Les tueries dévastatrices et inattendues

Le règne des tireurs fous

Tribune libre

(ON ME PERMETTRA, J'OSE L'ESPÉRER, DE PRÉSENTER CE TEXTE QUI PARLE TRÈS PEU DE LA POLITIQUE, DU MOINS DE MANIÈRE DIRECTE
Chaque fois qu’on nous «annonce» douloureusement une tuerie de grande ampleur mettant en scène un forcené ou un écervelé (éventuellement désaxé), je pense, de manière éventuellement injuste ou imprécise, à une réflexion (ou vérité), attribuée à Georges Bernanos : «les ratés ne vous rateront pas».
Je vois ou entrevois, pour le moment, trois types d'assassins:
1) Il y a les tireurs fous qui tuent ou tentent de tuer de nombreuses personnes. Cela se voit assez souvent dans des écoles, centres commerciaux ou autres lieux.

2) Il y a aussi les tueurs en série qui tuent (et parfois violent) de nombreuses personnes en échelonnant le tout sur un certain laps de temps, lequel peut être de longue haleine.

3) Il y a aussi, dans les écoles (et ailleurs), les «intimideurs» de tout acabit qui, quant à eux, ne cessent de harceler des personnes fragiles et vulnérables, provoquant parfois des suicides tragiques et pathétiques.

En ce qui concerne toutes ces personnes, démentes ou malintentionnées je pense que, dans bien des cas, ce sont des êtres passablement isolés, malheureux et vivant dans une sorte de tour d’ivoire.
Je pense aussi que très souvent il s’agit de personnes obsédées par leur souci de célébrité. Il s’agit pour ces individus de faire leur place au soleil, d’occuper momentanément le devant de la scène et de tenir imaginairement le gouvernail.

Un de ces individus m’a personnellement troublé, beaucoup troublé même Il s’agit d’Agostino Ferreira. Au début des années 90 il a violé et assassiné plusieurs jeunes filles, d’abord dans des boutiques de la rue Laurier et un peu partout par la suite.. La première victime était la fille d’un de mes très grands amis, lequel reste troublé et un peu éteint.
La «procureure» de la poursuite a dit qu’elle avait rarement vu un cas de narcissisme aussi «flamboyant» et aussi redoutable. Le type était ravi lorsqu’il a constaté que plusieurs médias parlaient de lui. Et selon la même «procureure» la mère de ce monsieur était enchantée lorsqu’elle a découvert que son fils était devenu (provisoirement) une sommité et qu'il était très présent dans les médias.
Je dirais donc que ces criminels sont souvent des ratés, comme le dit Georges Bernanos.
Ce sont aussi, très souvent, de grands solitaires qui ne cessent de ruminer et de régurgiter de sombres pensées qui, parfois, deviennent «criminelles» et souvent cruelles. Et il y a parfois la quête incessante de la célébrité.
Je pense qu’il faut détecter et aider les solitaires, lesquels sont souvent des ratés assoiffés de célébrité et de vedettariat.
Les pouvoirs publics devront sûrement prendre leurs responsabilités et offrir plus de ressources et d'appuis. Il faudra aussi éviter les «solutions» à la Harper, lesquelles solutions sont d'extrême droite et risquent de tout gâcher. Méfions-nous aussi des libéraux dirigés par un Jean Charest. Ces politiciens médiocres n'ont aucun programme précis face à certaines formes de criminalité.
Il y a deux ans un de mes grand amis, alors âgé de 68 ans, a passé de vie à trépas (il a passé l'arme à gauche), poignardé à mort par son fils schizophrène, âgé de 38 ans, lequel, semble-t-il. entend souvent des voix qui l'enjoignent de faire ceci ou cela. Les psy avaient autorisé une brève visite chez ses parents puisqu'ils avaient «prescrit» une nouvelle «médication», très efficace.
Lorsque les flics de Saint-Lambert sont arrivés, ils ont emmené le fils en prison et l'un des flics a dit aux prisonniers que ce salaud avait tué son père. Il a alors subi un douloureux passage à tabac (perforation de l'estomac).
Toutes ces mésaventures sont assez fréquentes. Il va falloir y penser.
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias et écrivain public


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2015

    Une tuerie méconnue, l'affaire des disparus de Mourmelon :
    http://www.dominique59121.skyrock.com
    http://www.disparusdemourmelon.org
    plus de 10 victimes, et beaucoup d'autres oubliées, ou méconnues...

