque sorte qu’une autoroute du pétrole qui traversera le Québec.




Il ne nous débarrassera pas des convois ferroviaires et des camions-citernes qui sont autant de bombes ambulantes.




Le pipeline aura une capacité de transport de plus d’un million de barils de pétrole par jour. La raffinerie Irving du Nouveau-Brunswick en prendrait quelque 50 000 par jour, pendant vingt ans. Les raffineries Suncor de Montréal et Valero, à Lévis, pourraient en acheter un total entre 100 000 et 150 000 barils par jour.




Au moins 80 % du pétrole brut venant de l’Ouest canadien par l’oléoduc serait destiné à l’exportation, à partir du terminal situé à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, si j’ai bien compris.




Les audiences du BAPE ont permis d’éclaircir ce volet du dossier. Des partisans de l’oléoduc avaient tenté de nous faire croire que les raffineries québécoises et notre industrie pétrochimique s’y abreuveraient à plein régime.




La réalité, confessée cette semaine par le promoteur, TransCanada, réduit de beaucoup l’intérêt des Québécois pour le passage de l’oléoduc. Ce droit devra être payé en conséquence.




La sécurité




Le volet de la sécurité est encore plus complexe. Les données de l’Office national de l’énergie (ONE) et du Bureau de la sécurité dans les transports (BST), deux organismes fédéraux, ne concordent pas.




L’ONE contrôle 73 000 km de pipelines interprovinciaux et des États-Unis vers le Canada. Les plus petits relèvent des provinces.




Cinquante-deux fuites de pétrole auraient été répertoriées en huit ans. Plus d’un milliard de barils circulent par année dans ces tuyaux et les fuites totaliseraient seulement 300 barils par année?




Par ailleurs, selon le BST, le pipeline ne serait pas nécessairement plus sécuritaire que le train pour le transport du pétrole. Le nombre d’incidents majeurs serait comparable dans les deux cas.




Ce qui vient déboulonner un autre argument de poids en faveur de l’oléoduc et qui contredit ce que l’industrie a toujours soutenu. Les Québécois seront plus mêlés que jamais!




Les cours d’eau




Le tracé initial prévoit que l’oléoduc traversera 70 rivières, dont les principales du Québec, et 185 ruisseaux.




Une rupture complète de l’équipement, à sa traversée de la rivière Etchemin près de Québec, par exemple, entraînerait le déversement de 22 000 barils de pétrole dans ce cours d’eau qui se jette dans le Saint-Laurent, menaçant les prises d’eau potable qui s’y trouvent.




Une garantie minimale de 1 G$ doit être prévue pour nettoyer les sites qui seraient contaminés, ce qui est du même ordre que le bris d’un oléoduc d’Enbridge au Michigan qui a laissé fuir 4 millions de litres de brut dans la rivière Kalamazoo et du coût du désastre de Lac-Mégantic.




Je plaidais dimanche dernier que les audiences du BAPE seraient utiles. J’espérais alors qu’elles pourraient dissiper des craintes. Une semaine plus tard toutefois, celles-ci sont au contraire exacerbées.



 




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