Lionel Groulx et le Bonhomme-Sept-Heures

je récuse ces accusations vertueuses qui révèlent davantage la bêtise que la réflexion de leurs auteurs

Métro - Station Lionel-Groulx

Ainsi, selon [The Gazette du 6 mars->12220], Lionel Groulx, dans ses écrits, se
montrait ouvertement raciste. Diable! Le quotidien aurait-il engagé
Esther Delisle comme éditorialiste? La même accusation farfelue qui
constituait l'essentiel de sa thèse de doctorat à l'Université Laval, un
travail constitué d'enfilades de citations hors-contexte, un torchon dont
on ignore comment l'Université a pu croire respecter la
déontologie universitaire en l'acceptant.
Lionel Groulx, homme d'un autre siècle et prêtre qui, comme bien d'autres
ici, nés avant les années quarante, conservait encore la mentalité
cléricale catholique d'Ancien Régime, n'avait rien contre les juifs sinon
les préventions religieuses traditionnelles. Ce qu'il reprochait aux juifs
en tant que citoyens correspondait à ce qu'il reprochait aux
Anglo-Canadiens: il les voyait dans la même optique puisqu'ils étaient
pratiquement tous anglophones. En revanche, il louait leur solidarité
entre eux, sur les plans humain et économique, les proposant en exemple aux
Canadiens français. Pour le traiter d'antisémite, il faut ne l'avoir
jamais lu, faire abstraction du contexte de son époque, être de mauvaise
foi ou lessivé par la pensée correcte, ce qui est déjà arrivé à deux ou
trois de nos historiens.
On a aussi accusé Groulx de sympathies fascistes parce qu'il avait défendu
un temps le corporatisme politique de Salazar et admiré Mussolini. Encore
là, il faut se reporter à la mentalité catholique canadienne-française de
l'époque qui, sur le plan politique, retardait de plusieurs décennies, sans
compter qu'elle n'était pas familière de ce qui se passait hors du Québec,
partageait une vision sociale vénérant l'ordre strict et l'autorité et, en
général, n'avait même pas terminé le cours primaire. En un mot, son
attitude là-dessus relevait du traditionalisme, de l'ignorance et de la
naïveté. Règle générale, le clergé, malgré sa fréquentation du cours
classique mais aussi du séminaire, n'avait pas vraiment plus évolué,
politiquement, que ses ouailles. À l'école primaire (1949-1955), j'ai
connu des institutrices dans la force de l'âge qui partageaient encore
cette vision. Va-t-on accuser tous ces morts d'avoir été fascistes et
antisémites? Un anachronisme stupide qui accuserait notre propre
ignorance: on ne juge pas l'histoire avec les catégories mentales du
présent.
Que Papineau se soit, en son temps, élevé avec véhémence contre le droit
de vote des femmes — le droit de vote censitaire, de 1791 à 1840,
s'appliquait au Bas-Canada indifféremment du sexe, ce qui fut modifié à
l'Acte d'Union — le rend-il plus antipathique aujourd'hui, alors qu'il
pensait la même chose que la presque totalité des hommes d'alors? Ce genre
de jugement relèverait autant de l'anachronisme que celui des victimaires
imbéciles qui, en 1992, exigeaient que les descendants actuels des nations
colonisatrices demandent pardon des exactions que leurs ancêtres avaient
commises, du XVIe au XIXe siècle, en Amérique.
Personnellement, je n'ai jamais été groulxiste, mais je récuse ces
accusations vertueuses qui révèlent davantage la bêtise que la réflexion de
leurs auteurs, surtout lorsque leur métier leur suppose une instruction
certaine et au moins une certaine culture.
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mars 2008

