Le pétrole ou la vie

Tribune libre

Le gouvernement Conservateur cherche à augmenter la production du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. À cette fin, il doit l’acheminer par pipeline vers l’est canadien et américain pour l’exportation. C’est pourquoi la compagnie TransCanada organise des réunions d’information dans les régions du Québec situées le long du tracé du projet de pipeline Énergie Est. Selon les règles autocratiques de la gouvernance actuelle, seuls les partenaires du projet ont voix au chapitre, soit les responsables de l’industrie, le gouvernement et les propriétaires des terrains sur lesquels devrait passer le pipeline. Pourtant, ce développement industriel décrié à travers le monde est l’affaire de toute la population, puisque les enjeux environnementaux qu’il soulève dépassent largement les zones directement affectées par ses installations matérielles.

Parlons d’abord de l’eau . Il faut de trois à cinq barils d’eau pour extraire un baril de pétrole des sables bitumineux, en plus d’un baril et demi pour d’autres opérations sur le site. Cela représente des milliards de litres d’eau toxique produits chaque année. Pour se le représenter on peut calculer qu’il faut polluer mille litres d’eau par jour pendant plus de deux mille ans pour atteindre un milliard de litres. Les gigantesques réservoirs d’eau polluée couvrent déjà une superficie de plus de 180 km² en Alberta. Des rapports d’experts font état de 11 millions de litres d’eau toxique qui fuient de ces bassins chaque jour pour se perdre dans l’environnement. La rivière Athabasca est contaminée et les populations autochtones de la région, qui vivent des ressources du milieu, subissent une hausse de cancers et autres maladies rares.

Mais ce n’est là encore qu’un aspect du problème. Une équipe d’experts de la NASA a produit, dès janvier 2008, un rapport crucial qui chiffrait le seuil de particules de CO₂ admissible dans l’atmosphère compatible avec la vie et la civilisation sur terre . Ce seuil est évalué à 350 ppm (parties par million). Or nous avons atteint en 2013 le seuil de 400 ppm . Indépendamment des catastrophes qui font déjà partie de notre actualité (acidification des océans, cyclones, désertification, inondations, perte de la biodiversité et des capacités agricoles, canicules meurtrières, malnutrition et conflits pour l’eau et le territoire), ce seuil se traduit par la fonte de la glace des pôles et la libération du carbone et du méthane enfouis dans le pergélisol. Ce sont des trillions de tonnes de gaz nuisible dont la libération dans l’atmosphère augmentera avec le réchauffement, tout en accélérant le processus même du réchauffement climatique. Ce processus de libération est déjà amorcé .

Regardons la Terre vue de l’espace. L’atmosphère a l’épaisseur d’une couche de vernis sur le globe. Une atmosphère de méthane est incompatible avec la vie. Le pétrole des sables bitumineux rejette de 3,2 à 4,5 fois plus de gaz à effets de serre dans l’atmosphère que le pétrole conventionnel . Dans ce contexte, l’idée même de favoriser l’expansion de cette industrie n’est pas seulement peu sécuritaire, elle est immorale. Les gouvernements parleront de normes pour encadrer l’industrie. Il en existe présentement pour les installations albertaines. Ce qui n’a pas empêché des chercheurs indépendants de recenser depuis 1996 jusqu’à 9 000 incidents qui ont provoqué des émissions polluantes excessives.

On dira que le transport par pipeline est plus sécuritaire que tout autre mode de transport. C’est passer sous silence le fait que les pipelines ne feront que s’ajouter aux autres modes de transport existants et à venir. Accepter le discours de l’industrie pétrolière, c’est accepter, au nom des générations immédiates et futures, de mourir dans les normes. Il faut asphyxier l’industrie du pétrole et du gaz avant que les conditions favorables à la vie ne soient détruites. Même la Banque mondiale a réitéré l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique . Nous disposons d’une dizaine d’années pour éliminer notre production de gaz à effets de serre afin d’éviter de dépasser une hausse de 2 °C du thermomètre mondial d’ici vingt à trente ans .

