Le fanatisme meurtrier

Actualité internationale - Oslo attaquée



Au moins 76 morts. L’horreur absolue du carnage d’Oslo nous bouleverse. Pourquoi ? Parce que dans nos sociétés démocratiques, nous parvenons mal à comprendre que des individus que nous côtoyons tous les jours se transforment en assassins.
Comment ne pas avouer notre impuissance devant quelqu’un qui prépare minutieusement l’exécution d’êtres humains ? C’est du mal radical qu’il s’agit. D’un mal qui nous rappelle la part maudite de l’homme.
Il y a pourtant une « originalité » au massacre d’Oslo. Notre société a l’habitude d’expliquer le mal par la folie. Aucun être humain ne saurait faire le mal volontairement, dit-on souvent. Le massacre d’Oslo nous rappelle que c’est faux.
Car le meurtrier d’Oslo ne cherche pas à passer pour fou. Pire, il confesse l’horreur de son crime tout en cherchant à le présenter comme l’expression d’une violence nécessaire. Nous ne sommes pas devant un fou. Nous sommes devant un monstre.
Le meurtrier d’Oslo confesse faire le mal. Et il l’assume consciemment. Sa posture relève du fanatisme idéologique. Le fanatisme idéologique ? Voyons-y une version sécularisée du fanatisme religieux. On reconnaît cette pathologie chez celui qui transforme une idée politique en fantasme qui n’a plus rien à voir avec le monde réel et qui le conduit à réclamer un monopole du bien contre ses adversaires qu’il accuse d’avoir le monopole du mal.
De ce point de vue, le fanatisme idéologique est la voie privilégiée de la réintroduction de la violence dans nos sociétés. Il peut prendre le visage du nationalisme, du socialisme, de l’islamisme. Et de tant d’autres « ismes » potentiellement terroristes.
Le massacre d’Oslo nous rappelle le caractère aussi fragile que précieux de la démocratie. En ouvrant la discussion publique sur les principes fondamentaux qui devraient organiser notre société, la démocratie invite chacun à relativiser son point de vue en reconnaissant la possibilité d’une part de vérité dans une philosophie qui n’est pas la sienne.
La démocratie nous force à supposer que si notre adversaire politique n’a peut-être pas raison, il n’a pas absolument tort. Son désaccord est légitime, autrement dit. La démocratie nous force à admettre que c’est la possibilité même de discuter des fondements de notre société sans verser dans la violence qui fait de nous des êtres civilisés. Le génie de la démocratie, c’est celui de l’expression civilisée du désaccord.
Devant le massacre d’Oslo, nous devons réaffirmer notre conviction, notre foi, même, en la civilisation démocratique. Aujourd’hui plus que jamais, finalement.
Voir en ligne : http://www.24hmontreal.canoe.ca/24h...


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