Lettre à un vieil opportuniste

Le culte de la défaite.

Tribune libre

Cher Monsieur Bouchard, soyons sérieux. Vous n’avez jamais été indépendantiste. Vous fûtes (has been, en anglais!) un brillant opportuniste qui a cru pouvoir passer à l’Histoire comme négociateur en chef d’un « new deal » avec le Canada. Jacques Parizeau avait créé la vague de fond alors que vous l’avez gonflée de votre incommensurable ego et de votre charisme vieux bourgeois, espérant pouvoir y « surfer » juste assez pour, qui sait, finir par être considéré comme le père fondateur d’un éventuel Québec indépendant. Or, vous avez échoué. Vous êtes probablement notre plus illustre « looser » à plus de 1 000 $ l’heure!
Monsieur Bouchard, au fond, vous étiez paresseux. Votre Bloc québécois, votre « one shot » comme vous le dites vous-même, n’a pas fonctionné comme vous l’espériez et vous estimiez que ce serait drôlement fatigant de relancer la bataille. A-t-on déjà vu dans l’Histoire des peuples, un libérateur abandonner une si grande idée aussi rapidement? Au fond, vous n’y avez jamais cru vraiment. Je vous le répète : vous avez joué le jeu en souhaitant faire l’Histoire et vous avez perdu. Alors, vous vous êtes dit : « Ben voyons! Si je n’ai pas réussi, qui donc pourrait y arriver, n’est-ce pas? » Et vous êtes redevenu ce bon vieux conservateur nationaleux, teigneux et amer. Et puis tant pis, faisons du fric et semonçons ces incapables et ces ingrats chaque fois que l’occasion se présentera.
Honnêtement, vous faites pitié avec vos grands airs de chien battu. On ne devrait même plus parler de vous, mais au Québec, ressasser les vieilles défaites, c’est plus « winner » que de travailler aux prochaines victoires. L’indépendance, c’est fini… du moins de votre vivant, dites-vous encore. Hé bien, je rêve de vous entendre ronchonner derrière l’estrade parce que ce jour-là, on ne vous aura pas fait une place d’honneur!
Heureusement, les jeunes qui commencent à relever la tête ne vous ont pas vraiment connu et se fichent un peu de vous alors que Jacques Parizeau peut encore facilement remplir des salles de CÉGEP ou d’université. Plus encore, ce sont les pires adversaires de l’indépendance du Québec qui nous donne les meilleurs conseils de ce temps-ci. Justin Trudeau ne tient pas le Bloc pour battu, loin de là. Et il va même jusqu’à dire que si nous cessions de nous entretuer, nous pourrions être redoutables. Mieux encore, notre médecin-chef Philippe Couillard, devant le défaitisme chronique de nos attentistes et de nos étapistes diplômés, va jusqu’à nous dire, devant la mort annoncée de l’idée d’indépendance : « Une idée, ça ne meurt pas. »
En attendant, il va falloir nous farcir le discours victorieux que vous auriez prononcé du haut de votre superbe un certain soir de 1995! Ça frôle le pathétique, Monsieur Bouchard. C’est peine perdue, mon pauvre vieux. C’est fichu. Un peu d’amour-propre quand même. Fichez-nous la paix avec vos vieux fonds de tiroirs, nous, on a du travail à faire. On veut gagner et ça ne se fait pas avec de belles paroles et des envolées oratoires d’un autre âge. Ça se fait avec de la conviction, de la détermination, du travail, du travail, encore du travail et une bonne dose d’espoir libératrice.
Veuillez agréer, cher Monsieur Bouchard, l’expression de notre plus complète indifférence.


Laissez un commentaire



11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 août 2014

    Je vois que je ne suis pas seul à demander à Lucien.Bouchard de nous foutre la paix avec ses remarques et ses leçons de politique. SVP Journalistes de tout acabit cesser de nous écœurer avec ce raté de politicien.

  • Jean-Charles Morin Répondre

    24 août 2014

    Lucien Bouchard n'a jamais pu et ne peux pas encore concevoir l'indépendance du Québec en dehors de sa propre personne et de sa vision encarcanée dans le conservatisme. C'est aussi simple que ça! S'il ne voit plus aucun avenir pour le Bloc, c'est qu'il n'est plus là pour le définir et le diriger.
    Maintenant le Monsieur préfère faire du fric et se montrer aux bals des Desmarais au bras de Jean Chrétien. On se distrait comme on peut... Et vogue la galère!

  • Lise Reid Répondre

    23 août 2014

    Vous l'avez très bien pigé. Très bien dit.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2014

