Monsieur J. Jacques Samson, chroniqueur dans vos pages, y va de son analyse sur le sondage de la firme CROP démontrant l’attachement des Québécois pour la social-démocratie. Sa conclusion dans son texte du 13 janvier 2007 est la suivante: les Québécois manquent cruellement de lucidité.
Monsieur Samson ne s’embarrasse d’aucune nuance. Il est l’un de ces chroniqueurs qui historiquement a toujours pourfendu notre modèle social. Tant lorsqu’il occupait le poste de rédacteur en chef du Soleil qu’aujourd’hui, il a aussi, toujours souscrit aux préceptes véhiculés par les éléments les plus à droite de ce pays.
Cependant, je ne veux pas entrer ici dans un stérile débat gauche-droite. Mon but est plutôt de démontrer la pauvreté des arguments de Monsieur Samson. Commençons donc par le début.
En effet, quelle prétention dans le propos de Monsieur Samson ! Il y a de quoi décourager le plus sporadique des lecteurs ; dont je suis d’ailleurs. Car, à chaque fois que j’ai la malchance de tomber sur l’un des écrit de Monsieur Samson, j’y retrouve toujours ce ton condescendant qui le caractérise. Nous ne comprenons pas semble-t-il. La lucidité n’est pas l’apanage de la majorité des Québécois selon Monsieur Samson.
Mais que faudrait-il pour qu’il en soit autrement ? Il semble qu’en écoutant les « experts » de l’Institut économique de Montréal, les « lucides », les Jean Coutu, en fait, tous les chantres de politiques publiques privilégiant la privatisation, la restriction du droit à la syndicalisation, la libéralisation, l’abolition des réglementations, l’ouverture des marchés et l’augmentation des tarifs tous azimuts, nous trouverions ainsi grâce aux yeux de Monsieur Samson.
Bien sûr, il faudrait aussi se fermer les yeux et se boucher le nez et surtout ne pas questionner l’utilité de telles politiques. Car en fait, leurs effets bénéfiques restent encore à démontrer. Malgré ce qu’en disent les « lucides » comme Monsieur Samson, Les chiffres démontrent diamétralement le contraire de ce qui est affirmé dans le film pamphlétaire l’Illusion tranquille.
En fait, ce film n’est finalement qu’un ramassis d’énoncés tous plus idéologiques les uns que les autres. Il n’est que l’opinion de ceux qui souscrivent à cette idéologie néolibérale et qui professent aveuglément ses dogmes comme le fait Monsieur Samson.
Dans les faits si irréfutables soient-ils, rien ne démontre l’urgence de procéder aux changements préconisés par les « lucides ». Bien au contraire ! Le Québec est l’une des sociétés les plus riches du monde qui possède à elle seule près de 16% de la réserve mondiale d’eau douce. Cela est suffisant non pas pour seulement payer notre dette, mais bien plutôt pour acheter à crédit les banques à qui nous devons de l’argent tellement cette ressource est capitale. Bien des économistes n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer que le Québec sera bientôt l’Arabie Saoudite du 21ième siècle.
Les privatisations ne sont quant à elles qu’une façon de retirer le politique des mains des citoyens. En effet, tant que c’est l’État qui gère, le simple citoyen a encore son mot à dire. Mais le jour où l’on privatise, ce sont les actionnaires seuls qui décident et ils n’ont pas à tenir compte de l’avis de la population. D’autre part, on ne peut pas dire que l’historique des expériences de privatisations regorge pas de succès retentissants. L’Argentine est l’un de ces pays qui a été vendu au privé et cela n’a strictement rien changé à son niveau d’endettement. Pourquoi ? Parce que, bien souvent, les privatisations sont polluées par la corruption. Comme par exemple lors de l’épisode des entreprises d’électricité de la Californie ou celui de la Lyonnaise des Eaux en France. Ces État ont dû se résoudre à intervenir à fort coûts pour redresser des situations chaotiques engendrées par des administrateurs véreux.
La hausse des tarifs est un autre de ces dogmes véhiculés par les « lucides », bien que ceux-ci ne s’interrogent que très rarement sur la capacité de payer des Québécois. Un peu comme si la richesse se trouvait dans les poches des étudiants d’universités, ils prêchent désespérément pour la hausse des frais de scolarité. Ils s’empressent de prendre exemple sur d’autres provinces ou États mais omettent volontairement de mentionner qu’en Europe par exemple, on retrouve un nombre important de pays où l’éducation est totalement gratuite. Ils oublient aussi de dire qu’il existe un principe économique qui fait que lorsque l’on augmente les tarifs, on réduit ainsi la demande et on restreint de facto l’accessibilité. Le même genre d’oubli revient quand il est question de réfléchir sur la pertinence de la syndicalisation. Quoi qu’en disent les « lucides », les États les plus syndiqués sont aussi dans le peloton de tête des plus productifs mais ça, vous pouvez parier votre chemise qu’ils ne diront pas un mot là-dessus ! Encore moins sur l’évasion fiscale scandaleuse ou les cadeaux aux entreprises. Ça, rien ! Pas un mot non plus sur ce que coûte le système fédéral canadien. Bref, c’est toujours dans notre cour qu’il faut nettoyer. Et si l’on commençait plutôt par éliminer un gouvernement monsieur Samson ? Combien croyez-vous que nous pourrions économiser ainsi ?
En conclusion, cela fait pas mal de chose que les « lucides » oublient de dire. Et ce n’est pas pour rien que Monsieur Samson nous fait des reproches. Heu ! Pardon ! La leçon… Bien sûr ! Car, à l’instar des « lucides », la réalité ne l’intéresse pas. Ces gens là ne voient bien que ce qu’ils veulent voir. Derrière leur campagne de peur se trouve une idéologie avec des objectifs bien précis. Ils veulent notre « bien ». Voilà pourquoi Monsieur Samson, qui, soit dit en passant, aime bien flirter avec les possédants, se contente de répercuter leur prêchi-prêcha comme un vulgaire perroquet. Et faute de réels arguments il adresse de manière indélicate des reproches injustes à l’endroit des Québécois… Comme un curé de campagne.
Daniel Lévesque

Québec, Québec