Beaucoup de Québécois ne connaissent ni le lieu ni l'origine des plaines d'Abraham. Les francophones pensent généralement que les plaines d'Abraham ont été nommées en souvenir d'Abraham Martin, un Écossais arrivé au Canada en 1620, qui faisait paître ses bêtes sur un terrain de 13 hectares sur les hauteurs de Québec. Pourtant en 1759, un siècle plus tard, ce terrain clôturé appartient aux Ursulines. Il est connu sous le nom des «hauteurs de Québec». Chez les Anglais, en 1759, on nomme ce lieu «The Heights of Quebec». Le nom évoluera plus tard vers le «Wolfesfield» en souvenir du Vainqueur. Dans une ville ou tout se passe et se nomme en anglais le «Wolfesfield» sera pendant plus de 100 ans une caserne, un lieu d'entraînement pour l'armée anglaise. Le sentier de l'Anse au Foulon, et ses hauteurs, deviendront le «Wolfe Hill Cove».
On aménagera, plus tard, le terrain, on dessinera des rues, et un parc fédéral, en l'honneur de Georges VI, roi d'Angleterre. On élèvera aussi plusieurs monuments, dont la statue de Wolfe, qui prendra la forme d'un étendard, d'une grande relique, d'un lieu de pèlerinage. Un terrain clôturé sera aménagé autour de la statue du vainqueur, à l'endroit approximatif où il mourut. Sur ce grand lieu de pèlerinage, on aménagera, à côté du monument, un puits et une grosse roche, sur laquelle Wolfe aurait rendu son dernier soupir. L'armée et les descendants de Wolfe entretiendront religieusement les reliques du Conquistador, qui a atteint, en Angleterre, une reconnaissance aussi grande que les Malbrought, les Neilson et les Wellington.
Pour souligner la victoire colonialiste, une version biblique et mythique de la bataille de 1759 s'ancrera dans l'histoire : la Northern Amaggeddon, the Battle of the Plains of Abraham. Encore de nos jours, la Northern Amaggeddon résonne dans les livres d'histoire anglais. «The Plains of Abraham» s'ancrent dans l'histoire de la ville de Québec. Par la suite, l'appellation «Plains of Abraham» sera généralisée pour désigner l'ensemble des hauteurs de Québec. Elle sera aussi utilisée pour nommer les Battlefields, le Parc des Champs-de-Bataille, qui ne comprend aucune partie de l'ancien terrain d'Abraham Martin. Nous sommes donc très loin d'Abraham Martin, de ses chèvres, de son champ et aussi de... sa côte d'Abraham.
Pierre Lépine, Québec
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