  • Archives de Vigile Répondre

    26 juillet 2012

    James Holmes était un surdoué selon les témoignages.
    Il était un étudiant en neurosciences parmi les meilleurs.
    Il venait de gagner une bourse de $20000 du NIH pour son champ d'étude. Seulement sept personnes de son université ont reçu une bourse semblable qui a dû servir pour payer son arsenal.
    Côté travail, il était moniteur dans un camp d'été de Grands Frères et Grandes Sœurs pour les jeunes de la communauté juive.
    Côté social, plutôt nerd. Doux et affable, mais avec une impossibilité d'obtenir une relation sérieuse avec une fille. La peur du manque de respect envers la gente féminine devait y être pour beaucoup. Cela rapproche du cas Marc Lépine.
    Il s'était inscrit sur un site de rencontre pour sexe occasionnel. Il demandait surtout de pouvoir bavarder avec des filles. Pas très claire dans ses intentions physiques.
    La tirade la plus osée : Viendrez-vous me visiter en prison ?
    Sur trois contacts, trois refus.
    Bon, il n'est pas clair qu'il tirait que des femmes, mais il aurait éviter de tirer sur des Noirs. Les cibles intentionnel seraient blanches. Il s'est arrêté dès que la police s'est pointée et s'est rendu sans problèmes.
    Il a même pris la précaution d'avertir les agents que son appartement est piégé. Bizarre, mais semblable à la tuerie d'Utøya où Breivik tirent des Norvégiens comme lui, puis il se rend calmement à la Police. (Breivik était apparemment très brillant puisqu'il est devenu millionnaire grâce à l'informatique dans le but de financer son coup, tout en sachant déléguer les tâches en sous-traitance dans les pays comme l'Inde et le Pakistan).
    Il est dit qu'il est schizophrène. Alors, il faudrait comparer avec le caporal Denis Lortie, qui lui aussi a pris le temps de préparer minutieusement son coup, mais qui s'est arrêté devant un ancien militaire plus haut gradé que lui. Si Holmes avait des problèmes à nouer des relations sociales, il est devenu pas mal plus sexy après le massacre.
    http://img.gawkerassets.com/img/17ttvpxg1lfesjpg/original.jpg
    Il y a un côté Théorie de Conspiration qui s'est développé.
    Mais je ne l'aborderai pas maintenant

