Les partisans de l’inversion du pipeline font entendre leur voix

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Ce projet « casino » repose entièrement sur des hypothèses de prix favorables sujettes à des révisions majeures selon l'évolution de la conjoncture internationale

Des représentants patronaux et syndicaux, des gens d’affaires du milieu pétrolier et pétrochimique, des spécialistes en relations publiques, des arguments économiques et des affiches produites pour l’occasion : le mouvement défendant l’inversion du pipeline pétrolier Montréal-Sarnia n’a pas lésiné sur les moyens, mercredi, pour lancer sa campagne, insistant sur le fait que Québec ne devait pas être un frein aux autorisations qui viendraient du gouvernement fédéral.
Si le projet d’Enbridge visant à inverser le flot d’écoulement de son pipeline fait partie des souhaits chers au milieu industriel et aux chambres de commerce - tout en suscitant l’inquiétude des groupes environnementaux -, c’est parce que le baril de pétrole de l’Ouest canadien coûte actuellement 20 $ de moins que celui provenant de l’étranger.
Mais il faut d’abord obtenir le feu vert des autorités, dont l’Office national de l’énergie (ONE), saisi d’une demande d’Enbridge à la fin de novembre 2012. De son côté, le gouvernement du Parti québécois entend préciser d’ici « quelques semaines » les détails d’une consultation qu’il veut mener, selon les récents propos du ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet.
« S’il y a une décision québécoise d’avoir un exercice québécois d’évaluation, en aucun cas, ça ne doit retarder les décisions qui seront prises en fonction de l’évaluation de l’Office national de l’énergie », a averti le président de la CCMM, Michel Leblanc.
« C’est plutôt là qu’il faut être attentif. On a une nette tendance à prendre plus de temps qu’ailleurs, à retarder la prise de décision. Si on prend trop de temps, peut-être qu’il sera trop tard et qu’ailleurs, on continuera de prendre les décisions », a ajouté M. Leblanc.
La présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Françoise Bertrand, estime que la première ministre Pauline Marois est « très ouverte ». Mais selon Mme Bertrand, Québec n’a pas vraiment besoin de faire sa propre évaluation car l’ONE est « un organisme extrêmement exigeant, avec des paramètres et des balises connus ».
Enbridge est prête à investir 450 millions pour son projet, auquel les écologistes s’opposent vivement en disant que le pipeline n’a pas été conçu pour transporter du pétrole issu des sables bitumineux. L’industrie rejette cet argument.
« Il est évident que le Québec n’est pas préparé adéquatement pour faire face aux conséquences de l’arrivée du pétrole sale albertain et ses sous-produits comme le [coke de pétrole] », a dit un porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, dans une déclaration transmise par courriel. Québec a intérêt à dévoiler rapidement son processus d’évaluation, selon lui. « Les enjeux liés à l’augmentation des émissions de GES et les préoccupations de santé publique doivent absolument faire partie de cette évaluation. »
La coalition qui s’est manifestée mercredi à Montréal-Est, dans les bureaux de la société pétrochimique CEPSA, comprend aussi le Conseil du patronat, l’Association industrielle de l’Est de Montréal, les Manufacturiers et exportateurs du Québec ainsi que la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.
Environ 2000 emplois au Québec sont en jeu, sans compter des milliers d’emplois indirects, disent-ils. (Le ministre fédéral des Ressources naturel est déjà favorable au projet.)
Le pipeline, aussi appelé Ligne 9, a été construit dans les années 1970 alors que le pétrole de l’Ouest était moins cher que celui de l’étranger. Il a été inversé une première fois dans les années 1990.
L’argument veut que l’accès au pétrole plus abordable de l’Ouest canadien permette à la raffinerie de Suncor d’être plus compétitive et d’assurer sa survie, et donc celle des sociétés pétrochimiques qui s’alimentent à même ses sous-produits. Suncor reçoit son pétrole d’un pipeline qui arrive de Portland (Maine). Advenant une inversion, elle s’approvisionnerait à 100 % de pétrole de l’Ouest, a dit au Devoir le directeur de la raffinerie, Jean Côté.
La Chambre de commerce de Lévis était également sur place pour faire valoir le même argument au nom de la raffinerie Ultramar, la seule, avec celle de Suncor, toujours en activité au Québec.

Participation syndicale
« Le meilleur outil de création de richesse, c’est la transformation des matières premières chez nous », a dit Daniel Cloutier, représentant national au Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier, qui est également de la partie. Le syndicat représente des employés de Suncor, d’Ultramar, de Shell (le terminal de stockage), de Canterm (stockage), de CEPSA et de Chimie Parachem.
« On ne peut pas passer à côté de ce projet-là, pour les emplois actuels et futurs », a dit M. Cloutier. Sa prestation a ravi les représentants du milieu des affaires qui étaient sur place, plusieurs se donnant de petits coups de coude en ponctuant de hochements de tête ses propos.


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