Le risque de la vérité

Si le silence devant un crime jamais résolu ne laisse aucune trace, la vérité est une tache indélébile dans le parcours de celui qui a eu le malheur de l’affirmer.

Chronique de Louis Lapointe

Voici un extrait de ce que j’écrivais dans ma chronique du 18 janvier 2010, Le forum des consultants, au sujet de la corruption.
«La corruption est entrée dans nos mœurs, voilà pourquoi nous la tolérons chez nos dirigeants, alors que l’honnêteté est un risque, puisqu’elle peut nous faire perdre le peu que nous possédons : emploi, auto et maison.
Si le silence devant un crime jamais résolu ne laisse aucune trace, la vérité est une tache indélébile dans le parcours de celui qui a eu le malheur de l’affirmer.
Alors qu’une fripouille jugée et condamnée peut toujours prétendre avoir remboursé sa dette à la société en purgeant sa peine, celui qui a perdu son emploi parce qu’il a dit la vérité n’aura jamais à être réhabilité, n’ayant commis aucun crime et purgé aucune peine.
Pourtant, son châtiment est bien pire que celui du criminel.
Plus jamais on ne lui fera confiance parce qu’il aurait trahi en manquant de loyauté.
Comme dans la mafia, le vrai crime n’est pas celui qui est commis, mais bien la dénonciation publique qui en est faite, le manquement à la règle de l’omerta.
Comment ne pas conclure dès lors que nous vivons à une époque où le mensonge et la corruption règnent grâce à la complicité de dirigeants et professionnels dont les intérêts personnels sont au-dessus de toute éthique ?

Une société dans laquelle l’éthique dont certains ordres professionnels s’enorgueillissent est d’abord une marque de commerce pour vendre des services professionnels !»

Toujours d'actualité?

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L'exemple qui vient de haut
Le prix de la vérité

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Louis Lapointe534 articles

  • 890 081

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    6 octobre 2012

    Pour Pierre…
    Je repose une question à un avocat qui se trouve aussi être un remarquable observateur : si la corruption était endémique dans les différentes fonctions publiques, comme faisant partie des mœurs et faisant même partie d’une culture, ne faudrait-il pas craindre, comme les métastases, que la corruption liée aux activités de la construction se soient répandues à des sphères d’activités insoupçonnées, en apparence insoupçonnables ?
    Par exemple, c’est bien juste pour jaser, on jase, on jase, là, on jase tellement sur Vigile, pourquoi la concurrence féroce et parfois déloyale que se font les municipalités, celle particulièrement féroce entre Montréal et sa banlieue nord, pour attirer dans leurs parcs industriels de nouveaux entrepreneurs et employeurs (déjà souvent subventionnés à d’autres niveaux gouvernementaux), comment est-ce possible que des ingénieurs aux grands travaux (publics) pourraient être approchés, eux, et ne pas « résister fort-fort » à la Mafia (comme il nous est avancé à la commission) alors, ben oui alors s’tifi, alors que dans d’autres sphères des mêmes administrations, d’autres ingénieurs et fonctionnaires, qui lutteraient fort-fort, jour et nuit fort-fort, contre toute forme de pollution, de l’air et de l’eau, mais comme par hasard, on jase ici, de l’eau et de l’air du temps, mais souvent la pollution produite par les entreprises venues d’ailleurs qui fournissent emplois… eh ben, ces derniers valeureux fonctionnaires ne seraient jamais approchés ? Cela m’apparaît hors de l’entendement que dans la pollution il ne s’y cache pas un peu de corruption, sinon alors que viendraient faire dans la décontamination les meilleurs amis et zamis de la collusion ? Cela serait-il aussi hors du mandat de la commission Charbonneau ?
    Votre texte est d’une grande sincérité, Louis Lapointe. J’avais lu dernièrement dans Le Devoir les commentaires d’un autre vigilien pour qui j’ai de l’estime, et qui pourfendait les conditions de travail dorées des fonctionnaires, la « permanence » en particulier. Il avait raison. Cependant…
    Les « permanents » sont les employés les plus vulnérables lorsque, pour toutes sortes de raisons, les administrations publiques deviennent malades. C’est ma conviction après avoir fait partie du cirque. Je peux seulement témoigner ici pour un certain Pierre qui, lui, ne peut plus témoigner de rien, qui aurait quitté volontiers fonction et permanence s’il avait pu seulement, à la veille de la cinquantaine, s’il avait pu simplement « transférer » son fonds de pension. Mais il était piégé mon ami Pierre. Piégé par cette permanence supposément dorée.

    Je ne doute pas un instant qu’il peut y avoir présentement des fonctionnaires inquiets par la Commission Charbonneau. Je n’ai jamais douté non plus de la nécessité de la commission réclamée par les partis d’opposition. Vous discutez avec un nouvel employeur sur votre territoire, c’est votre tâche, vous apprenez ses difficultés avec les services municipaux de son ancien lieu d’affaires. Vous apprenez même le nom du fonctionnaire censé lui avoir fait des misères. Mais il se trouve par le plus grand des hasards que le fonctionnaire en question est un proche à vous, qui vous révèle plus tard, lui, sans rien savoir des doléances de l’entrepreneur à son endroit, combien il était satisfait d’avoir déjà conseillé ce même entrepreneur à propos de ceci et de cela. Surtout, vous savez les misères et tracasseries que subit le proche dans son service, qui le découragent littéralement, lui pourtant si dédié, qui y était entré par conviction comme si cela avait été une vocation. Vous comprenez alors ce que votre ami Pierre d’une autre époque avait compris : la dorure à profusion est souvent une illusion, la vérité, une denrée rare. Ceux qui parlent le plus de la dorure ne sont pas toujours les mieux informés non plus que les plus intéressés par la vérité. On jase, là …

  • Archives de Vigile Répondre

    4 octobre 2012

    Oui, malheureusement et probablement pour un certain temps
    Le temps qu'une humanité se rende compte des ravages qu'il y a à ne pas suffisamment maintenir et se maintenir dans un rapport fait de vérité
    Si la vérité ne peut qu'être mi-dite pour des raisons intrinsèques à toute nature humaine divisée par ses forces inconscientes, l'essai essentiel de se maintenir dans ce rapport ne devrait être que la première responsabilité de toute nature ayant acquis le respect de cette nature humaine
    Il s'agit d'un fondamental beaucoup trop oublié ou mal compris, au nom d'intérêts qui ne valent pas la peine
    Merci pour vos billets, et particulièrement celui-ci
    S Caron

  • François Ricard Répondre

    4 octobre 2012

    Un Charest qui savait que la CDP accusait un manque à gagner de 40 milliards....
    Un Charest, un Gignac, et possiblement plusieurs autres, qui savaient que Gentilly-2 était un gouffre financier...
    Un Bachand, Un Moreau, Un Couillard qui savent que ces gens savaient mais continuent à les appuyer...
    Et pourtant tous ces gens recueillent l'appui de millions de personnes dans l'électorat.
    Possiblement aime-t-on être berné?