Les députés vilipendent les gestionnaires de l'informatique dans la fonction publique

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Quelle entreprise a été la plus importante bénéficiaire de ce fiasco ? CGI ?





De façon solidaire, les élus libéraux, péquistes et caquistes ont vilipendé sévèrement les hautes pointures de la gestion de l’informatique de la fonction publique.


C’était à l’occasion d’une commission parlementaire sur le rapport de la Vérificatrice générale (VG) sur la gestion de l’informatique jeudi après-midi. En novembre dernier, à la demande de Martin Coiteux, la VG a déposé un rapport coup-de-poing concernant neuf organismes ou ministères et portant sur l’octroi de 27 contrats totalisant 222 M$.


Ses constats étaient explosifs. Se référant à des «conflits d’intérêts apparents» et au manque de concurrence, elle a dit ne pas être «outillée pour vérifier» s’il y a de la corruption, mais que «les éléments sont en place». La VG soulignait que ce ne sont même pas de meilleures règles qui peuvent améliorer les choses, mais d’abord «du gros bon sens». Même si les règles sont utiles, si elles ne sont pas appliquées, ça ne sert à rien, à son avis.


Lors des dernières commissions parlementaires sur le sujet, certains députés libéraux s’étaient montrés plutôt complaisants dans leurs questions. Mais pas cette fois-ci. Exaspérés devant les dérapages, les députés libéraux ont été parmi les plus cinglants envers les organismes qui relèvent de leurs collègues ministres libéraux.


«Je pense à mon voisin. Qu’est-ce que je lui réponds ce soir afin qu’il ait confiance au gouvernement, à l’État? [...] Moi, je suis agriculteur et quand j’ai vu ça [le rapport], je prends n’importe quelle page, et si je l’applique, comme agriculteur, je fais faillite [...] Tous vos salaires sont payés par vos voisins [...] Ça fait deux heures que je vous écoute et, honnêtement, je ne peux pas vous dire que j’ai vraiment plus confiance.» − Pierre Giguère, Parti libéral du Québec


«On tourne en rond [...] On doit admettre qu’au niveau des technologies de l’information, on est des amateurs. Ça fait pitié de voir ça [...] On ne parle pas de 100 $, ce sont des gros zéros après les chiffres. Je suis quasiment gêné.» − Guy Leclair, Parti québécois


«Je n’ai jamais lu un rapport aussi dévastateur [...] C’est effectivement assez gênant. Il faut bien comprendre que nos concitoyens ont perdu des centaines de millions de dollars dans les projets informatiques, d’une part en raison de la collusion et de la corruption [...] et d’autre part en raison de graves lacunes de gestion, et ça, c’est votre domaine à vous.» − Éric Caire, Coalition avenir Québec


«Quand on écoute ça, ça devient désarmant, car on a lu un rapport en 2012, le Conseil du trésor a été sensibilisé à des faiblesses [...], mais là, on est quatre ans plus tard [...] et il faut attendre un autre rapport de la Vérificatrice générale ou une affaire de l’UPAC pour voir et comprendre que quelque chose ne va pas. Moi, je suis mal à l’aise avec ça.» − André Drolet, Parti libéral du Québec


«On parle de conflits d’intérêts flagrants [...] Des ressources externes ont participé à la préparation d’appels d’offres et ces ressources-là travaillent pour la firme qui a gagné le contrat [...] Il n’y a personne dans les organisations qui a été capable de déceler ce conflit d’intérêts là, qui était, à mon avis, très grave.» − Jean-Denis Girard, Parti libéral du Québec


«Quelqu’un est responsable de ce fiasco, et quand je fais la vérification au Secrétariat du Conseil du trésor, je ne vois aucun congédiement. Je le vous demande à vous: est-ce que ça veut dire que vous êtes fiers?» − Éric Caire, Coalition avenir Québec


«Mettez-vous à la place des contribuables. Quand ils voient des choses comme ça, et, lui, il a de la misère à arriver en bout de piste... Je m’attends à ce que vous soyez non négociables. On ne veut plus voir de désastre [...] Ça ne peut plus arriver. La population ne nous le permet pas [...] On va vous suivre. Je vais vous suivre [...] et j’espère que je n’aurai pas encore à vous retaper sur les doigts. Il faut réduire ces coûts-là au minimum.» − Guy Leclair, Parti québécois


Le grand patron de l’informatique de la fonction publique, Yves Ouellet, a dû répondre à la plupart des missives. En poste depuis à peine plus d’un an, il n’était pas là lors des dérapages mis en lumière par la VG. Il a tenu à rassurer les parlementaires, rappelant le lancement d’une stratégie en technologique de l’information, du Passeport Entreprises et de la création d’un commissaire aux contrats publics, notamment. Il martèle son intention d’assurer la plus grande transparence devant les contribuables.











La Vérificatrice générale Guylaine Leclerc




Photo Le Journal de Québec, Simon Clark


La Vérificatrice générale Guylaine Leclerc





Constats de la VG:


- Une firme a établi les spécifications d’un appel d’offres et l’a ensuite remporté.


- Des consultants ont été utilisés pour réaliser des tâches qui n’avaient aucun lien avec le contrat pour lequel les contribuables ont payé. «Ce qui est contraire aux règles d’intégrité.» Dans 10 des 26 contrats analysés, le recours aux consultants privés n’était même pas justifié formellement par la procédure prévue.


- Dans 26 contrats sur 27, les consultants privés que les firmes envoyaient pour réaliser les tâches n’étaient pas ceux qui étaient présentés dans la soumission. Autrement dit, les contribuables paient pour une expertise de pointe, mais reçoivent le service d’un consultant moins expérimenté, ce que les ministères toléraient. Dans un cas, c’est 20 consultants sur 21 qui n’étaient pas ceux demandés.


- La VG a aussi exposé l’omniprésence des ressources externes dans les entités, et ce, de façon percutante. Elle a constaté que, dans les ministères et organismes vérifiés, 31 consultants privés y travaillaient depuis au moins 10 ans et 36 depuis de cinq à neuf ans. Parfois, des consultants occupaient des rôles au sein de la direction.




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