La propagande de M. Pratte

Chronique de Bernard Desgagné

Dans La Presse du 28 août, André Pratte maintient qu'en étant souverain, le Québec ne pourrait pas faire mieux qu'actuellement dans le domaine de l'éducation. Il accuse André Boisclair d'accréditer la thèse voulant que l'argent pleuve sur un Québec indépendant. Une fois de plus, M. Pratte se permet des raccourcis bien pratiques dans sa propagande et fait peu de cas de la vérité.
La vérité, c'est qu'Ottawa dépense des centaines de millions de dollars au Québec dans le domaine de l'éducation par les divers programmes dont il se sert pour envahir les champs de compétence des provinces. M. Pratte préfère exclure l'enseignement supérieur du domaine de l'éducation, ce qui est bien pratique pour dire des demi-vérités et induire le public en erreur. De plus, M. Pratte ne parle pas du matériel pédagogique propagandiste qu'Ottawa déverse dans les écoles québécoises par l'intermédiaire de divers ministères. Il ne parle pas non plus de l'incidence du contexte politique canadien sur les décisions à caractère idéologique qui n'ont aucun fondement pédagogique, notamment l'enseignement de l'anglais à partir de la première année, alors que les Québécois sont quatre fois plus bilingues que les Canadiens des autres provinces, ou encore l'enseignement d'une version particulière de l'histoire, qui gomme les conflits. Enfin, M. Pratte préfère taire le fait qu'Ottawa dépense l'argent des contribuables québécois pour acheter du matériel militaire à profusion et subventionner les multinationales du pétrole. Il n'est pas certain que, dans un Québec indépendant, le gouvernement de notre nouveau pays serait aussi enclin que M. Harper à détourner les deniers publics de leur véritable fonction, c'est-à-dire favoriser l'intérêt général.
Contrairement au camp fédéraliste qui a toujours usé et abusé des menaces et des promesses toutes plus farfelues les unes que les autres - rappelons-nous les oranges hors de prix, la «piasse à Lévesque et les pensions de vieillesse qui allaient prétendument disparaitre en 1980 -, ni le PQ, ni le mouvement indépendantiste dans son ensemble ne fait miroiter un pactole aux Québécois. Le déséquilibre fiscal est une réalité, et tant le BQ que le PQ ont le devoir de le dénoncer à titre d'opposition officielle à Ottawa et à Québec. Mais on ne bâtira pas un nouveau pays pour des raisons comptables. Nous ferons l'indépendance du Québec parce que nous, les Québécois, voulons prendre nos affaires en main, y compris en particulier l'éducation, qui ne peut être envisagée isolément des autres champs d'action de l'État et de la société en général. L'indépendance du Québec aura un effet considérable sur le Québec, qui disposera alors de tous ses leviers. Les Québécois pourront façonner leur société à leur manière et tendre la main à leurs jeunes avec l'assurance d'un peuple maitre de son destin.
Bernard Desgagné
_ Gatineau

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M. Desgagné,
Nous publions chaque jour des commentaires de gens qui ne partagent pas le point de vue de la colonne éditoriale. Mais toute personne dont la requête commence par: Je vous mets au défi de... S'assure de ne pas être publié. Nous ne nous mettrons quand même pas à publier des textes parce qu'un lecteur cherche à nous intimider.
Quand vous dites: le Pq ne dit pas que la souveraineté est nécessaire pour améliorer l'éducation, vous contredisez ce qu'a dit M. Boisclair à maintes reprises, et qui est à l'origine de mon éditorial.
Bonne fin de journée,
André Pratte, 29 août 2006
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Un lecteur qui cherche à nous intimider. Elle est bien bonne celle-là. Combien avez-vous d'excuses semblables dans votre sac à malices?
Vous persistez dans votre mauvaise foi et vous ne me laissez d'autre choix que de continuer à la dénoncer sur toutes les tribunes, puisque vous m'interdisez celle de La Presse, comme vous le faites d'ailleurs à tous les gens qui vous dénoncent ou qui dénoncent vos acolytes. Tout au plus peut-on se permettre de légères divergences de vues avec vous. Autrement, c'est la censure gescaïenne qui frappe.
Je sais que vous allez faire semblant de ne pas comprendre une fois de plus et que vous allez sans doute jouer les vierges offensées, mais je prends tout de même deux minutes pour vous renvoyer en pleine face votre malhonnêteté.
Supposons qu'André Boisclair disait ne serait-ce qu'une seule fois qu'il y a moyen de faire mieux que les libéraux en éducation sans faire l'indépendance, que répondriez-vous? Vous diriez que le chef péquiste vient d'admettre que la souveraineté du Québec est inutile. Vous détourneriez encore une fois le sens de ses paroles. Vous ne seriez pas capable d'admettre en toute honnêteté que ce qu'il veut dire vraiment, c'est ce que je vous ai expliqué et que vous saviez du reste déjà: il est possible d'améliorer l'éducation dans une certaine mesure à l'intérieur du fédéralisme, mais on pourrait réaliser de bien plus grandes améliorations dans un Québec souverain. Pas seulement à l'école elle-même, mais dans l'ensemble du système d'éducation, qui comprend le préscolaire, le primaire, le secondaire, le collégial, l'université, la formation continue, etc. Je dirais même que l'éducation que donnent les parents à leurs enfants se trouverait transformée, ce qui aurait une incidence sur la préparation des enfants qui ne vont pas encore à l'école.
Lorsque la langue d'un peuple n'est plus celle d'une minorité qui arrive à peine à l'imposer sur son territoire, mais bien une véritable langue nationale, que l'on n'hésite plus à employer dans toutes les sphères de la société, on a beaucoup moins tendance à aimer que ses enfants la baragouinent ou à préférer qu'ils apprennent l'anglais pour se trouver une «job», quitte à oublier le français. Voilà un changement d'attitude radical que seule l'indépendance nationale peut donner à un peuple colonisé, minorisé et asservi depuis deux siècles et demi.
Je ne contredis pas M. Boisclair. Je comprends ce qu'il dit, alors que vous vous employez à lui donner toujours tort sur l'essentiel, quoi qu'il dise. Pour vous, la guerre est commencée. Tous les coups sont permis pour abattre l'ennemi. Le PQ et André Boisclair menacent votre Gescanada. Il faut les arrêter.
Vous demandez-vous parfois ce qu'il vous restera au jour du grand départ? Quelle satisfaction éprouverez-vous à la pensée de vous être employé une bonne partie de votre vie à maintenir le Québec dans la dépendance et d'avoir ainsi pris parti pour l'oppresseur contre l'opprimé? Je vous plains.
Bernard Desgagné
_ Gatineau 29 août 2006


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