Il y a nécessité d'un retour à l'essentiel

Lettre à un croyant Desjardins IIe

Il y a nécessité d'un retour à l'essence du coopératisme

Tribune libre

Bonjour cher croyant Desjardins,



Je me dois de revenir sur votre perception de l’oeuvre d’Alphonse Desjardins et son épouse, Dorimène; vous m’écriviez ceci le 15 décembre 2022 :



« Je suis favorable à la coopération comme levier économique des communautés locales et 


soutien aux familles. C’était la mission de Desjardins au départ. Effectivement, cette mission a été trahie par les successeurs. 


Comment redonner le sens de l’entraide communautaire à la clientèle qui était celle des caisses des origines, qui étaient les Canadiens français, victimes d’une discrimination économique qui avait fait d’eux une communauté de revenus modestes, pour ne pas dire de pauvres. Le mouvement Desjardins a accompli beaucoup dans cette voie, et il a grandement profité de la bienveillance des paroisses et des sous-sols d’église pour ce faire. » 



Je conçois très bien que les Desjardins aient voulu orchestrer un véritable levier économique aux Canadiens français aux prises avec une société qui n’arrivait pas à se moderniser comme le reste des citoyens anglophones de l’Amérique du Nord. 



Mais de là à penser qu’ils ont voulu redonner le sens de l’entraide communautaire, comme si le fait de faire affaire avec la Caisse populaire avait d’abord un sens caritatif, philanthropique, généreux envers toute la communauté, même celles et ceux qui ne croyaient pas en l’oeuvre coopérative du « Commandeur » et qui continuaient à faire leurs affaires bancaires avec les banques à charte fédérale. J’en demeure sceptique. 



J’ai un doute quant à cette orientation prioritaire d’Alphonse Desjardins du fait même des ristournes aux membres (individuelles et non pas collectives) selon l’utilisation qu’en ferait durant l’année financière chaque membre particulier. Je pense que Dorimène et Alphonse Desjardins étaient certes de bons catholiques pratiquants, mais ils savaient aussi que « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». 



Il faut se rappeler que pour être membre d’une Caisse populaire, chaque personne devait débourser en « Capital social » le fameux 5,00 $ qui pouvait représenter une somme plus ou moins importante au début du XXe siècle pour chacun des sociétaires; l’investissement de ce 5,00 $ devait rapporter au bout du compte à ceux-là même qui prenait le risque de perdre cet « investissement » au même titre que les capitalistes qui pouvaient investir dans du capital-action d’une entreprise quelconque pour espérer en retirer un profit. Desjardins ne parlait pas des profits de la Caisse, mais bel et bien des trop-perçus financiers, dans ce même esprit capitaliste qui, par l’esprit coopératif de son oeuvre bancaire différente, redonnerait le fruit financier de l’exploitation bancaire des sociétaires à ces sociétaires mêmes de la Caisse. Et non pas à la collectivité directement, mais à la collectivité indirectement. 



Je pose ainsi la question suivante à tous : 


croyez-vous que si Desjardins avait dit à ses contemporains : « Venez déposer vos économies difficilement épargnées à la Caisse populaire et nous redonnerons le RSI (Retour Sur Investissement, votre RSI) à la communauté, à votre paroisse, à votre village, à votre quartier de ville », croyez-vous, dis-je, que les Canadiens français auraient embarqués dans son aventure?



Il y avait des assemblées générales annuelles des membres pour décider du partage des trop-perçus et celui-ci se faisait entre les membres selon leur utilisation de leur coopérative. C’était là la promesse de départ d’Alphonse et de Dorimène Desjardins et c’est parce qu’ils ont tenu leur promesse du partage des trop-perçus avec les sociétaires (les « actionnaires » de la coopérative bancaire) (et non pas avec toute la communauté) que les Desjardins ont connu le succès de leur création coopérative. Il ne faut pas oublier non plus qu’une coopérative est une entreprise démocratique où doivent se décider entre les membres les questions plus spécifiques ou politiques quant à la direction de l’entreprise. 



Une coopérative, contrairement à ce qu’en ont fait Claude Béland et ses amis de Montréal le 4 décembre 1999, n’est pas une entreprise oligarchique ou communiste, où seulement quelques délégués (ou initiés) prennent les décisions fondamentales au nom de tous les investisseurs.



C’est ce que j’ai découvert avec la Caisse d’économie solidaire Desjardins (présidée par Gérald Larose jusqu’en 2020) laquelle remet la totalité du trop-perçu soutiré de l’exploitation de ses 21 000 membres, à seulement quelques « membres-entreprises » choisies par des employés de direction et deux membres du conseil d’administration. En 2021, c’est 1,6 M qui a été ainsi remis à 301 entreprises (dont le journal Le Devoir qui se proclame faussement 100 % indépendant) : ceci représente 1,4 % de tout le «  membership »! Je rappelle que la publicité de Desjardins dit qu’elle a remis des ristournes à 97 % de ses membres!



