Le cas Guy Turcotte

Le paradoxe de Québécor

Chronique de Louis Lapointe

Plus grand-chose ne m’étonne au Québec. Cette affaire Turcotte dont on parle depuis 4 ans non plus. Un jury de 11 personnes a conclu à la non-responsabilité criminelle d’un homme qui avait tué de sang-froid ses deux enfants.
Si ces jurés avaient été assis devant leur téléviseur ou devant leur journal, ils auraient sûrement condamné Guy Turcotte à la prison à vie et probablement souhaité que la peine de mort soit rétablie pour qu'elle lui soit imposée.
Mais voilà, ces personnes ont dû s’astreindre à écouter une preuve qui a fait tomber leurs préjugés.
Je ne sais pas quel journal ou quelle chaîne de télévision suivaient régulièrement les membres de ce jury avant d’être sélectionnés, mais ce qui saute aux yeux dans cette affaire, c’est que, même si, comme la majorité des Québécois, ces jurés lisaient le Journal de Montréal ou regardaient TVA, ils soient tout de même arrivés à un verdict qui va manifestement à l’encontre de l’idéologie défendue par Québécor.
Les entreprises de communication savent toutes que les lecteurs du Journal de Montréal sont les plus influençables et les plus faciles à faire changer d’idée. Ils suivent habituellement le courant.
Voilà pourquoi ils se contentent du simplisme qu'on leur sert souvent au Journal de Montréal.
La plupart des lecteurs de ce journal n’aiment pas la complexité, sinon ils liraient le Devoir. Ils sont paresseux intellectuellement.
La minorité qui, parmi les jurés, lisait le Devoir a probablement convaincu ceux qui lisaient la Presse et les lecteurs du Journal de Montréal ont suivi.
Voilà une raison possible pour laquelle le jury serait arrivé à un verdict de non-responsabilité criminelle dans le procès de Guy Turcotte.
Est-ce à dire que si tous les jurés qui ont entendu le procès de Guy Turcotte avaient été des lecteurs du Devoir nous aurions eu un verdict semblable ?
Peut-être pas. Tous les lecteurs du Devoir ne sont pas d’avis que Guy Turcotte avait une défense valable.
S’il est relativement facile de convaincre un lecteur du Journal de Montréal avec de mauvais arguments, il est par ailleurs plus facile de convaincre un lecteur du Devoir avec de bons arguments, les mauvais arguments y étant perçus comme un manque de rigueur intellectuelle lorsque ces lecteurs se retrouvent entre eux.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, même si le Journal de Montréal et TVA sont les plus virulents dans leur critique du verdict rendu au procès de Guy Turcotte, ils sont les premiers responsables du manque de rigueur intellectuelle d’une majorité de Québécois qui se croient bien informés, alors que ce qu’ils lisent et regardent ne contribuent qu’à les rendre davantage ignorants, donc plus influençables.
Le Journal de Montréal et TVA récoltent donc, non sans bonheur, ce qu’ils sèment. De plus en plus de lecteurs et de téléspectateurs incohérents qui croient légitimement s’indigner devant la bêtise des autres, alors qu’il s’agit de la leur.
Ce qu’on pourrait certainement appeler le paradoxe de Québécor.
***
Sur le même sujet:
Les lecteurs du Journal de Montréal se révoltent
De l’éthique à la justice



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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 décembre 2012

    L'affaire Turcotte ne peut se lire qu'au travers le prisme d'une dynamique de violence conjugale en gradation ascendante qui se dénoue sur l'irréparable et l'horreur. La thèse de deux gorgées de lave-glace pour justifier l'aliénation mentale est tout simplement loufoque. Tout ce que ce procès vaudeville nous démontre c'est qu'il existe ici une justice à deux vitesses: une pour les riches, classe sociale à laquelle appartient Turcotte, et une autre pour les autres. Je suis loin d'être convaincu que Turcotte aurait bénificié de la même doucereuse clémence du jury s'il avait été pretataire d'aide sociale et sans statut social.
    Jacques L. (Trois-Rivières)

  • Chrystian Lauzon Répondre

    14 décembre 2012

    Tour de force du dire monsieur Lapointe. Chapeau! La boucle papillon du dramatique qui rejoint le clownesque. Comment se surprendre qu'au lieu d'avoir des citoyens allumeurs de peuple on ait tant de comiques banalisateurs au mètre carré.
    Quand le ridicule nous atteindra sérieusement, le réactif fera place au réflexif. On subventionne une école de l'humour, Lisée jette son salaire dans le décrochage scolaire postraumatique, sous ordonnance du PLQCAQ-Médias; on fait décrocher un ministre de l'environnement surcompétent... à quand le retour de l'école de la conscience de la Rue?
    Entre la beuverie oublieuse des Fêtes et le petit Jésus rédemption, l'hiver sous la calotte grise va t'êt'e long!!! J'vous en passe un sapin tordu!
    Doux printemps, quand reviendras-tu... faire pousser casseroles dans mon carré rouge... pour montrer mon...

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2012

    Au loup, au loup!
    Ça poigne toujours.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2012


    Entendu hier a LCN
    Brigitte et son faire valoir J.F. Guérin sont tout exciter car aujourd'hui c'est la libération de Turcotte.
    Une bonne et grosse matinée en vue.
    Les cotes d'écoute vont être bonne .
    Brigitte allume la mèche avec un petit sourire complice en prévenant l'auditoir que quand on prononce le nom de Guy Turcotte qu'il y as beaucoup de réactions .
    Un autre grand jour vas se lever sur l'empire pour les cotes d'écoute.
    On vas parler pour la inieme fois de l'assassin Turcotte et reproduire les commentaires sélectionnés sur FessePlouc en choisissant les plus corsés ,c'est a dire ceux qui vont exciter le plus la populace par leur dureté et leur méchanceté et leur ignorance du systeme judiciaire et des jurys .
    De temps a autres LCN en passe un qui est moins stupide et un peu plus articulé histoire de ne pas se faire accuser de faire du sensassionalisme (hum!)avec l'affaire et pour entretenir la controverse face a un méchant qui serait coupable de ne rien comprendre a l'affaire et de presqu'appouver les gestes commis par Turcotte.
    Plus tard le sénateur Boismenu viendras comme d'habitude en onde pour donner son commentaire sur l'affaire .
    Les animateurs sont satisfait ,le sénateur a la corde au noeud coulant est satisfait.
    Le lendemain Brigitte fait la moue car des auditeurs commencent a en avoir marre du cirque de LCN sur cette triste affaire et lui font savoir dans certains commentaires qu'elle comprend mais elle relance en disant que cela fait partie de l'actualité ( lire les cotes d'écoute de LCN, tributaire de la publicité$)
    Pour avoir droit comme auditeur a une discution sereine et comprendre pourquoi Turcotte as été libérer si tot il faut déménager a Radio Canada avec Anne Marie Dussault et ses invités.
    Richard Martineau avait finalement raison en 2003 quand il écrivait ceci :L’empire Quebecor est comme un cochon. Rien ne se perd, tout se mange, on fait du gras avec la viande, de la sauce avec du gras, de l’eau avec de la sauce, tout est bon, tout peut servir, tout se recycle, tout se vend."
    Tellement vrai que Martineau en est lui même devenu la preuve vivante chez Québécor .