    Je pense exactement la même chose que vous monsieur Poulin. Je me souviens très bien de mon grand père maternel qui haïssait les juifs parce qu'ils avaient crucifié Jésus, et qui haïssait profondément les anglais, parce qu'ils étaient protestants. So what?
    Aujourd'hui, bien qu'ayant été soumis à son influence bienfaisante à plusieurs égards, je ne déteste pas les juifs pas plus que je ne déteste les anglais.
    Quoiqu'il en soit la pensée de Groulx c'est une question de mentalité et d'époque. C'est ça la clé de l'interprétation des faits. Il est probable que si j'avais été adulte à cette époque j'aurais été en synthonie avec la mentalité du temps et cette façon de penser. J'aurais haï les juifs parce qu'ils ont crucifié Jésus, et j'aurais haï les anglais parce qu'ils étaient protestants. Est-ce qu'on va nous faire croire que le plan d'assimilation de Durham était une lettre d'amour envers les canadiens français ?
    Il me semble que le Québec et les québécois ont évolué. Mais régulièrement on nous ressort cette rengaine et je constate qu'il n'y a pas de réplique véritable pour remettre les choses en contexte, et mettre en lumière l'autre côté de la médaille, c'est-à-dire, l'attitude des canadians eux-même dont plusieurs exemples sont mentionnés par d'autres correspondants ici.
    Est-ce que vous ou Normand Lester peut-être finirez par produire une oeuvre éclairante à ce sujet. Un pavé dans la mare des certitudes des fédéralistes ne serait-ce pas merveilleux?
    Quoiqu'il en soit, Lionel Groulx demeure pour moi un phare par ses influences multiples et riches du cheminement du peuple québécois vers son autonomie pour ne pas dire sa libération.

  • Jacques Bergeron Répondre

    8 mars 2008

    Cher monsieur Poulin, il m'a fait plaisir de lire votre réponse à ce journal raciste. Les propos de ces gens correspondent exactement au comportement raciste de celui qui ne peut accepter qu'un peuple puisse vouloir se libérer de ses griffes. Celles et ceux qui ont vécu sous l'empire «colonial» de ce peuple «Anglo saxon raciste» dans quelque pays que ce soit, ont vécu les mêmes affres de ce peuple qui se prend pour le nombril et la «lumière» culturelle du monde, alors qu'il est en réalité, le destructeur par la pensée unique qu'il développe sous le couvert de l'ouverture des marchés,ouverture voulue par le monde capitaliste «anglo-saxon»,avec la complicité de tous les ti-Paul Desmarais de la terre. Avons-nous besoin d'exemples pour accompagner ce propos.Il n'y a qu'à voir ce qu'ils ont fait à notre peuple «Canadien-Français» tout au cours de notre histoire, en passant par leurs lois linguistiques, bien avant notre loi à numéro,le comportement de Adam Thom vis-avis nos frères,sans oublier bien sûr la pendaison des «Patriotes», dont nous avons fêté le triste anniversaire en février. Comment oublier leur comportemet indiqne d'un peuple supposé civilisé, aux Indes, en Afrique du Sud, en Rhodésie et dans d'autres pays africains.On pourrait continuer ainsi très longtemps en démontrant que les «Anglo-saxons», qu'ils soient des États-Unis, d'Angleterre, du Canada,d'Australie ou de la Nouvelle-Zélande, ont toujours eu les mêmes comportements hostiles vis-à-vis les gens qui ne sont pas issus de leur Grande Bretagne natale(petite quant à moi) ou de ses descendants. Lorsqu'ils se permettent de tronquer la vérité comme ils le font dans le cas de notre «Grand Historien national» en l'accusant de tous les maux, c'est pour mieux cacher le comportemet «honteux» d'un certain Mackenzie King,alors premier ministre du Canada qui «admirait Hitler» et qui ne s'en cachait pas. Comment peut-on oublier que cet individu a refusé d'accueillir près de 1000 «Juifs»(1,500 selon certains Historiens) envoyés par Hitler en Amérique du nord, pour s'en débarrasser, qu'un autre pays Anglo-saxon, les States en l'occurrence, a fait de même, alors qu'un certain Batista, président de Cuba et outil des Étatsuniens a aussi refusé d'accueillr ces Juifs qui ont terminé leur périple sur la terre dans les chambres à «gaz» allemandes, alors sous la coupe de Hitler, ami du «Premier» du Canada.Et ces gens ont le culot de dénigrer un «Homme» et un «Historien» de la qualité de Lionel Groulx. Comment pouvons-nous oublier que l'Angleterre et le Canada, sans oublier les États-Unis d'Amérique ont appuyé de toutes leurs forces (au pluriel,svp) le gouvernement de Vichy et de Pétain, qu'ils ont refusé pendant de nombreux mois (sinon plusieurs années)d'appuyer Charles de Gaulle, le libérateur de la France. Qu'ils ont oeuvré contre la France, en «Indochine», en «Afrique» et en pays «Arabes»,afin de la déposséder et de prendre la place de ce pays qui a vu naître nos ancêtres,alors que des millions de gens essayaient de libérer l'Europe et le monde de cet être ignoble, appelé Hitler, dont l'Allemagne ne doit pas être très fière, même s'il était Autrichien de naissance?Et ces gens osent attaquer le Grand Lionel Groulx? Quel front faut-il avoir?En terminant, alors que j'essaie d'oublier les millions de morts du Vietnam,d'Irak et d'ailleurs, par la grâce d'un pays Anglo-saxon, appelé les États-Unis d'Amérique, avec la complicité de l'Angleterre et du Canada, je ne peux oublier que le Canada anglais,avec l'aide de la Gazette, des journaux de ti-Paul Desmarais, du gouvernement d'Ottawa, alors dirigé par un certain Chrétien,peut-être aussi catholique,avec la complicité de nombreux esclaves Canadiens-français,les Stéphane Dion, Dennis Coderre, Pierre Pettigrew, (très petit Groulx celui-là)et les autres,sans oublier les scandales des commandites, que ce pays Anglo-saxon, a volé un pays à des millions de Québécois et au monde par le vol du référendum de 1995. Et c'est ce pays et ses gens qui se permettent d'accuser «Lionel Groulx» de tous les maux.Il faut vraiment avoir le culot d'un «Anglo-saxon» et le comportement d'un «propriétaire d'esclaves» pour user d'autant de racisme que les gens de la Gazette. Pauvres «anglophones» qui n'ont que ce journal pour les représenter!On comprend dès lors pourquoi ils essaient de toute leur force, en utilisant toutes les méthodes,avec la complicité de «leur cour suprême» et de certains Canadiens-français québécois fédéralistes «avilis» et anti indépendantistes, de faire «disparaître» notre loi à numéro, appelée aussi loi #101, et sa sous-loi #104, ou ce qu'il en reste, avec la secrère ambition d'éliminer toute trace de notre peuple en Canada et en terre de l' Amérique du nord qu'ils veulent, depuis toujours,voir devenir «anglo-saxonne». Pendant ce temps, certains indépendantistes se battent entre eux, en créant de nouveaux partis politiques qui ne peuvent que ralentir la libération de notre peuple! Qu'est-ce que la liberté demandait un élève à son maître «Philosophe»? Demande-le à l'esclave affranchi il saura te répondre. Bon dimanche.

