Le gouvernement fédéral doit aller à la rescousse des provinces, à défaut de quoi elles seront aspirées dans la « folle spirale » de l’endettement, tranche un rapport du Conference Board du Canada. Preuve à l’appui, les premiers ministres provinciaux ont tour à tour dénoncé jeudi le retour en force du déséquilibre fiscal.
« Toutes les provinces le ressentent, et ce, de différentes façons », a signalé la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne. « Nous devons retrouver l’équilibre. »
Les dépenses totales en soins de santé des provinces et des territoires gonfleront de 260 milliards de dollars en quelque 20 ans, passant de 137 milliards (2013-2014) à 397 milliards (2034-2035), selon les projections de l’organisme de recherche. « À long terme, les baby-boomers pèseront de plus en plus sur le système de santé », note-t-il.
Si rien n’est fait, les provinces crouleront sous un déficit combiné de 171,6 milliards en 2034, tandis que le gouvernement fédéral se pavanera avec un excédent budgétaire de 109,8 milliards, prédit le Conference Board du Canada.
Le rapport montre « clairement » une « asymétrie », a fait valoir le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. « Il y a beaucoup plus de moyens au niveau fédéral [et] beaucoup plus de besoins au niveau provincial. […] Il n’y a personne qui se satisfait de ça », a-t-il déclaré en marge du Conseil de la fédération. Selon lui, l’« écart » s’est « refait » au cours des turbulences économiques des dernières années.
Les premiers ministres provinciaux et territoriaux sont déterminés à « régler cette situation » dans un « esprit de collaboration » avec le gouvernement Harper, a fait valoir M. Couillard. Ils ont notamment appelé Ottawa à injecter de nouveaux fonds en santé.
Le chef du gouvernement albertain, Dave Hancock, a refusé de se rallier à la proposition québécoise de moduler les transferts fédéraux en matière de santé en fonction des « réalités démographiques » de chacune des provinces. « Un citoyen en Alberta devrait être traité de la même façon qu’un citoyen dans une autre partie du pays dans les programmes financés par le fédéral », a-t-il expliqué.
Il s’est toutefois entendu avec ses homologues sur la nécessité de tirer au clair les variables jouant un rôle sur les dépenses gouvernementales, incluant celles en santé.
M. Couillard ne lui en a pas tenu rigueur. « [Au Québec], on a une population qui vieillit plus rapidement qu’ailleurs et il faut en tenir compte. La création d’un [groupe sur la santé annoncée jeudi] est une façon d’ajouter la prise en compte de l’âge, de la structure démographique dans le financement de la santé », a-t-il dit.
Les premiers ministres ont également demandé à Ottawa d’investir davantage dans les projets d’infrastructures, et tant qu’à y être, de balayer à sa politique de financement « projet par projet ».
Constitution
En matinée, M. Couillard a tenu à rappeler des « épisodes » ayant marqué au fer rouge l’histoire politique du pays : le rapatriement de la Constitution du Canada sans l’accord du Québec et l’échec de l’Accord du lac Meech. Il s’agit de « significant negative events », a-t-il souligné à ses homologues attablés dans la Salle de la Confédération de la Province House. Les Pères de la Confédération y avaient jeté les bases du Dominion du Canada il y a 150 ans. « Je crois que, dans ce contexte historique, il fallait que je le fasse », a-t-il soutenu à la presse.
M. Couillard a aussi rafraîchi leur mémoire au sujet des « demandes traditionnelles » du Québec. « Je veux être bien certain que c’est enregistré partout au Canada et je pense que ça l’est clairement maintenant. »
Dans une autre démonstration d’unité, les chefs de gouvernement ont successivement balayé l’idée d’engager de nouvelles discussions constitutionnelles formelles visant à réintégrer le Québec dans la famille canadienne.
Les « portes de la Constitution » demeureront fermées au Québec aussi longtemps que « le gouvernement fédéral » se refusera à les ouvrir, a indiqué l’hôte de la rencontre, Robert Ghiz.
CONSEIL DE LA FÉDÉRATION
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