Depuis que je ne fais plus de politique, j’ai des petits moments de blues et de nostalgie. Au final, je pense quand même que ma qualité de vie a augmenté : je mange mieux, je fais plus d’activité physique, j’ai plus de temps pour ma famille et mes amis et, surtout, je n’ai plus besoin de lire La Presse.
Je vous le dis, essayez-le : c’est bon pour votre tension artérielle ET pour votre intégrité intellectuelle.
Je me rappelais ça ce matin en voyant mon mur Facebook s’indigner que La Presse+ reste quasiment silencieuse quant à la manifestation d’hier, qui a pourtant regroupé plusieurs dizaines de milliers de personnes à Québec et à Montréal. En Une, la victoire des Carabins, deux billets de consommation et un fait divers. C’est ça, le Québec du 29 novembre 2014, selon La Presse.
Moi, comme ça m’arrive souvent pour faire mon frais chié, ça me donne juste envie de dire aux gens : « Non, mais êtes-vous vraiment surpris? »
Obéissance et consommation
La Presse est un journal de combat qui poursuit un objectif, décliné en deux volets : a) vous garder obéissants et réfractaires au changement; b) en vous faisant acheter des cossins. Les Unes, les cahiers, les pubs dans La Presse +, tout y est organisé dans ce but.
Il y a de bonnes raisons de lire La Presse. Ses journalistes, comme Kathleen Lévesque, ont fait un travail extraordinaire pour sortir la nouvelle dans les scandales de corruption dans la construction. Il y a Denis Lessard, Patrick Lagacé, Yves Boisvert, Philippe Teiscera-Lessard, Chapleau et quelques autres. Mais vous pouvez vous offrir tout ça sans vous taper le sermon hebdomadaire de Rima Elkouri sur la diversité. Sans vous faire chicaner par André Pratte et Alain Dubuc d’être contre la création de la richesse. Sans assister à la quête sans fin de Vincent Marissal pour prouver qu’il est le premier chroniqueur, tout thème confondu (hockey, vin, livre, etc.) à détester le sujet qu’il couvre. Vous pouvez l’éviter, en ne téléchargeant pas La Presse+ et son char de publicité et en ne payant pas pour ce pamphlet militant pro-PLQ. Allez sur lapresse.ca.
Il faut juste savoir ce qu’on tient entre ses mains
Entendons-nous bien : j’ai côtoyé plusieurs journalistes de La Presse. Ce sont des gens consciencieux, dédiés dans leur quête de la nouvelle et sans complaisance envers aucun parti que ce soit. En fait, j’espère ne pas trop les mettre dans le trouble en écrivant ça, mais ma perception, c’est même que la plupart d’entre eux sont souverainistes. Quand les journalistes de La Presse racontent que leurs patrons ne leur ont jamais dit quoi écrire, ils disent vrai.
Le problème est ailleurs, plus subtil et beaucoup plus efficace. C’est dans les choix éditoriaux, le pupitre, le titrage et l’affectation. C’est le souhait des propriétaires de La Presse qu’il en soit ainsi et ce n’est pas caché. C’est un article de la Presse Canadienne qui rapporte la manifestation d’hier sur lapresse.ca. En terme de « j’en ai rien à cirer que vous soyez fâchés contre le PLQ », pourriez-vous imaginer un message plus clair?
C’est ça, La Presse. Ne vous attendez pas à plus, ne vous attendez pas à moins. Vous pouvez même continuer à la lire, si ça vous intéresse et que vous avez du temps à perdre.
Soyez juste conscients d’une chose : les propriétaires de ce journal cherchent à vous convaincre que tout ce qui est en train de vous arriver est parfaitement justifié, qu’il s’agisse de l’austérité ou du projet Énergie Est, mais que dans leur grande mansuétude, ils auront toujours une recette de Danny St-Pierre à vous suggérer pour vous aider à digérer ça.
Bref, vous faites comme vous voulez. Pendant ce temps, je vais continuer à lire Le Devoir et le Journal.
La Presse, journal de combat
Oui, et c'est celui de nos ennemis
Claude Villeneuve137 articles
L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des di...
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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.
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