Il faut donc s’interroger à savoir si les ristournes collectives, les dons, les commandites, les subventions, les argents en provenance de différents fonds constitués pour toutes sortes de bonnes oeuvres, font aussi partie des « ristournes » à des personnes, « OUT » comme « IN », de la coopérative?



Les discours des dirigeants Desjardins sont aujourd’hui d’une telle grandeur d’âme envers le Québec qu’il faut se demander quand donc les sociétaires des Caisses (lesquelles se disent toujours « coopératives ») votent sur ces partages de leurs trop-perçus distribués à tout vent par la direction des Caisses. 



C’est exactement ce que je chercherai à connaître au printemps 2023 à ma Caisse d’économie solidaire Desjardins où j’ai réussi difficilement à devenir membre en avril 2022. On me dit que lors de l’assemblée générale annuelle, les membres votent pour donner au complet leurs ristournes personnelles à quelques « membres-entreprises » considérées « socialement responsables »  selon Gérald Larose qui m’a recommandé de lire l’histoire de cette Caisse en 2020 (ce que j’ai fait en partie). 


J’espère pouvoir participer en personne à cette assemblée générale si la direction de la Caisse ne m’exclut pas avant par ses règlements de régie interne 4.6 (saine conduite d’un membre) et 4.7 (réprimande, suspension, EXCLUSION), règlements implantés dans toutes les Caisses par Monique F. Leroux en 2010. Depuis 2011, j’ai été exclu 6 fois en 8 ans des Caisses où j’étais membre depuis des décennies pour avoir prononcé des « paroles offensantes » envers Desjardins et ses dirigeants! Ma faute : avoir posé des questions dérangeantes à mes dirigeants en assemblée générale annuelle. Exemple de questions dérangeantes : quelle est la rémunération de mes dirigeants? Elle était de 150. $/l’heure en 2015; depuis cette réponse obtenue du président de la Caisse Godefroy (Centre-du-Québec), il ne m’est plus possible d’obtenir l’heure juste sur cette rémunération : l’information est maintenant bien cachée.



L’altruisme a ses limites; même Mère Teresa sait ça! Et l’altruisme avec l’argent des autres a des limites très basses, plutôt parcimonieuses pour ne pas dire absolument inexistantes.



Pour faire la charité avec l’argent qui ne nous appartient pas, toute organisation doit obtenir l’assentiment officiel de ses membres (ses concitoyens) : assentiment officiel en ce sens que celui-ci est obtenu après délibérations et explications complètes et détaillées auprès des pourvoyeurs des fonds. Rien de moins. Si ce n’est pas ça, si c’est comme Desjardins se permet de le faire présentement et comme nous en sommes toutes et tous témoins, c’est un abus de pouvoir flagrant et dégradant, c’est un vrai vol, une défalcation au grand jour sous des représentations fallacieuses et des manoeuvres politiques faussement démocratiques auprès de pratiquement moins de 1 à 2 % des membres des Caisses (en assemblée générale annuelle), propriétaires de la coopérative financière. 


Desjardins n'est pas une entreprise de charité; Desjardins n'est pas un gouvernement régional qui distribue la récolte de ses taxes et impôts aux plus nécessiteux ou pour la collectivité.



Comme sociétaires des coopératives financières Desjardins, nous sommes endoctrinés à la bonté débordante de certains dirigeants « altruistes », lesquels, trop souvent, ont pris soin préalablement d’amplement se rémunérer avant d’être véritablement généreux envers tout le monde… toujours avec l’argent des membres!



Je n’ai pas la prétention de tout savoir, mais je pense que chercher à comprendre l’actuelle déviation des fondements mêmes du coopératisme d’antan doit s’expliquer. Pourquoi Desjardins est-il devenu comme un autre bras financier du Québec (comme Hydro-Québec et Loto-Québec) et non plus une coopérative au service prioritaire de ses membres?



N’hésitez pas à me relancer, car il m’apparaît prioritaire de clarifier les fondements du coopératisme et ce qu’en font actuellement (depuis les errements de Claude Béland) les dirigeants grassement rémunérés par cette institution devenue plus communiste et communo-capitaliste que réellement une coopérative, propriété de ses sociétaires.




Francois Champoux, Trois-Rivières




Réponse du croyant Desjardins II :



Bonjour M. Champoux, 



Merci pour votre nouveau courriel. Je suis allé voir votre Wordpress aussi. Votre maîtrise du sujet avec votre analyse et votre description de l’évolution et des enjeux est impressionnante. Peu de gens ont quelque chose à dire aujourd’hui sur le mouvement Desjardins qui dépasse les généralités, vous vous démarquez nettement, il me semble. Je vais prendre le temps de me familiariser un peu plus avec vos écrits avant de vous revenir. 



Bonne journée



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