Le retour des Canadiens français

Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»


Plusieurs aspects du rapport Bouchard-Taylor déplaisent aux indépendantistes québécois. Mais rien ne les hérisse davantage que le choix de l'appellation «Québécois d'origine canadienne-française» en remplacement du plus commun «Québécois de souche». C'est cette expression qui a mené Pauline Marois à évoquer Elvis Gratton. Elle a aussi été dénoncée par le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, qui a parlé de «révisionnisme linguistique».

D'un point de vue sociologique, le choix des commissaires est difficilement critiquable. Il leur fallait trouver une expression juste pour désigner ceux qui composent la majorité de la population du Québec. «Québécois de souche» est inexact: les Autochtones et les Québécois anglophones peuvent autant que les francophones prétendre être «de souche». «Québécois francophones» est également erroné: les immigrants maghrébins sont des Québécois francophones. «Québécois d'origine canadienne-française» est sans contredit le terme le plus précis; tout le monde comprend de qui on parle.
Pourquoi l'appellation choque-t-elle les souverainistes? Parce qu'ils ont beaucoup travaillé, au cours des dernières décennies, à faire disparaître du langage québécois toute référence au Canada. Ainsi, la «province de Québec» est devenue «le Québec» et la «nation québécoise», toutes nos institutions «provinciales» ont été rebaptisées «nationales», et les Canadiens français se sont mutés en Québécois.
Rappeler aux Québécois francophones qu'ils sont aussi canadiens-français, c'est ramener à leur esprit l'existence, hors du Québec, de communautés francophones qui partagent la même origine. C'est leur faire se souvenir que l'avenir du français en Amérique ne dépend pas seulement du Québec, que chaque francophone d'Ontario ou du Nouveau-Brunswick qui conserve sa langue fait autant pour le français qu'un Québécois. Que nous, Québécois de langue française, avons le devoir moral et culturel de tendre la main à ces frères et soeurs, héritiers eux aussi de Samuel de Champlain. Le fait que leur taux d'assimilation soit élevé ne diminue pas cette obligation, au contraire.
À défaut de pouvoir séparer politiquement le Québec du reste du Canada, les souverainistes s'affairent à opérer une séparation intellectuelle et culturelle. Leurs efforts s'ajoutent à l'effet de repoussoir provoqué par l'ignorance, l'indifférence et les préjugés de certains Canadiens anglais à l'égard du Québec. S'inscrit dans ce mouvement l'appropriation exclusive de la fondation de Québec il y a 400 ans, de façon à effacer le Canada de ce pan de notre histoire collective. La rédaction d'une constitution québécoise et la mise en place d'une citoyenneté québécoise font partie du même plan. Plus les liens psychologiques entre le Québec et le reste du Canada seront étiolés, plus facile il sera de convaincre les Québécois de franchir l'ultime étape.
La réaction du camp indépendantiste est d'autant plus vive que ce choix de vocabulaire a été cautionné par un de ses plus brillants intellectuels, Gérard Bouchard. Nous ne sommes peut-être pas loin du jour où on lui reprochera, comme à son frère, d'avoir trahi la cause.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mai 2008

    J'ai un "scoop" pour M. Pratte:
    Les commissaires Bouchard-Taylor sont en retard, AUSSI,d'un demi-siècle, pour ce sujet particulier de l'appellation: "canadien-français".
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    Les francophones des autres provinces ne s'appellent plus ainsi depuis nombre d'années. Ce sont maintenant des "Franco-Ontariens", des "Fransaskois", des "Franco-Manitobains", des "Franco-Albertains", ainsi de suite...
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    Au Québec, on n'utilise pas vraiment l'appellation "Franco-Québécois", on dit plutôt: "des Québécois", en sous-entendant, mais en espérant surtout, que cette personne qui vit au Québec possède au moins cette langue commune: la langue française, même si c'est un anglophone. Pour moi, quelqu'un qui vit au Québec est un "Québécois".
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    En attendant parler Pratte répéter les sottises de Bouchard et Taylor, c'est juste s'ils n'ont pas ressortis notre appellation négative donnée par les Anglais dominants du temps des "Canadiens-français": des "French pea soup".
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    Tout ce que ces idéologues fédéralistes peuvent dire et faire pour renier, bafouer et dénigrer la société québécoise, pour mieux nous marcher dessus après... Effroyable!!!
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    Je ne peux pas croire que leur rapport va servir de "bible" pour ces fédéralistes qui rêvent et qui jouissent à l'idée de voir la "Nation québécoise" (francophone, devrais-je ajouter ?) se bilinguiser et se voir réduite à néant ??
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    J'espère que les politiciens qui prennent vraiment à coeur les intérêts du Québec vont pouvoir passer des lois (sortir leur "bible" à eux) pour mieux aider à la protection et à la promotion de la langue française au Québec et en Amérique, et de voir au meilleur épanouissement de la Société québécoise en général, sans trop de contraintes à caractères religieux.
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  • Gaston Boivin Répondre

    28 mai 2008

    Il ne pourrait venir à l'esprit obtus de cet observateur, mercenaire de Gesca, cette petite Pravda canadienne, qui se plaît à recruter maints petits Goebbels, observateur pour ainsi dire aux yeux habituellement bandés, que tous ces Québécois francophones que, jusqu'à ce jour, le conquérant anglais, ses descendants et ses alliés, se plaisaient à qualifier, avec une arrière-pensée raciste comme "Les de souche", ne sont , de fait, que les descendants des habitants francophonnes de la Nouvelle-France, ceux-là mêmes, s'ils n'avaient été si nombreux, qu'ils auraient, avant la signature du Traîté de Paris de 1763, volontiers mis dans les cales de leurs bateaux, pour les en chasser à tout jamais de leurs nouveaux territoires, pour s'en débarasser pour toujours, comme on le fait de la vermine, et comme ils ont voulu le faire avec nos frères et soeurs Acadiennes. Ils ont dû plutôt se résoudre à chercher à nous faire disparaître autrement. À cette fin, le rapport Durham aété une arme utile comme le sera aujourd'hui le rapport de la Commission Bouchard-Taylor, à moins de, de la part de nos leaders nationnaux, de perspicacité dans l'analyse, la projection et l'action.

  • Rodrigue Guimont Répondre

    28 mai 2008

    Il serait plus exact M. Pratte de dire que le Canada a volé puis travesti les unes après les autres les symboles et les identités québécoises, je pense entre autres au mot Canada, à l’hymne national « Ô Canada » composé par Routhier et Lavallée et chanté pour la première fois lors de la fête de la Saint-Jean le 24 juin 1880 et qui faisait référence exclusivement au Canada français, et la dernière en liste les Fêtes du 400ième de la fondation de la ville de Québec.
    Ne vous étonnez pas de ce que le mot Canada >> et Canadien-français signifie pour une grande majorité de Québécois de souche. Ce qui fut volé, même lorsqu’il est retourné à son vrai propriétaire est définitivement souillé.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mai 2008

    Ce texte est sans aucun doute un autre exemple idoine de cette nouvelle pathologie, qui s'appelle le délire gesquien.
    Il montre une fois de plus et avec brio, que les mots sont comme les chiffres, c'est-à-dire qu'on peut leur faire dire n'importe quoi...
    Pratte a cette habiletée incomparable d'être capable de monter, du bas vers le haut, les chutes Montmorency en canot d'écorce. Sans même avoir une rame à la main.