Le plan de carrière de Jean Charest

Charest - dilapidation, dissimulation et corruption

Jean Charest avait disparu discrètement après avoir laissé entendre, devant les caméras de télévision, qu'il pourrait envisager de transformer la chasse aux phoques afin qu'elle devienne plus acceptable pour les Européens qui venaient de fermer la porte aux importations des produits dérivés. Il n'a cependant pas expliqué aux journalistes ce qu'il entendait proposer comme changement. Il terminait alors un voyage officiel en France au cours duquel il avait été couvert d'honneurs sous le regard attendri de la famille Desmarais. Puis, le silence complet. On a appris par les journaux que la famille Charest prenait des vacances dans le sud de la France. Ce qui fait que notre premier ministre rentre reposé.
Le Québec a dû se débrouiller pratiquement sans gouvernement pendant tout le mois de juillet. Les ministres avaient déserté les ministères et le silence des absents était tonitruant. Plus de discours sur la récession, sur les sacrifices qu'il va falloir faire, sur les mains sur le volant... plus personne devant les caméras. Le désert. Depuis une semaine, ils reviennent. Sans faire trop de bruit.
Jean Charest a pris le chemin de Regina, histoire de retrouver ses homologues des autres provinces pour le grand Conseil de la (con)fédération. Il affichait l'air détendu d'un homme sûr de lui qui bâtit sa réputation sur ses relations internationales, ce qu'il aime beaucoup. Il entend même jouer un rôle international en environnement.
Ici, il n'a visiblement pas l'intention de soulever plus de poussière que ce qu'il a soulevé au cours des dernières années. La preuve, c'est que malgré des opinions complètement divergentes à Regina, il n'y a pas eu de chicane, pas d'engueulade, juste une image de premiers ministres unis face à Ottawa. Pas de chicane avec Ottawa non plus. Charest tient à faire la démonstration qu'il est l'homme qui unit ce pays.
ON JOUE À QUOI?
Jean Charest mise sur lui-même. Il suit son plan de carrière. La plupart des gens se laissent porter par les occasions qui se présentent, les défis occasionnels qu'ils trouvent sur leur route ou tout simplement par le goût de l'aventure et du changement qui leur permet d'explorer d'autres domaines que ceux qu'ils avaient envisagés au départ. Et puis il y a les autres. Jean Charest fait partie des autres. Les autres, c'est ceux qui ont un objectif qui a été fixé très tôt dans leur vie et vers lequel ils avancent sans se laisser distraire. Rien ne peut les détourner de l'objectif final sous peine de devoir admettre qu'ils ont raté leur vie.
Jean Charest travaille à son plan de carrière sans relâche. Plus je le regarde aller, plus j'ai la conviction que Jean Charest vise le poste de premier ministre du Canada et que rien ne va l'arrêter. Pour lui, être premier ministre du Québec n'est qu'un tremplin vers le poste pour lequel il se prépare depuis si longtemps. C'est une ambition légitime dans son cas, et personne ne peut reprocher à un homme de vouloir réaliser son rêve. Mais... Mais... Mais... le problème qui se pose, c'est que pour y arriver, il n'hésite pas à sacrifier les intérêts du Québec et de sa population. Je m'explique.
Pour être premier ministre du Canada, Jean Charest sait qu'il doit se faire des amis dans toutes les provinces. Il y travaille d'arrache-pied au sein du fameux Conseil, où il joue un rôle primordial. Il veut faire réaliser aux collègues des autres provinces l'ouverture d'esprit qu'il saurait démontrer comme premier ministre et la sagesse que le fait d'avoir été premier ministre du Québec lui a apportée. Il a beaucoup travaillé à renforcer ses liens avec l'Ontario. C'est tout juste si les deux premiers ministres ne couchent pas dans le même lit.
Il doit faire reconnaître son leadership et son grand attachement pour le Canada pour être prêt à faire campagne d'un océan à l'autre. Il doit prouver qu'il a plus de panache que Stephen Harper et qu'il est plus chaleureux que Michael Ignatieff. Il doit surtout éviter de s'embourber dans tous les dossiers chauds entre les deux ordres de gouvernement. Pas question de rouvrir des plaies ou de faire mal paraître Ottawa alors qu'il veut y faire carrière. L'élève Charest veut 10 sur 10 partout.
Et c'est ainsi que le Québec paie le prix des ambitions de Jean Charest, qui a tendance à choisir ce qui est bon pour lui d'abord et pour sa carrière plutôt que ce qui est bon pour le Québec et son peuple. Comment voulez-vous défendre le Québec quand vous ne voulez déplaire à personne? Il lui restera juste à choisir s'il sera un premier ministre libéral ou conservateur. Les deux partis pourraient l'accueillir, car il a toujours été les deux à la fois. Les paris sont ouverts. Faites vos jeux.


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