    @MarioB Morin,
    Bouchard était à 50 000 voix d’atteindre ce but. 49.2% pour le oui et 50.58% pour le non avec 93,5 % des électeurs, un taux de participation record au Québec. Même René Lévesque n’as pas obtenu un tel résultat.
    Il n'était pas alors le chef du mouvement indépendantiste. Il fut investi de la tâche après la défaite parce que Parizeau a démissionné pour une laide vérité exprimée sur fond d'écoeurantite. La vague, c'est d'abord et avant tout une frustration du Québec devant le refus du Canada de changer selon ses demandes.
    Le régime de Lucien Bouchard a massacré la volonté d'indépendance en appliquant les grandes coupures budgétaires sans réfléchir au chaos qu'il suscitait dans la société.
    Je vais me faire l'avocat du Diable tout en sachant que celui-ci n'a pas besoin de mes services puisqu'il est avocat. Lucien Bouchard a reçu des menaces de mort juste avant d'être nommé chef du PQ, un parti dont il ne détenait pas de carte auparavant. Il a simplement réfléchi et choisi de ne pas finir martyr d'une cause grandiose. Son choix fut de se subordonner aux intérêts du milieu des affaires. Il a renoué avec Paul Desmarais Sr. et ses maîtres. Il s'est lié au cabinet d'avocats Davies Ward Phillips & Vineberg. Ce cabinet est en charge de l'empire commercial des Bronfman et des activités sionistes ou des affaires bananières en Amérique Latine. Louis Bloomfield fut jadis un partenaire de cette firme. Il était derrière Permindex et probablement le commanditaire de l'assassinat de JFK. Encore maintenant, des partenaires de ce cabinet participent au Comité de l'Unité Canadienne.
    Lucien Bouchard n'est plus qu'un laquais servant d'interface protocolaire.
    En clair, tel une pute, il loue sa langue au plus offrant. Il est une âme damnée qui veut vous vendre de la merde avec le gaz de schiste ou le port de Cacouna. J'ai commencé à me méfier de lui quand il a rejoint le C.A. de Saputo Inc, dont les intérêts de la Mafia sont notoires.
    Lorsqu'il s'adresse à nous, il s'imagine être encore le Premier Ministre, notre Chef. C'est plus des airs de paternalisme que feint cet avocat professionnel.
    Pour les militants de l'indépendance, cela ne passe plus.
    Le courage lui manque. L'égo est trop démesuré.

  • Pierre Cloutier Répondre

    23 août 2014

    Message à Marc Morin
    Lucien Bouchard libre penseur? Il va falloir revoir vos définitions, cher monsieur.
    Libre penseur : "celui qui rejette la sujétion de la pensée aux croyances religieuses ou à une morale autoritaire".
    Lucien Bouchard c'est tout le contraire d'un libre penseur : conservateur, catholique, autoritaire, orgueilleux et vaniteux.
    Personne n'a oublié non plus ce qu'il a fait à Yves Michaud pour faire plaisir à ses amis juifs du Bnai Brith. Il en fait même plus que le client en demandait. Même Robert Libman a déclaré qu'Yves Michaud n'avait commis aucune faute.
    Avec des amis comme cela, le mouvement indépendantiste n'a pas besoin d'ennemis.
    Quant à votre allusion nauséabonde à une prétendue pensée "néo-felquiste" de l'auteur de l'article, on s'en tape. Accusation ridicule et sans fondement.
    Pierre Cloutier

  • François A. Lachapelle Répondre

    22 août 2014

    Superbe texte aidant à décoder le personnage de Lucien Bouchard.
    Pourquoi ce Québécois d'expérience est-il aussi inconstant et nuisible pour le futur du Québec ? Lui, ce grand négociateur, ignore-t-il que le Québec, maintenu de force dans le Canada et résultant d'un engagement mensonger de Trudeau 1980, est toujours en situation de négociations avec le Canada-anglais ?
    Comme l'écrit Pierre Charbonneau, je cite: « A-t-on déjà vu dans l’Histoire des peuples, un libérateur abandonner une si grande idée aussi rapidement ? » Cette seule phrase mériterait d'être dissertée par tous les cégépiens.
    Lucien Bouchard se félicite de résumer sa vie politique au Québec à ces mots: « J'aurai essayé. Moi, j'ai essayé. Je voudrais que mes fils se disent ça.» Pourquoi ne comprend-il pas que, dans son défaitisme, son absence de pédagogie, il envoie le message que personne ne peut réussir là où Lucien a échoué ? Quelle arrogance !
    Je fais partie des Québécois qui croient dur comme fer qu'il faut encore extraire du jus de fierté de notre défaillant système démocratique sans cesse détourné du bien commun par le 1% de personnes très riches. Où perche Lucien face au pouvoir de l'argent ? Sa réponse nous aiderait-elle à comprendre sont opportunisme ?
    Gérard et Lucien Bouchard: cessez de nuire au futur du Québec en vous imposant un devoir de réserve avec les médias fédéralistes complaisants.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2014

    C' est vraiment le genre de texte que j'aime , ou l'absurdité des usurpateurs de l' option tel que mis l'avant par les peres fondateurs est dévoilé . Je ne suis pas un pro- indépendantiste . Je suis plutôt stylé nationalisme à la Levesque , au pire Robert Bourassa , mais je dois dire que présentement une suite logique au 50 dernières années , je préfère de loin 4 vrais députés indépendantistes confirmés à Ottawa , que 50 députés à la mode souverainiste des années 1980 à la chambre des communes . Et cela , pour la santé démocratique au pays .

  • Doris Bourque Répondre

    22 août 2014

    Bravo ! M. Charbonneau .Personne n'aurait pu dire mieux.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2014

    Pouvez-vous nommer un seul ex leader péquiste qui n'est pas, selon votre propre définition un «loser» et qui n'a pas «failli à la tâche» de l'objectif fondamental du PQ, l'indépendance ?
    Bouchard était à 50 000 voix d'atteindre ce but. 49.2% pour le oui et 50.58% pour le non avec 93,5 % des électeurs, un taux de participation record au Québec. Même René Lévesque n'as pas obtenu un tel résultat.
    Et parlant de «has been», restez un pur et dur, continuez à pelleter des nuages et à arpenter le sol de la planète utopie. Si vous aviez le millième de la lucidité, de la crédibilité et de la libre-pensée politique de Lucien Bouchard vous n'en seriez pas là à tergiverser avec cette rhétorique néo-felquiste dépassée qui sent les boules à mites à plein nez.
    Et continuez de citer Justin Trudeau avec ses commentaires électoralistes. Beau travail !

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2014

    Texte gigantesque. Même l'ego de bouchard en envie la taille...

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2014

    Je ne l'aurais pas dit dans ces mots mais..... ça correspond EXACTEMENT à ce que je pense de l'attitude et du comportement de cet ex politicien.