La Terre appartient à ceux et celles qui l’aiment et l’habitent. Le droit des entreprises est une invention du début du XXème siècle. Il n’est pas inscrit dans la nature que les populations doivent consentir à la destruction de leur environnement. Il existe d’autres modèles de développement économique. L’expansion de l’industrie du gaz et du pétrole « extrêmes » ne peut que retarder la transition vers une économie plus viable. C’est collectivement que nous devons réaliser cette transition. Le Québec doit se joindre à la lutte internationale contre l’industrie des sables bitumineux.

Comité vigilance hydrocarbures L’Assomption


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4 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    17 juillet 2014

    Le gouvernement, l'industrie, les partenaires, et les propriétaires des terrains; le plus gros investisseur, le seul, le véritable, celui qui fait le plein du réservoir de sa voiture, celui qui représente des millions de gens,et des milliards de dollars il n'est pas invité lui dans les discussions.
    Comment est-ce qu'on appelle ça des gens élus qui gèrent le bien commun en cachette?
    Le meilleur moyen pour l'heure de se débarasser des schisteux, des pétroleux, et tous ces faux investisseurs subventionnés dont la VISION d'avenir des peuples se limite à fouiller dans les dépôts de merde jurassique; eh bien oui c'est d'abandonner le dollar canadian, d'imprimer notre piastre, de prendre le contrôle total de notre terre, de sortir de prison l'énergie libre et de se lever tous ensemble bonyeux de moribonds défaitistes peureux qui n'en finissent plus de prendre leur trou et de toujours répéter les mêmes erreurs politiques moribondes, colonisantes. Quant aux ramasseux de noisettes en dollars actuels, vous en faites pas, ils seront automatiquement transmutés en piastres vos noisettes si ça peut vous encourager.
    N'oublions jamais que l'essentiel c'est de manger , se vêtir et se loger et que toutes ces choses nous les avons sur place, bien que depuis toujours on nous les confisque pour nous forcer à travailler cent fois mille fois pour pouvoir obtenir toutes ces choses élémentaires qui nous appartiennent déjà. Mon vrai pays c'est exactement ça. Prendre son bien sur place c'est en finir avec la surexploitation des richesses naturelles par les fous économique.
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2014

    Pour comprendre les enjeux véritables de la dépendance au pétrole : Je vous suggère la lecture du livre " LA FIN DE LA CROISSANCE " par Jeff Rubin ( ancien économiste en chef de la CIBC).

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2014

    Chaque tour de clé pour démarrer un moteur à essence est un plébiscite pour cette industrie. Pensez-y quand vous devez acheter une pinte de lait, un pain ou un carton de cigarette.Je n'ose imaginer pour le 24-pack de bière.

    C'est dur de moraliser un gars du 450 qui doit se rendre assez loin pour travailler, mais le choix des vacances peut influer sur la consommation, que ce soit par les grandes distances parcourues en voiture ou en prenant l'avion.
    Les miennes seront locales, car l y a toujours de belles découvertes à faire près de chez soi.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juillet 2014

    Le ministre des Affaires étrangères du Canada a défendu les attaques aériennes de l'armée israélienne en territoire palestinien. John Baird appui Israël qui a accentué son offensive contre le Hamas, mercredi, atteignant nombre de cibles et tuant au moins 22 personnes.
    Il est faux de prétendre que le Hamas n'atteint pas ses objectifs avec ses missiles tirés à l'aveuglette.
    L'industrie touristique est un fleuron indispensable à l'économie israélienne; si les vacanciers annulent leurs séjours et que l'industrie hôtelière en souffre, Nétanyahou et l'armée israélienne devront cesser ce chaos nuisible en cette saison touristique.
    Rappelez-vous lors du dernier conflit avec le Liban, Israël en avait profité pour détruire les infrastructures touristiques libanaises, en compétition avec les leurs.
    Bref, si vous voulez faire mal à Israël, attaquez-vous à son portefeuille en boycottant ses produits et services.
    https://fr-ca.actualites.yahoo.com/video/john-baird-commente-les-attaques-210000505.html