  • Fernand Lachaine Répondre

    7 mars 2008

    Monsieur Poulin,
    Venant de The Gazette ce n'est pas surprenant. Ce n'est pas la première fois et ni la dernière. Ce que je déplore c'est le manque de réplique ou la faiblesse de réplique face à ces attaques. Ce journal est anti-nation québécoise depuis sa fondation.
    Il faut par contre rappeler que pendant que le chanoine Groulx exprimaient des idées qui n'étaient pas plus fascistes que d'autres (autrement les anglais l'aurait fait arrêter), en Ontario, certains commerces affichaient des pancartes " Jews and Dogs not allowed".`¸Ca The Gazette reste muette sur cette haine des juifs chez nos voisins. C'est vrai qu'il est toujours plus facile d'attaquer un peuple qui ne se défend pas. Et quand un peuple ne se défend pas ça encourage les fanatiques à frapper dur.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2008

    Et vlan!
    Ce n'est pas surprenant venant de La Gazette. Elle a toujours été maladivement anti francophone. C'est curieux parce que son nom même est français: ''Gazette'' de l'italien gazetta, écrit périodique donnant des nouvelles politiques, littéraires, artistiques.
    Il ne faut pas oublier que la Gazette, à une certaine époque, invitait les anglophones à s'armer pour nous descendre. Très sumpathique n'est-ce pas. À quoi d'autre peut-on s'attendre maintenant?.
    Ivan Parent