Le serment oublié

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« Le Québec ne possède pas de constitution formelle dûment approuvée par le peuple. » Qu’est-ce qu’on attend pour en adopter une ?

Le refus de PSPP de prêter allégeance au roi a créé un étourdissant tourbillon politico-juridique. S’il a semé le chaos en défiant la légitimité du protocole, il faut toutefois lui reconnaître une vertu malheureusement oubliée, celle de prendre ses promesses au sérieux.


Respect


Un serment n’est pas qu’une banale formalité. Car même s’il n’exige que quelques secondes, il engage solennellement celui qui le prononce. Or, on ne fait pas une promesse que l’on est incapable de tenir. Jurer fidélité sans y croire relève de l’hypocrisie et valide la félonie. PSPP est le premier à faire preuve d’intégrité en refusant d’engager vainement sa parole. À cet égard, il mérite notre respect.  


Mais ce qui est valable pour le serment au roi devrait l’être également pour le serment au peuple. La formule s’énonce ainsi : « Je déclare sous serment que j’exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec ».


Qu’un député promette de respecter la constitution du Québec est légitime... à condition que ladite constitution existe réellement !


Or, le Québec ne possède pas de constitution formelle dûment approuvée par le peuple. (Celle du Canada ne l’a pas été non plus). Il n’existe au Québec qu’une pléthore de textes législatifs (Charte des droits et libertés, Charte de la langue française, Loi sur les droits fondamentaux du peuple québécois, Loi électorale, etc.) dans lesquels d’aucuns peuvent y voir de vagues principes constitutionnels.  


Lèse-majesté


Combien de députés sont capables d’énoncer tous les textes législatifs formant la constitution matérielle ? Et combien d’entre eux savent réellement quels principes constitutionnels ces textes contiennent ?  


S’ils ignorent les principes auxquels ils prêtent allégeance, que vaut leur serment ? Que s’engagent-ils à respecter exactement ? Y en a-t-il au moins un qui a déjà posé la question avant de donner sa parole, ou sont-ils prêts à promettre n’importe quoi pour être assermentés ?  


Prêter serment à une constitution abstraite, voilà le véritable crime de lèse-majesté !