Les autorités du Québec veulent restreindre le droit de manifester

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise




Le projet de loi spéciale déposé jeudi 17 mai au soir par le gouvernement québécois pour briser le mouvement de grève des étudiants, qui prévoit une forte restriction du droit de manifester, a été reçu comme une douche froide par les étudiants et l'opposition. Le texte instaure notamment toute une série d'amendes pour les organisateurs de piquets de grève, allant de 1 000 à 125 000 dollars (de 777 euros à 97 000 euros).
Un individu seul, par exemple, encourrait une amende de 1 000 à 5 000 dollars. Une association d'étudiants qui organiserait un tel rassemblement ou lancerait le mot d'ordre de bloquer l'accès à une université risquerait, elle, de devoir payer de 25 000 à 125 000 dollars, le double en cas de récidive.
Le projet de loi prévoit également que les organisateurs de manifestations déclarent aux autorités, au moins huit heures avant le départ, la date, l'heure, la durée, le lieu et l'itinéraire du cortège. Enfin, le texte définit les conditions de la suspension du semestre en cours jusqu'à la mi-août dans les établissements en grève.
"UNE LOI PIRE QUE L'AUGMENTATION DES FRAIS"
Les représentants étudiants sont apparus choqués, en colère, après lecture du projet de loi. "Cette loi est, et de loin, pire que l'augmentation des droits de scolarité pour les étudiants", selon Léo Bureau-Blouin, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), annonçant aussitôt que des "services juridiques et une multitude d'avocats" se penchaient sur le dossier pour tenter de remettre en cause le texte.
La présidente de l'opposition officielle et dirigeante du Parti québécois, Pauline Marois, a fait la même analyse. Elle a parlé d'une "loi ignoble", "une violation grave des droits fondamentaux", "une attaque frontale contre les associations étudiantes" et demandé au gouvernement de retirer son projet de loi.
Pendant que les députés discutaient le projet de loi à l'assemblée nationale, des milliers de manifestants défilaient, pour la quatorzième soirée consécutive à Montréal et à Québec pour s'opposer à la hausse de 82 % des frais de scolarité sur 7 ans. A Québec, une fausse alerte à la bombe a fait évacuer le public et les journalistes du bâtiment de l'Assemblée nationale, mais les députés ont pu continuer leurs travaux sans être dérangés.
Voir notre portfolio sur le "Printemps d'érable : trois mois de protestations estudiantines".


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