On ne reprochera pas aux poules de caqueter : c’est naturel pour elles de le faire. Elles caquètent en picorant et elles picorent pour mieux pondre. Rien que du bon.
Mais quand on entend François Legault caqueter, on n’a pas la même réaction. Hier à Tout le monde en parle, il n’a impressionné personne avec ses « cot, cot, cot ». Un paquet de lieux communs insipides et pleins de contradictions.
Ainsi dénonce-t-il le grand nombre de fonctionnaires dans les commissions scolaires et les régies régionales de la santé. Rien de nouveau là-dedans : du bien beau caquetage! Sauf qu’après avoir congédié tous ces ronds-de-cuirs, il faudra en engager d’autres parce qu’il faudra évaluer les enseignants, et qui dit évaluer, dit rapports sur rapports, réceptions de griefs, réponses aux griefs, expertises, contre-expertises, etc. De quoi occuper bien du monde.
Il a eu aussi un gros « cot » pour dire qu’il fallait revaloriser le travail des enseignants en augmentant leurs salaires « jusqu’à 30% ». Quelle audace! Sauf que pour quelqu’un soucieux de diminuer les dépenses gouvernementales (« cot, cot »), il n’a pas pensé à la cascade de revendications salariales que cette augmentation (toute en vœux pieux d’ailleurs) déclencherait chez les autres travailleurs du secteur public (médecins, infirmières, policiers, fonctionnaires, etc.). Ou, s’il y a pensé, ce serait non, comme la réponse qu’il a faite à la représentante des procureurs de la couronne. Évidemment, tous ces gens s’inclineraient poliment sans mot dire.
« Nous ferions du français une priorité », de dire notre CAQueteux. En l’imposant au cegep? Non, pas du tout. En généralisant l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année (sic). Essayez de comprendre. Il n’y a rien à comprendre : c’est du caquetage!
Notre souriant volatile n’a pas oublié son refrain sur les vertus de l’entreprise privée, seule créatrice de richesse. Sauf qu’il a omis de dire que ce beau capitalisme multiplie les ratés depuis 2008, tout en provoquant des désastres environnementaux du genre golfe du Mexique et gaz de schiste. Et que la belle Irlande néo-libérale qu’il citait jadis en exemple s’est effondrée, tandis que le Québec « sur-étatisé » ne s’en est pas trop mal tiré. D’ailleurs, si le secteur privé est si important, si précieux, si exemplaire et si utile, pourquoi n’y retourne-t-il pas, plutôt que de s’empêtrer dans le politique qui correspond si peu à ses attentes?
Poursuivant son caquetage, M. Legault (dont le nom ressemble beaucoup à « l’égo » ) nous parle de son virage. « La population ne veut pas de la souveraineté, il faut mettre ça de côté, il y a des choses plus urgentes à faire, etc. » : langage de basse-cour fédéraliste, ne trouvez-vous pas? Étrange de la part de quelqu’un qui nous disait, il n’y a pas si longtemps, que le fédéralisme nous faisait perdre, quoi, cinq milliards chaque année? Mais le caquetage ne s’embarrasse pas de suite dans les idées.
Il ne fallait pas terminer un si beau verbiage sans proférer la perle des niaiseries : « Les artistes sont pour la plupart souverainistes. Ce serait mal vu des autres si l’un d’entre eux déclarait qu’il m’appuie. » Jean Chrétien n’aurait pas dit mieux! Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ), avez-vous dit? Non, caquetage et caca de poule. C’est vrai que ce n’est pas gentil pour les poules.