À retenir
Un double attentat fait au moins 87 morts
_ Le suspect arrêté serait lié à l'extrême droite
Mélissa Guillemette - Deux violentes attaques ont fait au moins 87 morts en Norvège. Le pays nordique est en émoi et cherche à comprendre. Une voiture piégée située près d'édifices gouvernementaux et des bureaux du premier ministre à Oslo a d'abord explosé vers 15h30, heure locale, tuant sept personnes et faisant une quinzaine de blessés.
À peine quelques heures plus tard, un rassemblement de jeunes militants du Parti travailliste a été le théâtre d'une fusillade à l'île d'Utoya, sur un lac à 35 kilomètres de la capitale. Quatre-vingts personnes ont alors perdu la vie sous les tirs d'un homme qui semblait être seul.
«Il est fort probable que ce chiffre monte encore», a dit le commissaire par intérim de la police d'Oslo, Sveinung Sponheim, lors d'un point de presse hier. Au cours de la nuit, des secouristes fouillaient toujours les décombres autour du lieu de la première attaque, où s'entassent des piles de métal, des éclats de verre et des milliers de feuilles de papier, ainsi que sur l'île et dans les eaux l'entourant. Plusieurs personnes sont portées disparues.
Les édifices gouvernementaux étaient heureusement moins occupés qu'à l'habitude lors de l'explosion, puisque c'était un jour férié hier, en Norvège.
Le suspect, un Norvégien «de souche» de 32 ans nommé Anders Behring Breivik, selon le journal Aftenposten, a été arrêté sur l'île peu après les événements, où il a été interrogé. Les enquêteurs, qui ont fouillé son appartement, ont confirmé qu'il est bien lié aux deux attaques, mais on ignore s'il a agi seul. «Nous ne savons encore rien de ses motivations», a précisé le commissaire Sponheim.
Selon la chaîne de télévision commerciale norvégienne TV2, qui n'a pas cité sa source, le présumé tireur serait lié à l'extrême droite. Une théorie renforcée par les informations du Aftenposten, qui révèlent que ce directeur d'une société spécialisée dans la culture des légumes se décrit sur le Web comme un «nationaliste» et critique l'islam. Le registre des armes à feu norvégien l'associe à trois armes: un pistolet, une carabine et un fusil de chasse.
Le groupe islamiste Ansar al-Djihad al-Alami a bien revendiqué les attaques en soirée, mais selon un responsable de la police d'Oslo, il ne s'agit pas d'un acte lié à une organisation du type. Ce responsable a confié que l'attaque s'apparente probablement davantage à celle d'Oklahoma City de 1995 qu'aux attentats terroristes de 2001.
Plus d'explosifs ont été retrouvés sur l'île après la fusillade. Les experts désamorçaient le matériel au moment de mettre sous presse. Les images aériennes de la chaîne TV2 ont montré cette escouade policière arrivant sur l'île en bateau, tandis que des personnes en panique se jetaient toujours à l'eau pour quitter Utoya. Toutes les routes menant sur l'île ont été fermées par les autorités.
Le tireur était vêtu d'un uniforme d'agent de la paix lorsqu'il a rejoint le groupe de militants travaillistes. «Il est sorti de sa voiture, a présenté des papiers d'identité et a dit qu'il était envoyé pour examiner le dispositif de sécurité, qu'il s'agissait d'une mesure de pure routine après l'attentat [à Oslo]», a dit un membre du service de sécurité du camp, Simen Brandsen Mortensen, au quotidien Verdens Gang. Il a ainsi pu être escorté en bateau jusqu'au camp. Il était en fait armé d'un fusil automatique et a tiré en rafale sur les jeunes partisans réunis.
Le premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, ne se trouvait pas à son bureau au moment de l'explosion et n'a donc pas été blessé. Il a dénoncé une «attaque lâche contre de jeunes civils innocents». Il est rapidement apparu à la télévision pour commenter la tragédie et inciter la population à rester à la maison. «J'ai un message pour ceux qui nous ont attaqués, a dit M. Stoltenberg. C'est un message de toute la Norvège: vous ne détruirez pas notre démocratie et notre engagement pour un monde meilleur.»
La communauté internationale a aussi rapidement dénoncé les deux événements. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «choqué», tandis que le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a rappelé que «la Norvège a apporté ses bons services à la paix dans les régions les plus instables de la planète». C'est d'ailleurs à Oslo qu'est remis chaque année le prix Nobel de la paix.
Selon le président américain, Barack Obama, cet attentat rappelle que la communauté internationale doit lutter contre le terrorisme. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, s'est quant à lui dit «stupéfait» et «horrifié» devant les attaques. «Le Canada condamne ces actes de violence barbares et insensés. Le Canada est solidaire de la Norvège en ce jour tragique.»
Il s'agit du pire attentat à toucher l'Europe de l'Ouest depuis ceux de Londres, qui ont fait 52 morts en 2005, ainsi que de l'attaque la plus violente qu'ait connue la Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. En septembre 2006, la Norvège avait toutefois vécu un attentat, sans victimes. Des coups de feu avaient visé une synagogue d'Oslo.
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D'après l'Agence France-Presse, Reuters et l'Associated Press
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