  • Jean-Pierre Bouchard Répondre

    25 juillet 2012

    Voici un sujet complexe. On peut établir que les tueurs de masse sont atteints biologiquement de désordres neurocérébraux ce que la médecine du cerveau ne démontre pas engluée qu'elle est dans la compréhension du cerveau humain dont la supériorité sur les moyens et calculs des ordinateurs est sans équivoque.
    Alors, il reste l'observation du milieu familial d'abord puis social ensuite quoique les deux milieux sont inter reliés. L'environnement sociofamilial donne la base d'explications aux comportements individuels. Plus profondément, les milieux socio familiaux dans le cadre de la civilisation occidentale et de sa culture donnent des clés de compréhension sur le pourquoi de comportements rares. Milieux sociaux et familiaux ou vice versa qui dans des nations occidentales précises connaissent leurs particularités. La conquête -sauvage- de l'Ouest américain a laissé sa marque particulièrement aux États-Unis dans les mentalités comme le fédéralisme colonialiste britannique ou anglophone a laissé sa marque au Québec dans les nôtres.
    Concrètement après ces développements un peu longs on peut dire que le déclin de la religion chrétienne en Occident dans ses distinctions ici au Québec comme ailleurs en faisant de l'individu le soi, le centre du monde et de sa réalité a ouvert un horizon de vide, de négation de toutes croyances solides suffisamment pour enclencher des possibilités de crises de rage aveugle et meurtrière rendues possibles lorsque la reconnaissance des fils et filles ne se fait pas de la part de leurs pères ou et de leurs mères. Des enfants négligés, abusés par leur famille qui seront plus tard des futurs adultes deviennent souvent des individus en graves difficultés ou dépressifs transportant à l'intérieur d'eux des sentiments de haine qui majoritairement refoulés par des problèmes de santé relativement de type psychosomatique peuvent parfois se traduire par des actes de tuerie en série ou par acte unique chez certaines de ces personnes souffrantes.
    Évidemment la rareté de ces actes de tuerie nihiliste en Occident même doit être notée que ce soit au Québec, en Norvège et moindrement il est vrai aux É.U.
    Dans une civilisation occidentale où la religion ne fait plus sens commun où le néolibéralisme abandonne les individus à eux mêmes sacrifie le sentiment national comme d'une forme de tyrannie prétendue à quoi s'attendre d'autre parfois lorsque des familles n'encadrent pas leurs fils et filles pour la vie adulte future à travers la prise en compte de leurs besoins? Lorsque par ce mot brûlé mais vrai, l'amour paternel ou maternel se détermine absent.
    Tout cela est complexe, dans le processus encore assez rare du déclenchement d'actes criminels isolés mais de masse aveugles et vengeurs parce que ces nihilistes sont inconscients envers les causes de leurs souffrances, l'option de prédispositions génétiques reste ouverte quoique nébuleuses. En faits, les conditions de vie familiale dans des sociétés compétitrices et égocentriques comme aux États-Unis tout comme des phénomènes comme l'intimidation scolaire dans des classes primaires et secondaires, les cours de recréation tout cela dans un monde qui ne fait plus sens que dans l'identité heureuse ou malheureuse de son moi créé les conditions d'une violence de civilisation plus solitaire qui n'est plus celle très largement collective des collectivités monarchiques, féodales ou tribales.
    Dans le monde occidental, on a développé la technologie absolument tout en créant une solitude inédite dans l'histoire de l'humanité. C'est un point majeur tout en maintenant par le salariat de masse du capitalisme, une condition de vie qui passe par le travail pour un minimum de bien être matériel sous peine de déchéance. Le stress inégalitaire du travail en laissant sa marque de souffrance sur les familles, on perçoit l'engrenage de causes à effets qui créé la distorsion entre les milieux sociaux et certains milieux familiaux. Ce type d'explications pourra être taxé ou accusé d'un mélange de rousseauisme, de marxisme imprégné d'une psychanalyse post freudienne anti œdipienne s'ouvrant aux philosophies post modernes structuralistes tel M. Foucault son analyse du pouvoir pluriel voire d'un René Girard de sa théorie du mimétisme et du bouc émissaire, etc..
    Quoi qu'il en soit, la pire chose étant de penser en termes de ratage individuel, de fous furieux qui surgissant de nulle part tuent pour le plaisir cela tout ça n'explique rien et ce genre de propos ne dégage aucun horizon pour comprendre le monde contemporain en Occident qui a conquis la planète et qui impose sa conception du monde nihiliste et égocentrique à toute l'humanité sans exception! C'est de la mondialisation dont il s'agit ici qui détruit les cultures et qui ramène le sens de la vie aux objets, aux choses, aux égos individuels. Un auteur comme Cioran a exploré le nihilisme européen comme un La Rochefoucauld après un Nietzsche au 19ème siècle. Il faut associer les pièces du puzzle pour éclairer le type de civilisation dans laquelle nous vivons.
    Le Québec lui même est affecté par la culture du voisin américain qui influence le milieu du Canada avec Harper. Tout comme la culture individualisante contribue à rendre difficile l'indépendance du Québec. Un Québec qui à droite mais colonisé s'imagine trouver sa délivrance dans le libéralisme à l'américaine. Nous sommes tous liés à la mondialisation du non sens et à sa déflagration sociale où l'environnement naturel est aussi affecté sérieusement.