«Les attentats, il y en aura tous les jours» : le récit des trois religieuses prises en otage

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Dialogue surréaliste entre les terroristes et deux religieuses témoins de l'attentat de St-Étienne du Rouvray

Un dialogue s'est engagé le 26 juillet dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, après l'assassinat du père Jacques Hamel, entre le commando et les deux religieuses retenues à l'intérieur, ont confié ces dernières à l'hebdomadaire La Vie.
Alors que le père Jacques et un fidèle gisent à terre, les deux agresseurs, qui avaient jusqu'à ce moment fait preuve d'agressivité et d'énervement, changent brutalement de comportement. «J'ai eu droit à un sourire du second. Pas un sourire de triomphe, mais un sourire doux, celui de quelqu'un d'heureux», raconte soeur Huguette Péron.
Soeur Hélène Decaux, 83 ans, et l'épouse du fidèle blessé, âgée aussi de plus de 80 ans, demandent à s'asseoir. L'un des deux tueurs accepte. «Je lui ai demandé ma canne, il me l'a donnée», précise soeur Hélène.

Tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats

Puis, la conversation prend une tournure religieuse. L'un des deux hommes demande à soeur Hélène si elle connaît le Coran. «Oui, je le respecte comme je respecte la Bible, j'ai déjà lu plusieurs sourates. Et ce qui m'a frappé en particulier, ce sont les sourates sur la paix», répond la religieuse.
«La paix, c'est ça qu'on veut [...] Tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats. Et il y en aura tous les jours. Quand vous vous arrêterez, nous arrêterons», répond son interlocuteur.
Peur de mourir

«As-tu peur de mourir ?», lui demande-t-il ensuite. Après la réponse négative de la religieuse, il insiste : «Pourquoi ?». «Je crois en Dieu et je sais que je serai heureuse», réplique soeur Hélène, qui confie avoir prié intérieurement la Vierge et pensé au prieur du monastère de Tibhirine, Christian de Chergé.
Avec soeur Huguette, la conversation porte sur Jésus. «Jésus ne peut pas être homme et Dieu. C'est vous qui avez tort», assène l'autre assaillant. «Peut-être, mais tant pis», répond soeur Huguette, expliquant à l'hebdomadaire : «Je ne voulais pas mettre de l'huile sur le feu et ne pas renier ce que je pensais.» «Pensant que j'allais mourir, j'ai offert ma vie à Dieu», ajoute-t-elle.
«Visiblement, ils attendaient la police», avance soeur Hélène. Peu après, les deux hommes tentent une sortie en prenant les trois femmes comme bouclier humain. «Mais ils ne se sont pas mis totalement derrière nous. A croire qu'ils allaient au devant de la mort», se souvient-elle.
Présente à la messe, lors de l'irruption des terroristes, c'est une troisième religieuse, soeur Danielle Delafosse, qui est parvenue à sortir de l'église et à donner l'alerte.


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